mercredi 13 février 2008 par Notre Voie

Certains partis ivoiriens de l'opposition, notamment le PDCI et le RDR, tentent de faire prospérer l'idée d'une élection présidentielle sans désarmement en Côte d'Ivoire. Une telle approche ne manque pas d'étonner mais est surtout inquiétante au regard des effets dévastateurs qu'un tel choix a engendré en Afrique et ailleurs dans le monde.
Des pays ont expérimenté les affres de la guerre et les crises qu'elle induit. Deux exemples (celui de la RDC et de l'Irak) montrent que ce choix d'organiser des élections pendant que sur le territoire des hommes sont encore illégalement en possession d'armes de guerre est dangereux.

RDC, pays des
Seigneurs de guerre

La troisième république de la République démocratique du Congo (RDC) est née dans la douleur. Celle-ci ne s'est d'ailleurs pas encore estompée à l'heure actuelle. Cette troisième république est survenue après cinq années de guerre civile (1998-2003), après le règne de feu Mobutu Sesse Seko, deuxième président de la RDC (ce pays s'appelait à l'époque le zaïre). J oseph Kabila, qui succède à son père Laurent Désiré Kabila, permet l'organisation des élections présidentielles en 2006.
33 candidats sont lice notamment Azarias Ruberwa, chef de l'ex- rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) soutenu par le Rwanda, Jean-Pierre Bemba, chef de l'ex-rébellion du Mouvement de libération du Congo (MLC) soutenu par l'Ouganda, et Arthur Zahidi Ngoma, dirigeant d'un parti d'opposition et Joseph Kabila lui-même. Cette élection constitue la première démocratique en RDC depuis 45 ans.
Elle se tient alors que des Seigneurs de guerre, à l'image de Jean Pierre Bemba, gardent leurs troupes qui détiennent toujours des armes et qui sont commises à la sécurité et à d'autres tâches au profit de leurs leaders. En outre, d'autres régions du vaste territoire que représente l'ex-Zaïre ne sont pas totalement pacifiés. Surtout la région du Kivu où des Congolais d'origine rwandaise se plaignent d'être mis à l'écart de la république. L'élection présidentielle d'août et octobre 2006 se déroul donc dans un contexte particulier. Puisque tous les groupes armés n'ont pas été désarmés. Et les conséquences d'une telle démarche se constatent dès la proclamation des résultats.
Le président sortant Joseph Kabila est déclaré vainqueur au second tour par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 58,05% des voix contre 41,95% à son adversaire, l'ex-rebelle Jean Pierre Bemba.
Le 20 août, alors que les résultats du premier tour commençaient à peine à tomber, les fidèles de Bemba et l'armée régulière s'affrontent à l'arme lourde dans Kinshasa, faisant officiellement 23 morts. La confrontation tourne à l'avantage, en définitive, du président élu et Bemba est obligé de s'exiler en Europe après d'intenses pourparlers entre le pouvoir et des médiateurs de la communauté internationale. Et ce n'est pas tout. Le président Joseph Kabila fait face, depuis sa réélection, à une rébellion dans l'est de son pays, dans le kivu.
C'est une rébellion, conséquence du non désarmement de tous les ex-combattants, conduite par Laurent Nkunda. Le Kivu est soumis à de violents affrontements entre armée régulière, désireuse de faire respecter les lois républicaines et les troupes de Laurent Nkunda. 20.000 Congolais ont fui, selon certaines sources, leurs domiciles en direction de l'Ouganda. En dépit de la signature d'un cessez-le-feu signé le 23 janvier dernier entre le gouvernement congolais et la rébellion du Kivu, le calme n'est pas encore revenu dans cette partie de la RDC.

L'Irak, la poudrière

L'Irak, sous occupation américaine depuis mars 2003 et contrôlé en partie par des bandes armées islamistes, organise des élections le 30 janvier 2005 qui ont pour objectif d'élire les 275 membres de l'Assemblée nationale irakienne qui, elle-même, doit nommer l'exécutif (le Président, le Premier ministre et le gouvernement).
En dépit de la menace des groupes armés sur le terrain, les Etats-Unis autorisent l'organisation des élections en Irak. Ce scrutin de l'après-Saddam Hussein se déroule dans une atmosphère de tension. Certaines communautés, précisément les sunnites (pro Saddam) appellent au boycott et à l'insurrection.
Elles contestent la légitimité du scrutin.
Le jour des élections les bureaux de vote ainsi que les électeurs sont pris pour cible. 37 personnes sont ainsi assassinées au cours de ce scrutin.
Les élections ont eu lieu et 59% des 14 millions d'électeurs ont pris part au vote.
Un nouveau conseil présidentiel et un premier ministre irakien ont été désignés en avril 2006 mais les violences n'ont pas cessé pour autant. L'Irak est encore secoué par la violence et les Etats-Unis qui ont envahi ce pays depuis près de cinq ans ont perdu près de trois mille soldats dans des attentats à la bombe.

Serge Armand Didi sardidi@yahoo.fr

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