mardi 12 février 2008 par Le Patriote

A Bouaflé, le 3e vice-président du parti au pouvoir a encouragé les nouveaux militants de son parti. Il a aussi saisi cette tribune pour fustiger, encore, le comportement du gouvernement français en Afrique qui ne laisse pas, selon lui, les chefs d'Etat africains travailler tranquillement. Lire son discours intégral.

Ces jeunes ici, sont venus, preuve à l'appui, ils étaient des militants du RDR. C'est vous qu'ils sont allés voir pour dire qu'ils ont décidé pour différentes raisons qu'ils ont données ici, de rejoindre le FPI. Ils sont allés voir Kouassy Oussou pour dire qu'ils voulaient que je sois leur parrain. Maintenant, la balle est dans votre camp. Ce sont des camardes, ce sont des militants, ce sont des citoyens que vous avez. C'est à vous, maintenant de courir vers eux. Le meeting d'aujourd'hui n'est que le début d'un long processus. C'est à vous d'aller les voir, de les organiser en comités de base, d'organiser les séances de formation, de les intégrer, de les prendre en charge, de faire en sorte que ce qu'ils ont reproché au RDR et qui a fait qu'ils sont partis ne survienne pas pour qu'ils nous reprochent à nous aussi un jour, quelque chose et qu'ils s'en aillent. C'est en tant que parrain de toutes ces personnes, et en tant que vice-président du FPI, le message que le président Affi N'guessan m'a demandé de vous transmettre en public. Il vous confie toutes ces militantes, tous ces militants. Il vous demande de ne pas les négliger. Il vous demande de ne pas les ignorer. Ils ne vous demandent pas de leur donner de l'argent au quotidien, ce n'est pas de l'argent qu'il faut, la preuve, vous ne leur avez rien donné quand ils sont allés vous voir. Ce qu'il faut, c'est la sympathie, c'est la camaraderie, c'est la présence, c'est l'encadrement et être proche d'eux, les écouter. On ne vous demande pas de résoudre tous leurs problèmes, mais au moins de savoir qu'ils sont là, qu'ils ont des problèmes et puis de les intégrer dans le circuit de formation, dans le circuit du militantisme du FPI, pour en faire de vrais militants que vous allez envoyer ensuite dans les villages du département de Bouaflé avec les autres militants du FPI. Vous le Fédéral, c'est votre principale tâche. Vous le président du Conseil général, c'est vous qui devez soutenir Kouassy Oussou. A toi Kouassy Oussou, en tant que cadre du FPI, et haut responsable de l'Etat, c'est à toi de tenir. () Ils ont témoigné, mais c'est d'être encore plus présent pour leur expliquer ce que sait que le FPI, comment il fonctionne. Leur dire que nous ne sommes pas un club de soutien, mais un parti politique. Leur dire quelles sont nos méthodes et puis en faire de véritables militants. Ici, si les choses se sont passées comme ça à Bouaflé, il y a des gens de Bouaflé qui ont des parents à Tengréla, à Bouna, à Bondoukou, à Man, à Mankono; il faut maintenant vous appuyer sur eux. Ceux qui ont les parents quelque part, les envoyer pour qu'ils aillent encore travailler et grossir les rangs du Parti. Voilà ce que je voulais vous dire en public.
Quand je venais ici, on m'a dit que c'était une ville difficile. Mais quand on a fait Anyama, Abobo, les villes difficiles de Côte d'Ivoire sont rares. Peut-être Bouaké, mais Bouaké n'est pas encore une ville. Quand une ville est occupée, on ne peut pas dire que c'est une ville. Bouaké est un camp de concentration aux mains des rebelles. Il faut attendre d'abord que nous en finissions avec, avant de passer à d'autres considérations. Toute la zone du nord, d'ailleurs, vous avez les parents là-bas, vous avez les amis là-bas, vous savez très bien qu'ils ne vivent pas bien là-bas comme nous vivons ici. Ce que vous avez fait ce matin, il faut faire en sorte que ça continue. Vous savez, on s'est levé un matin entre nous ici en Côte d'Ivoire et puis on s'est jeté les uns sur les autres pour nous faire une guerre bête, méchante, barbare, inutile et inefficace et ça nous a tous appauvris en même temps. Tous ceux qui disaient avant qu'on ne voulait pas d'Ivoiriens à deux camps. Il y a des Ivoiriens à premier niveau et ceux de seconde classe. C'est ce qu'ils disaient avant et c'est pour ça que les armes se sont imposées à eux. Aujourd'hui là, on a encore des Ivoiriens de première classe et des Ivoiriens de seconde classe. Les Ivoiriens qui sont au sud ici, sont des ivoiriens de première classe. Nous sommes libres, nous faisons ce que nous voulons ; les Ivoiriens qui sont dans des zones occupées, sont des Ivoiriens de seconde classe. Ils n'ont pas les mêmes droits que nous. Ils n'ont pas droit à l'école, à la santé, à l'eau potable, à l'électricité. Ils n'ont pas droit au minimum qu'il faut pour donner la dignité à un Homme. Comment peut-on dire que, pour justifier une guerre, on se bat pour que tous les Ivoiriens soient égaux et puis une fois qu'on a commencé sa bataille, on fait une classification, on loge les Ivoiriens de seconde classe qu'on prend en otage et à côté, ils viennent vivre avec les Ivoiriens de première classe et on se proclame être démocrate. C'est inacceptable. Il fallait le dire et je l'ai dit. Si vous sortez du PDCI, du RDR, ne restez pas là, allez dire aux autres qui sont encore dedans, les gars si vous continuez de rester dedans, vous allez davantage appauvrir ce pays. Il faut sortir de tous ces partis qui n'ont d'autres programmes que de céder la destinée de la Côte d'Ivoire à la France. Il faut sortir de ces partis et vous engager sur la voie qui permet d'affirmer notre dignité, notre liberté. Vous nous voyez en costume, comme présidents mais nous avons les pieds et mains enchaînés. Je ne peux pas tout faire. Et c'est valable pour tous les Présidents africains. Ils sont Présidents, mais ils ne peuvent pas tout faire. Il y a certaines choses que pour faire, il faut qu'ils demandent d'abord à Paris. Si Paris dit je ne veux pas, on ne fait pas. Si tu veux faire, on te saute du pouvoir. Vous là, vous servez à quoi alors ? C'est ce qui se passe au Niger ou le Président Tandja a voulu voir clair dans l'exploitation de l'uranium de son pays. Ils ont créé une rébellion avec les Touareg. Idriss Déby paye aujourd'hui parce qu'il a jugé les Français dans l'affaire de l'Arche de Zoé et en Côte d'ivoire, ils ont voulu renverser Gbagbo à cause des contrats de la CIE, de l'eau, du port et de la télécommunication. Ce n'est pas possible, nous sommes des hommes, nous avons des droits. Regardez le ministre d'Etat Bohoun qui est là. On voulait le nommer Gouverneur de la Banque centrale à Dakar. Si c'était entre nous les Africains, il serait Gouverneur, mais on dit que ce sont les Français qui ne veulent pas de lui. Les Français ont quoi à avoir dans notre Banque centrale? Ont posé la question, certaines personnes. Mais c'est pour eux la Banque, pour ceux qui ne le savent pas. Ils ont peur de Bohoun Bouabré. Oui, parce qu'ils disent que les gens d'Abidjan avec leur théorie bizarre d'économie, ils vont venir tout chambouler à la BCEAO. Ils ne perdent rien pour attendre. On ne peut pas continuer avec un franc CFA surévalué qui nous appauvrit. On a une monnaie digne de l'Allemagne d'aujourd'hui, alors que nous sommes une économie pauvre d'Afrique. Une industrie qui doit emprunter de l'argent à la banque pour investir, les banquiers lui demandent à Abidjan, 14 à 15%. Quand les mêmes entrepreneurs français vont à la banque pour chercher de l'argent, on leur demande 3 à 4 %. Comment ici, vous allez prendre crédit à 15 % et construire des usines, embaucher des jeunes pour travailler et avoir des bénéfices avec ces 15 % ? Quand on ouvre son compte là-bas, ils sont les premiers à dire, ce sont des folies, ils ont ouvert des comptes en Europe. Il faut qu'on sache ce qu'on veut. Notre franc CFA, il faut qu'on en finisse avec. Ça peut être dur, mais le Ghana a sa monnaie, le Nigeria, la Guinée, le Liberia, etc. ont leurs monnaies. Les mêmes écoles qui ont formé leurs cadres pour créer leur monnaie, nous avons aussi ici, les mêmes compétences. Mais nous là, on dit non, la France dit qu'elle ne veut pas. Il faut qu'on arrête de dire qu'est-ce que la France veut, avant qu'on fasse. On est des gens, on est des responsables, on est un pays, il faut qu'on s'assume entièrement. Le gouvernement français n'a qu'à gérer la France, c'est son droit et puis ils n'ont qu'à nous laisser gérer notre continent. C'est tout.
La période coloniale d'esclavage, c'est fini ! On ne va pas leur demander des comptes immédiatement, mais ce serait bien aujourd'hui qu'on nous dise, Messieurs les ministres d'Etat qu'on fasse l'audit du compte d'opération. Depuis 1960, il y a combien de francs, on a eu combien et à quel taux d'intérêt sommes-nous ? Il faut qu'on fasse l'audit de la coopération monétaire, de la coopération économique. Mais si on est en guerre comme ça là, on ne peut pas s'asseoir et penser à ça. Il y a un qui dit, on veut l'audit et l'autre passe pour dire moi, je ne veux pas de l'audit si vous me donnez le pouvoir, vous faites ce que vous voulez en Afrique. En Europe, ils sont solidaires, lorsqu'un pays vous dit non, l'autre pays ne va pas accepter. Avec cette guerre, je suis allé voir les Allemands pour dire de nous aider contre les Français, ils ont dit non. Les Belges, les Italiens, les Américains, pareils. Mais si c'est en Afrique, nous sommes prêts à vendre nos parents. Les gens qui sont bien, ne vendent pas quelqu'un. Vendre l'homme, c'est interdit moralement. Et pourtant, leurs Parlements ont voté des lois pour nous vendre. C'est aujourd'hui qu'ils savent qu'il y a des droits de l'homme. On dirait qu'avant nous n'étions pas des hommes?.
(source : le temps)

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