jeudi 7 février 2008 par Nuit & Jour

Crescendo, la sempiternelle affaire de coup d`Etat manqué du célèbre Sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit ``IB`` dévoile ses aspects les plus confidentiels. Une source proche de Major, apparemment au parfum de tous ses faits et gestes s`est confiée à nous la main sur le c?ur. Révélations ? Confessions ? Peut-être les deux.

Si les vocables commencent à faire défaut pour désigner le Sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit ``IB`` auprès de la classe politique composée de Soro, Gbagbo et Compaoré, l`on peut tout à l`aise l`identifier comme étant un ``colis encombrant``. Le terme est même souple, d`autant plus que les principaux signataires de l`Accord de Ouagadougou appuyés par le facilitateur du dialogue direct rivalisent sans relâche d`ardeur dans les recherches de solutions idoines pour régler de manière définitive le cas de Major. Selon un proche de l`ex-Sergent-chef, le Premier ministre, ne serait pas allé avec le dos de la cuillère pour sortir sa formule.

Ce que Soro veut pour IB
Pour Guillaume Soro Kigbafori, la solution miracle consiste à réduire au maximum les activités de IB. Et à la limite, à lui réserver le sort de Fodé Sankoh du nom de l`ex-chef rebelle centrafricain tué froidement un matin par des personnes jusque-là non identifiées. L`enfant de Niarafolo le veut ainsi parce que Major lui-même lui voue une animosité criarde, qu`il a voulu matérialiser le 27 décembre dernier avec un cadeau empoisonné baptisé ``Noël à Abidjan``. A cause surtout de cette récente tentative de coup d`Etat de l`ex-Sergent-chef, le Secrétaire général des Forces Nouvelles, tient plus que jamais à atteindre ses objectifs. Mais au cas où un refroidissement sec de IB est difficile à mettre à exécution, l`autre solution consisterait à le capturer pour le remettre aux autorités d`Abidjan. Cela aussi constituera une victoire pour le patron des Forces Nouvelles. Car en son sens, cette arrestation briserait net le mythe IB au regard des troupes du nord du pays. Pour Major lui-même, sa mise aux arrêts par les autorités d`Abidjan serait synonyme d`une humiliation sans limite, pis, d`une perfidie. Surtout que c`est une administration ivoirienne, agissant sous l`autorité de Soro. Son ``filston Soro`` qui le juge. Trois fois perfidie !

Ce que Gbagbo veut pour IB
Pour Laurent Gbagbo, l`affaire IB se résoudrait mieux par la combinaison des deux justices française et ivoirienne. Mieux, selon notre source, le chef de l`Etat souhaite que Major soit aussi capturé, mais transféré en France pour y être jugé et y purger sa peine. Pour le chef de l`Exécutif ivoirien, cela doit être ainsi parce que d`un, les charges de la justice française sont plus anciennes que le dernier acte en date posé par l`ex-Sergent-chef. De deux, cela n`écornerait pas son image au regard des partisans de IB. Lesquels ne soutiendront pas non plus qu`ils ont été abandonnés par lui surtout qu`il a eu l`élégance en son temps, de retirer sa plainte contre son ``jeune frère``. De trois, Laurent Gbagbo ne veut pas en rajouter au climat déjà délétère de la Côte d`Ivoire, avec soit une garde à vue de IB, soit une incarcération ou un simple jugement. Point n`est donc question d`ouvrir une brèche pour déclencher des passions qui pourraient tourner au vinaigre. Enfin, en quatrième lieu, le ``Woody de Mama`` n`entend pas jouer les arbitres, disons qu`il n`entend pas s`impliquer dans une affaire entre des frères d`armes qui ont, il ne faut pas l`oublier, mis son régime à mal. Gbagbo souhaite donc que Soro et IB règlent leur différend sans l`y mêler. L`essentiel étant pour lui de rester vigilant.

Ce que Compaoré veut pour IB
Pour Ouagadougou, IB n`a pas la langue dans la poche. Il parle trop. Et il a déjà trop parlé. Le Burkina Faso le trouve même aussi encombrant que Charles Taylor l`était. De plus, Blaise Compaoré n`entend pas laisser un soldat déserteur venir compliquer l`avancée d`une diplomatie sous-régionale qui porte des fruits et qui confère par extension au Burkina Faso, la carrure d`une nation qui règle des conflits. Et les règle bien. Des actions qui font du pays des hommes intègres, une destination, désormais prisée. Cependant, le facilitateur du dialogue ne voudrait pas s`illustrer par des actes qui pourraient le rendre complice de Guillaume Soro ou susciter de la suspicion dans ce sens. Il ne veut pas non plus faillir à son rôle de ``gardien`` de l`Accord de paix inter-ivoirien de Ouagadougou. En définitive, pour lui, à l`instar de Laurent Gbagbo, la justice doit se saisir de ce dossier pour infliger sans état d`âme, une forte sanction au putschiste qui le fera taire à jamais. Cela lui donnerait peu de temps de songer aux ``coups fourrés`` de tous genres, que de sortir des grappins de la justice. Telle est donc aux dires de ce proche du Sergent-chef, la conception actuelle des trois personnalités garantes de l`Accord de Ouagadougou sur Ibrahim Coulibaly dit IB.

Où est passée la vertu du pardon ?

Il faut le dire sans fausse honte. Cette affaire IB n`a que trop duré. Tantôt elle revêt des allures de conciliation en gestation, tantôt elle prend des apparats de vives tensions et d`excitation, lorsque ce ne sont pas les kalachnikovs et autres explosifs, qui envahissent la scène pour livrer leur concert de chants funestes. Et chaque fois, ce sont des grappes d`âmes qui vont ``ad patres``. Laissant derrière elles progénitures et compagnes en larmes. Mais quand est-ce, la guerre des chefs qui implique finalement toute la terre d`Eburnie va-t-elle connaître une borne ? Pour tout le mal fait depuis cinq ans, au Sud comme au Nord de ce pays, les ivoiriens se sont mutuellement pardonnés. L`exemple patent est celui du chef de l`Etat et du Premier ministre. Ennemis jurés d`hier, ils filent aujourd`hui une idylle qui peut faire pâlir de jalousie ``Roméo et Juliette``. Au-delà de l`humour, ils ont donné une belle leçon de pardon mutuelle aux ivoiriens. Laurent Gbagbo, tirant son inspiration d`une essence dont lui seul connaît la source, a tendu la main à son ``jeune frère`` Guillaume Soro. Ce dernier également, mu par une sagesse dont lui seul détient le secret de la naissance, a saisi la main tendue de son ``aîné``. Alors que par prudence, chacun d`eux s`est rendu au pays des hommes intègres chez le facilitateur en tenant bien caché dans la main gauche et dans le dos un dague, ils ont fini par laisser tomber toutes leurs armes et s`embrasser. Cela n`a guerre autre nom que l`expression de la vertu du pardon. Cette vertu cardinale a même gagné le peuple de l`Ouest de la Côte d`Ivoire qui a subi plus que tout, les affres immondes et révoltantes de la guerre. La Côte d`Ivoire tout entière attend donc en ce moment que les vertus du pardon et de la tolérance animent une fois de plus le Secrétaire général des Forces Nouvelles en ce qui concerne son ``frère et ami`` IB. Soro doit se contraindre à tendre la main à Major. Même si cela paraît être ``une hérésie``. Ou même si l`affaire est aux mains de la justice. Engagé dans le processus de paix, le Premier ministre qu`il est, qui donne satisfaction déjà, doit étancher davantage la soif de paix, de sérénité et d`amour réciproque des citoyens ivoiriens en appelant IB à ses côtés. La Côte d`Ivoire, disons le monde entier, applaudirait cet acte à tout rompre. Dans les quatre points cardinaux du globe, l`acte entrera dans l`histoire, comme la main tendue par Gbagbo acceptée par Soro est elle aussi déjà inscrite dans les annales de l`histoire. Le Major pour sa part, plutôt que d`être arc-bouté à l`idée de vengeance, gagnerait selon les ivoiriens, à fléchir sa position pour rechercher un rapprochement d`avec son ``petit``. L`orgueil, la suffisance, et le refus d`une supposée humiliation devraient s`éclipser au profit de la fierté, de la confiance en soi et d`une volonté de collaborer. IB, ministre dans le gouvernement de Soro, pourquoi pas ? D`autant plus que, dit-on, la nature a ses raisons que la raison humaine ignore. Tout ceci est encore réalisable pourvu que les deux héros s`arment de courage et fassent abstraction de la complexité.
(par Adolphe Kouilahan)

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023