jeudi 7 février 2008 par Le Temps

Par le passé, l'opposition civile (PDCI-RDA?) bandait les muscles pour peu. On est aujourd'hui surpris que les partisans de la rigueur de la loi se lâchent. Au point de revendiquer des élections sans désarmement. Le piège est trop gros. Et pour cause! Ce n`est pas que simple parole en l`air : " Il faut organiser en Côte d`Ivoire, l`élection présidentielle, même sans que le désarmement des ex- rebelles n`ait été opéré ". Le disant, Henri Konan Bédié, l`ancien chef de l`Etat déposé en décembre 1999 par la junte militaire, a en tête, une curieuse idée. Que partage d`ailleurs celui qui a qualifié le putsch dont il a été victime, de " révolution des oeillets ". A preuve, Alassane Dramane Ouattara lui a apporté récemment sa caution en enfonçant une porte déjà ouverte : " Il faut aller cette année aux élections même si le pays ne recouvre pas sa normalité ". La complicité entre ses deux ex-ennemis devenus depuis le coup d`Etat manqué de septembre 2002, des amis, unis par le pacte du sang houphouétiste scellé en France (NDLR : naissance du Rhdp) cache bien quelque chose de pas clair. Et ça, les porte-voix des leaders de l`opposition se sont laissés trahir par leurs écrits, ô combien révélateurs: " notre pays court le risque d`être gagné par le syndrome Kenyan ", peut-on lire ici et là. Faisant fi du contexte, pourtant différent, ces griots assermentés s`obligent à des comparaisons pas évidentes. Ainsi, sans sourire, ils trouvent des ressemblances ou des points communs entre, la situation politique en Côte d`Ivoire marquée par la normalisation avec l`accord de paix de Ouaga, le recours à l`Onu pour la certification de l`opération électorale et de bien de recours consensuels, à celle, calamiteuse au Kenya. Où, à la suite d`élection présidentielle dont les résultats ne sont pas reconnus par l`opposition, on assiste depuis lors, à une flambée de violence entre d`une part, les partisans des candidats et d`autre part, entre communautés ethniques. La Côte d`Ivoire, à leurs yeux, n`échappera pas à ce sort parce qu`ils sont convaincus d`avoir une majorité (seulement mécanique). Qu`importe, même si le terrain, sont défavorables. Grâce aux médias et aux nouvelles technologies, l`opposition ivoirienne n`hésitera pas à s`autoproclamée vainqueur de l`élection présidentielle. Ce serait pour elle un moindre mal que d`accuser le parti au pouvoir de tricherie. De velléité de maintien au pouvoir d`Etat, par la fraude.

L`entrée en scène des ex-rebelles

Au sortir du dernier congrès du Rdr, le mentor de ce parti a, à dessein, fait les yeux doux aux hommes de l`ex-chef rebelle, Guillaume Soro. En les invitant à regagner la " case ". Confirmant par-là même, la paternité de la rébellion comme n`ont cessé de le dire, ses grenadiers voltigeurs en armes que sont, Koné Messemba, Koné Zakaria, etc. Cette sollicitation obéit à une double logique. D`abord, reconquérir les espaces Cno, les anciennes bases du Rdr, aujourd`hui aux mains des ex-rebelles qualifiés par les lampistes d`Ado de " ceux qui sont sortis de notre pipi ". Ensuite, s`appuyer sur les ex-rebelles, toujours en armes, pour confisquer les vrais résultats des scrutins qui se seraient déroulés dans des zones où l`autorité de l`Etat n`existe pas. Quel scrutateur oserait jouer les martyrs, l`arme à la tempe ? Qui oserait défier un ex-rebelle, à la gâchette facile ? Quand celui-ci bloque les résultats ou s`entête à faire proclamer ceux (illégaux) qui arrangent ses parrains ? Organiser l`élection présidentielle sans désarmement signifie donc, donner le pouvoir à une opposition sans combattre. Ce ne serait pas là, l'alternance démocratique tant souhaitée par les urnes. Mais plutôt un hold-up favorisé par le camp présidentiel qui aura eu à valider, l`énormité qui consiste à aller aux élections alors que les dés sont déjà pipés par des adversaires sans foi ni loi. Sans état d`âme. Alors que dans le camp du Premier ministre, on sursure à l`oreille des alliés qu`on est attaqué par un camarade rebelle, en l`occurrence IB, qui mène un combat pour le leaderschip au sein de l`ex-rébellion, on n`hésite pas à faire entendre un autre son de cloche, auprès des responsables onusiens : " IB met à mal le processus de paix de Ouaga ". Autrement dit, si le chef de la rébellion, chef du gouvernement, n`arrive pas à regrouper ses bandes armées, s`il ne les maîtrise pas, si ces dernières continuent d`être en armes, c`est de la faute aux autres. Notamment IB ou la communauté internationale qui ne financerait pas la sortie de crise, etc. Alors que le chef du gouvernement est incapable de situer le peuple sur l`utilisation faite des milliards destinés au regroupement, au cantonnement des forces dites nouvelles. Préférant radoter ce genre de discours surréaliste et ankylosant dont la finalité est de donner raison au couple Bédié-Ado. A la joie des réseaux françafricains occultes, déjà en alerte maxi pour l`élection présidentielle de leur candidat.

Douh-L.Patrice
pdouh@yahoo.fr

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