mercredi 6 février 2008 par Fraternité Matin

Pour se venger de la féticheuse, réputée traqueuse de sorciers et qui les empêchent de se livrer à leurs activités lugubres, Adiko Yanson, 65 ans et Abé Kouamin Marguerite 60 ans, deux redoutables sorcières, ont uni leurs forces pour " manger " la fille de celle-ci. Dénoncées par Sera Gnancon Henriette, 35 ans, la défunte elle-même, les deux sorcières viennent d'être condamnées à deux mois d'emprisonnement ferme par le tribunal des flagrants délits d'Abidjan pour pratiques de sorcellerie. Les faits se passent dans le village de Mopodji, modeste village de la sous-préfecture d'Alépé. Tombée subitement malade le 28 décembre dernier, Sera Gnancon Henriette, qui se trouve être la fille de la vieille Kousso, féticheuse et traqueuse de sorciers du village, est morte le lendemain, d'une maladie inconnue de la médecine moderne. Mais avant de rendre l'âme, la jeune femme, comme pour exprimer sa dernière volonté, a fait appel au représentant du chef du village et à d'autres villageois à qui elle a cité les personnes qui seraient à la base de sa mort, si elle venait à mourir. Il s'agit des vieilles femmes précitées et de deux jeunes gens que le tribunal, à la lumière des débats, a mis hors de cause. Avant d'en arriver au niveau de la justice, les sorcières Adiko Yanson et Abé Kouamin Marguerite, interrogées sous l'arbre à palabres dans le village sur les raisons de leur acte, ont avoué ce qui suit : "Comme Kousso, la mère de la défunte, se mêle de nos affaires et empêche tous les sorciers de faire ce qu'ils ont envie de faire, tous les autres sorciers de la région nous ont demandé de l'attaquer elle-même. Nous croyons qu'il n'y a pas meilleure façon de lui prouver que nous sommes les plus fortes en tuant sa fille sans qu'elle n'y comprenne quelque chose. " Et comme pour attester de leur culpabilité, les deux vieilles sorcières n'ont pas hésité à payer l'amende fixé et les frais générés par les funérailles de leur victime. C'est en voulant les mettre sous la protection des gendarmes d'Alépé que, sans le vouloir, les parents des deux sorcières ont enclenché l'action publique contre elles. C'est que, révoltés par la révélation faite par la défunte, les jeunes du village menaçaient les auteurs de la mort de Henriette. Les gendarmes qui ont donc invité le président des jeunes à s'expliquer à la Brigade, ont fini par comprendre que les personnes à poursuivre étaient plutôt les plaignants.

Landry Kohon

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