samedi 2 février 2008 par Le Nouveau Réveil

Ce n'est point faire un vilain procès ou encore moins exagérer de dire que le PDCI-RDA vient de perdre la face dans une affaire où il était si près d'en ressortir la tête haute, surtout après la récente réunion du CPC à Ouagadougou. Des initiatives personnelles non concertées ont malheureusement laissé éclore au sein de l'opinion, dans l'affaire KKB, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, le sentiment que le PDCI-RDA aurait demandé pardon et plaidé par l'entremise de Me Séry Kossougro pour un règlement amiable du litige. On a même fait croire que les poursuites contre le président de la JPDCI avaient été levées suite à une entente avec le procureur de la République. Information relayée par "Le Nouveau Réveil" qui a du coup brisé l'extraordinaire élan de solidarité autour de Kouadio Konan Bertin. Et pourtant hier, au tribunal correctionnel d'Abidjan, l'affaire KKB a été appelée Et il n'y avait ni KKB ni "Le Nouveau Réveil" à la barre pour répondre à la citation directe qui leur a été servie. Tout cela fait un peu désordre et n'eût été la bonne compréhension des juges, d'autres procédures plus musclées auraient pu être enclenchées contre ces "prévenus" cités à comparaître personnellement devant la juridiction répressive.
Comment en est-on arrivé la ?
Le 15 décembre 2007, au cours d'un meeting public à Dimbokro, KKB tient des propos qui sont considérés comme offensants par des chefs de tribu. Ces derniers portent plainte. Le procureur s'en saisit. Dès lors tout va très vite. Le président de la JPDCI est convoqué à la Brigade de recherches. Mais les militants du PDCI qui perçoivent cette procédure comme un harcèlement et une volonté du pouvoir FPI d'étouffer leur parti sont sur le pied de guerre. Pour eux, pas question que KKB se rende à la brigade de recherches. Le clerc d'huissier chargé d'aller porter la convocation au président de la JPDCI sera pris à partie au siège du PDCI à Cocody. Proprement molesté par des militants en furie, il n'eut son salut que grâce à l'intervention de certains responsables du PDCI, en particulier du ministre Bamba Mamadou. Face à la tournure dangereuse que prennent les évènements, Me Ahoussou Kouadio Jeannot, avocat du PDCI-RDA et SGA du PDCI en charge des affaires juridiques, alors en mission à Paris, ordonne à ses associés d'aller réceptionner la convocation au nom de KKB. Le président de la JPDCI sera même interrogé par les gendarmes de la brigade de recherches dans les locaux de son cabinet. Puis Me Ahoussou rentre précipitamment à Abidjan pour organiser la défense de Kouadio Konan Bertin. Une semaine après, KKB sera à nouveau auditionné, cette fois, à la brigade de recherches. Le dossier est transmis au parquet, le procureur de la République décèle dans les dépositions de KKB de sérieux indices qui lui permettent de le poursuivre devant le tribunal correctionnel comme un prévenu c'est-à-dire un présumé coupable des faits qui lui sont reprochés, tribalisme et incitation à la haine. En même temps que Patrice Yao, directeur de publication de "Le Nouveau Réveil" et Diarrassouba Sory, auteur de l'article. Le PDCI-RDA dénonce une cabale politique, le parti bat le rappel de ses troupes. Pour éclairer la lanterne des Ivoiriens face à ce dossier explosif, Me Ahoussou monte au créneau. Le 18 janvier, il convie la presse à un point de presse. Autour de lui, KKB et Denis Kah Zion. Seulement, au cours de cette conférence de pesse, l'avocat du PDCI exprime clairement la position de son parti, c'est un procès politique, le PDCI a les moyens et les arguments pour défendre KKB, le PDCI ne demande pas pardon. Au surplus, Me Ahoussou fait savoir que les chefs Bété auraient mieux fait de saisir leurs homologues Baoulé pour régler de façon traditionnelle cette affaire. Car la voie du procès est source de danger pour la paix sociale. Le mardi 22 janvier, recevant les v?ux de ses militants au siège de son parti, le président Bédié ne manque pas de dénoncer la cabale politique contre KKB. Il juge cette procédure irrecevable. A la rencontre du CPC à Ouaga le 24 janvier, le président Bédié va attirer l'attention des membres de cette structure sur les dangers que de tels procès fantaisistes font peser sur la paix sociale et le processus de sortie de crise. Après débat, Gbagbo Laurent prend l'engagement d'enjoindre le procureur de la République pour éteindre cette poursuite judiciaire.
On était donc dans l'attente de cette décision quand soudain nous apprenons que Me Séry Kossougro, lui aussi avocat et responsable du PDCI, a initié une démarche auprès des chefs bété pour régler à l'amiable cette affaire en liaison avec les chefs coutumiers Baoulé. Les chefs Bété auraient même marqué leur accord. Mieux, Me Séry Kossougro aurait pris langue avec le procureur de la République pour surseoir à la poursuite. Toute chose qui va briser l'élan de mobilisation générale suscité par cette affaire. Curieusement, l'on a constaté hier que les poursuites sont loin d'avoir été levées. Ni la rencontre qui Guillaume Soro a eue avec Tchimou, ni celle que Me Séry Kossougro a eue avec ce dernier ou avec les chefs bété n'ont pu éteindre l'action publique initiée contre KKB. Hier matin, l'affaire a été régulièrement appelée, en l'absence de Me Séry Kossougro. Le parquet a même insisté sur la présence des parties en cause. Et les juges ont finalement décidé de renvoyer l'affaire au 30 mai pour comparution de l'ensemble des parties. C'est alerté par un coup de fil que Me Kossougro a rallié le tribunal un peu après.
A en croire nos sources, le traitement de cette affaire a gêné plus d'un au sein du parti. Me Ahoussou et Me Kossougro auraient eu une séance d'explication dans la soirée de jeudi au domicile de Djédjé Mady en présence du ministre Banzio.
Mais que peut-on réparer aujourd'hui ? Les choses sont allées si loin. Tout est confus dans l'esprit des militants démobilisés.
Akwaba Saint Clair

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