mercredi 30 janvier 2008 par Nuit & Jour

Ils ont bravé toutes les adversités, physiques et morales, même la mort, pour défendre leur leader, Henri Konan Bédié, après son éviction du pouvoir d'Etat. Sans aucun moyen, ni soutien, ils se sont levés, avec courage et détermination, pour dire "non" à la vassalisation du PDCI, et surtout, à la dictature militaire de Guéi Robert. Mais, aujourd'hui, ces femmes et hommes à cause desquels le "sphinx " de Daoukro a échappé à une deuxième humiliation de sa vie, sont méprisés, marginalisés et brimés au sein du PDCI-RDA. Ils tirent désormais, le diable par la queue, au moment où les pourfendeurs d'hier d'Henri Konan Bédié, qui avaient fait le serment d'offrir le parti à Guéi, occupent une place de choix au sein du parti sexagénaire. Au nom du devoir de mémoire, " Nuit et Jour " se propose d'expliquer aux militants du PDCI-RDA, ce que sont devenus, les irréductibles défenseurs de Bédié, aux heures de braise.

C'est le quotidien proche du PDCI-RDA, " le nouveau réveil " qui, dans sa livraison n°49 du 19 octobre 2001, a rendu un vibrant hommage aux femmes et hommes qui défendu le Président Henri Konan Bédié après sa chute du 24 décembre 99. A la page 8 de cet organe, les noms et photos des fidèles défenseurs de N'Zuéba ont été placardés, en guise de remerciement pour le grand combat qu'ils ont mené, naguère. Mais, aussi paradoxale que cela puisse paraître, tous qui ont été cités comme étant les principaux

Bédié oublie ses lieutenants

défenseurs de Bédié, sont aujourd'hui, les plus marginalisés au sein du PDCI. Et cela, par la volonté du président du PDCI lui-même qui, des sons retour d'exil, a donné armes et munitions aux " judas " et " ténias " du parti, pour écraser ses principaux lieutenants. Sur la liste publiée par " le nouveau réveil " le 19 octobre 2001, au titre des défenseurs de Bédié, vient en premier lieu, dame Gnamien Ramata, une bédiéiste invétérée qui a été de tous les combats visant à réhabiliter le Président du PDCI. Mais aujourd'hui, cette femme de conviction et d'engagement est laissée pour compte au sein du parti. Elle n'est ni membre de la vice-présidence du PDCI encore moins membre du secrétariat général. Sur dix secrétaires généraux adjoints, le président Bédié n'a pas daigné confier un seul poste à dame Gnamien qui n'a ménagé aucun effort pour le défendre après le prononciamento du 24 décembre 99. En plus, sur les sept portefeuilles ministériels octroyés au PDCI après la signature de l'accord de Marcoussis en janvier 2003, Henri Konan Bédié n'a pas jugé utile de confier un ministère à sa brave amazone. Aujourd'hui, Gnamien Ramata est à la croisée des chemins alors même que la logique aurait voulu qu'elle figure parmi les privilégiées de Bédié.

La descente aux enfers du "fou du roi"

Le deuxième nom qui figure sur la liste de " le Nouveau Réveil " est le jeune Gnamien Yao, ancien secrétaire national chargé de la formation des jeunes avant le coup d'Etat de décembre 99. Malgré le grand combat qu'il a livré face à Guéi Robert, à la junte militaire et même aux imposteurs du PDCI, Gnamien Yao est aujourd'hui un " laissé-pour-compte " au sein du vieux parti. Dans l'ordre protocolaire des dix secrétaires généraux adjoints nommés par Bédié après le 11e congrès, Gnamien Yao occupe la neuvième place. Un véritable mépris pour ce valeureux combattant que l'imagerie populaire a qualifié de " fou du roi ", la raison de son engagement pour la cause d'Henri Konan Bédié. Mais, ironie du sort, au lieu de bâtir sa stratégie autour de ce haut cadre des mines, Henri Konan Bédié n'a trouvé mieux que de le limoger au profit d'un " novice " tel que Dahouët-Boigny Augustin. Plus grave, le " sphinx " de Daoukro a pris le risque de sortir son principal " disciple " du gouvernement de réconciliation nationale, dans lequel, ceux qui l'ont voué hier aux gémonies, règnent en grand maître. En tout état de cause, en sortant Gnamien Yao du gouvernement, Henri Konan Bédié montre clairement à ses militants qu'il se soucie peu du sort de ceux qui le défendent quotidiennement. En tout cas, les ivoiriens ont du mal à comprendre que M. Bédié n'ait pas fait remplacer Gnamien Yao par l'un de ceux qui l'ont défendu après sa chute de décembre 99.

KKB, un président sans moyen

Pourtant, il aurait été plus sage pour N'Zuéba de partager les postes ministériels octroyés au PDCI entre ses fidèles lieutenants et les " judas " qui l'ont trahi hier. Or, au lieu de cela, M. Bédié a préféré faire la part belle aux " ténias " qui ont solennellement pris position pour Guéi. L'autre défenseur de Bédié aujourd'hui marginalisé au sein du PDCI est sans doute, le président de la PDCI, Bertin Kouadio Konan dit " KKB ". Alors même qu'il mérite le poste de ministre de la jeunesse et des sports, KKB a été abandonné au profit de Banzio Dagobert qui, lui était le directeur de campagne de Guéi Robert dans le département de Guiglo. Au PDCI-RDA, hormis le poste de membre du bureau politique, Kouadio Konan Bertin n'a aucun pouvoir. Il n'est pas salarié du parti et n'a aucune responsabilité dans l'administration, en dépit des cinq portefeuilles ministériels dont a bénéficié son parti. Pourtant, certains militants du PDCI ont été nommés dans des cabinets ministériels. Aujourd'hui, " KKB " est livré à lui-même et est obligé de se débattre pour survivre. D'autant plus que la JPDCI qu'il dirige n'à aucun budget et, selon nos sources, ne bénéficie d'aucune faveur de la part de ce qu'on appelle les " barrons " du PDCI. Il convient aussi de citer, au nom des défenseurs de Bédié aujourd'hui oubliés par N'Zuéba, Mme Essoubo Augustine. Cette brave dame qui n'a jamais caché sa volonté et sa détermination pour la cause de Bédié, est de ceux qu'on qualifie de " laissé-pour-compte ", au sein du PDCI. A part le rôle de protocole qu'elle s'est imposée, dame Essoubo n'a rien bénéficié de Bédié et du parti. Cloîtrée au siège du parti, chaque jour, cette dame qui devrait pourtant bénéficier d'au moins un véhicule de service et d'un salaire mensuel, est pourtant livrée à elle-même. C'est à peine que les cadres du parti ont un peu d'égard envers elle. Tous la méprisent, au nez et à la barbe de Bédié qui assiste, impuissant, à l'humiliation de son amazone. Et pourtant, Essoubo Augustine fait partie des braves dames qui, sans moyens, se sont levées pour faire obstacle à l'imposture de Guéi Robert.

Boni Séraphin, un autre "disciple" abandonné par Bédié

Outre Mme Essoubo Augustine, l'ancien délégué général du PDCI de France, M. Boni Kouamé Séraphin fait partie des " oubliés " de Bédié. Disciple incontesté du " prince des Nambê ", M. Séraphin Boni a, lui aussi, tout donné pour le retour au bercail de son mentor. A Paris où il a séjourné 22 mois durant, après le coup d'Etat qui l'a évincé du pouvoir, nos sources précisent que c'est M. Boni Séraphin qui était son seul soutien et conseiller. Il a participé à tous les combats visant à réhabiliter celui qu'il considère comme son père adoptif. Pour cela, les ivoiriens ont cru qu'à l'instar des autres résistants à Guéi, M. Boni Séraphin pouvait être récompensé par un portefeuille ministériel. Or, à chaque remaniement, son nom est annoncé mais n'apparaît jamais au dernier jour. Au sein du PDCI, même s'il fait partie du secrétariat général, Boni Séraphin est loin d'être un privilégié. Pourtant, ceux-là même qu'il a soutenus et portés à bout de bras sont aujourd'hui ministres de la République. Mais lui-même, le faiseur de roi n'a qu'un strapontin de conseiller du ministre des infrastructures économiques. La liste des frustrés de Bédié n'est pas exhaustive. Car, il y a aussi les Benson Raymond, Denis Kah Zion, Jean Marie Ahoussou, Emolo Claude, Isidore Boivin, Renée Marguerite Kangah, Drissa Coulibaly, Aka Serges, Abonouan Louis, Jeanne N'Guessan, N'Gouan Aka Mathias, Zoma CélestineCela est d'autant plus étonnant qu'en 1969, Félix Houphouët-Boigny a récompensé les jeunes qui l'ont soutenu dont Henri Konan Bédié lui-même, Ehui Koutouan Bernard, Alphonse Djédjé Mady, Usher Assouan D'ailleurs, en 1965, il a fait lire le discours de clôture du congrès à Henri Konan Bédié qui n'avait que 31 ans. C'est, surtout, en raison de sa volonté de récompenser ses fidèles lieutenants, qu'Houphouët a dégommé Philippe Yacé qui avait 60 ans en 1980, pour le faire remplacer par un jeune de 45 ans. C'est donc, une tradition et une culture du PDCI qui est de récompenser les jeunes valeureux qu'Henri Konan Bédié vient de dévoyer.

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