Laurent Gbagbo était plutôt à l'aise, au cours de l'interview diffusée hier sur les antennes de la Télévision et de la Radio nationales. Pas qu'il maîtrisait suffisamment les sujets abordés par les journalistes de la Télévision et de la Radio, mais tout simplement parce que le numéro un ivoirien n'a pas eu véritablement affaire à des questions pertinentes sur ces sujets majeurs. Abordant les sujets comme l'impunité en Côte d'Ivoire, la crise dans la filière café-cacao marquée par le scandale de Fulton, l'enrichissement illicite de certains proches du président, la manne financière du pétrole ivoirien, nos confrères sont plutôt restés superficiels. Aucune relance, aucun rebondissement, même quand visiblement les réponses du chef de l'Etat ne semblaient pas les convaincre eux-mêmes. En homme politique averti, Laurent Gbagbo n'avait donc aucune pression. Comment comprendre qu'on puisse poser une question sur l'impunité en Côte d'Ivoire sans même se référer à un ou des faits précis ? Surtout que celui qui est en face jure la main sur le c?ur qu'il n'y a aucune impunité en Côte d'Ivoire . Et pourtant des exemples, on n'en manque pas. La mémoire collective se souvient encore du charnier de Yopougon, des massacres des 24, 25 et 26 mars 2004, des exécutions extrajudiciaires enregistrées depuis l'arrivée au pouvoir du régime FPI. Des crimes, parmi tant d'autres, qui n'ont pas encore trouvé de coupables. Comment comprendre qu'au moment où le président tergiverse sur la question de mauvaise gouvernance, les journalistes ne puissent pas rebondir sur les sorties de certains de ses proches, comme Mamadou Koulibaly (n°2), Simone Gbagbo (épouse du président) et Koré Moïse (pasteur du président), qui ne manquent pas d'occasions pour soutenir le contraire.
En regardant de près ?'l'interview'' d'hier, on comprend aisément qu'il s'agissait d'un plateau d'explication suscité par l'interviewé et coordonné par les interviewers..
Diawara Samou