jeudi 24 janvier 2008 par Fraternité Matin

Demain, à l'hôtel Novotel-Plateau, à 15h, Jean-Baptiste Akrou, DG de Fraternité Matin, dédicacera son ouvrage Mots et maux, 40 ans de passion, paru à Frat-Mat éditions. Pourquoi avoir senti le besoin de sortir Mots et maux, 40 ans de passion?
Depuis cinq ou six ans, certains amis me demandaient, avec beaucoup d'insistance, de sortir un livre, un peu comme pour couronner ma carrière. J'étais un peu réticent, froid. Mais, quand mes amis ont commencé à sortir la compilation de leurs éditoriaux, alors je me suis dit: Pourquoi pas moi aussi?. Sinon, au départ, mon projet initial, ce n'était pas la compilation de mes éditos. Il s'agissait de faire une sorte d'anthologie de mes meilleurs reportages, enquêtes, et interviews. Et puis, en définitive, j'ai choisi de faire le plus simple. Et cela a donné Mots et Maux, 40 ans de passion. Il y aura une autre qui viendra, quelques mois plus tard, qui portera sur Simple avis, qui était, à l'époque, une chronique bien aimée. Qu'est-ce qui a milité en faveur de cette sélection de 63 éditoriaux?
Vous savez que tout choix est arbitraire. Nous avons essayé, avec un certain nombre de collaborateurs, de sélectionner les éditos que chacun considérait comme étant les plus importants, c'est-à-dire ceux qui posaient de grands problèmes de société, les débats politiques, les débats qui sont au c?ur de l'actualité. Mes éditos partent en effet de 2002 à 2007, c'est-à-dire qu'ils parlent de ce que nous avons vécu dans cette crise. Ce n'est jamais assez facile, d'autant plus qu'il n'y avait pas assez d'espace pour les faire passer tous. Alors, forcément, on a dû faire un choix, avec tout ce que cela comporte comme part d'arbitraire. Vous remarquerez que celui qui a fait la préface, un ancien professeur de Saint-Viateur, a dit qu'il y a certain de mes éditos préférés qui ne sont pas dans la sélection que nous avons faite. C'est comme les goûts et les couleurs : on ne discute pas. 40 ans de passion, un nom reste cependantcollé à cette histoire : Pierre Frégeac
C'était un jeune coopérant qui est arrivé au collège St-Viateur dans les années 70. Il enseignait au premier cycle. Moi, élève, j'étais au second cycle. Dans le cadre des activités para-scolaires, il animait la cellule Presse et Communication qui existait. Au sein du lycée, on avait déjà un atelier photo, un club de judo, une fanfare, une troupe de théâtre, etc. On faisait donc du journalisme à l'école. Et quand il y est arrivé, il avait pris cela à bras le corps. Et je ne cache pas que c'est beaucoup, en partie, grâce à lui que j'ai décidé, de façon très sérieuse, de me présenter au concours du Centre d'étude des sciences et techniques de l'information (CESTI) de Dakar pour devenir journaliste. J'avais le virus en moi, depuis la 6ème, où j'ai découvert dans cette école, St- Viateur, le journalisme. C'est vrai, il a beaucoup compté dans mon choix, et par la suite au niveau de mes études. Car, chaque fois que je vais à Paris, nous discutons ; nous ne sommes pas toujours d'accord, nous ne sommes pas toujours du même bord, mais nous sommes restés des amis ; des amis qui respectent leurs choix respectifs. Et je dois dire que cette contradiction m'est bénéfique. Journaliste donc à St-Viateur, vous choisissez comme pseudonyme, Michel Ayata
On était au lycée et quand on devait faire le journal, il fallait paraître sérieux. On parlait même de notre envoyé spécial à Washington, à Honolulu, etc. Il fallait donc donner l'illusion que ce n'était pas des camarades de classe qui animaient le journal parlé. Donc, chaque animateur du journal du lycée avait un pseudonyme. Sinon, Michel Ayata, je ne sais même pas ce que cela veut dire. Je n'avais jamais entendu de ma vie ce nom. Mais chacun s'est donné un pseudo.
C'était assez amusant. Une anecdote. J'étais en classe de terminale. A la fin de l'année, il y a eu une grande émission publique, où tous les journalistes, comme à une sorte de journal télévisé, sont venus présenter le journal, dans l'amphithéâtre. Comme si on faisait du théâtre. Les élèves du premier cycle découvraient, qui s'appelait Jean Roy Lebel, Michel Ayata Quelques années plus tard, alors que j'étais en fonction, à l'aéroport d'Abidjan, j'entends un jeune policier ou douanier m'interpeller de la sorte : M. Michel Ayata ! . Je me suis retourné et j'ai ri intérieurement en me disant : celui-là, il me connaît, depuis St-Viateur. Que vous rappelle justement cette école ?
Tenue par la congrégation des Clercs-St Viateur, cette école, au-delà du savoir qui était dispensé, formait honnêtement les jeunes à la vie. Tous ceux qui y sont passés, soit ils en ont été éjectés parce qu'ils n'étaient pas suffisamment de bons élèves ; soit ils ont pu terminer leur cursus. Et, en général, dans la vie, ils ont occupé des postes de responsabilité, mais ils donnent surtout l'image de travailleurs. Parce que St-Viateur inculque à tous ceux qui y sont passés un amour profond, parfois exagéré du travail et du travail bienfait. A St-Viateur, j'étais ce qu'on appelle honnêtement un élève taciturne. Et si je n'avais pas été un bon élève, on m'aurait exclu. C'était la discipline et, par-dessus tout, le culte du travail. Vous vous levez à 6h du matin : la douche, la petite prière, l'étude, puis le petit-déjeuner, les cours, etc. On nous formatait ! Et, aujourd'hui, je suis devenu un robot . Au-delà des cours, St-Viateur, c'était une école de formation. Wognin Pedro, par exemple, y a appris la musique ; certains, d'autres choses, comme le sport avec ses meilleures installations, le théâtre, etc. Moi, j'y ai appris à faire beaucoup de choses. Comme le journalisme, le théâtre par exemple. Une anecdote encore. Au théâtre, dans un lycée de garçons, certains d'entre nous ont été obligés de jouer des rôles féminins. Il m'est arrivé d'en jouer. Il y avait encore et encore cette formation religieuse, qui vous invite à avoir une âme, pour respecter votre corps, l'autorité, le pays, etc. C'est tout cela qui est important, quand tu sors de St-Viateur. Vous dédiez cet ouvrage à votre défunte mère. La dédicace est si émouvante. Vous y consacrez aussi une page et demie à des remerciements, notamment à votre oncle. Et puis, il y a ce portrait ramassé de vous, que fait le préfacier qui vous connaît si bien. Alors, vos 40 ans de passion, avec ce soupçon auto/ biographique, dès les premières pages, annoncent-ils un romancier? Ou ce qui revient au même : doit-on s'attendre demain à quelque chose d'autre qu'une compilation; Jean-Baptiste Akrou qui se raconterait, par exemple?
Il ne faut certes jamais dire jamais, mais je pense avoir assez parlé de moi dans ce livre. Je voudrais évoquer d'autres choses dans des livres à venir. Parce que mon histoire en elle-même n'est pas aussi importante. L'essentiel de ce que les uns et les autres pouvaient savoir, c'est ce que j'ai donné à savoir. Mais sait-on jamais !



Entretien réalisé par



Michel Koffi

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