mardi 22 janvier 2008 par Le Temps

L`honneur m`échoit, une fois encore, d`exprimer à Votre Excellence les sentiments déférents du Corps diplomatique accrédité auprès de la Côte d`Ivoire. Ce sont tout d`abord des sentiments de gratitude pour l`extrême courtoisie avec laquelle vous avez bien voulu nous inviter à cette rencontre traditionnelle et hautement significative, au cours de laquelle nous aurons la joie d`échanger les v?ux du Nouvel an 2008 et d`écouter les pertinentes réflexions que vous nous adresserez de manière officielle dans votre style à la fois profond et cordial.
Ce sont également des sentiments de sincère participation à la vie de ce Pays hôte, un Pays riche non seulement de beautés naturelles mais aussi de traditions spirituelles et culturelles, parmi lesquelles se détache le sens de l`hospitalité et de l`accueil.
Nos pensées, au début de cette Année, sont tournées d`une part vers cette noble Nation auprès de laquelle nous avons l`honneur de représenter nos Gouvernements et Institutions ; elles sont tournées également vers le peuple ivoirien qui attend beaucoup de la Communauté internationale, ainsi que vers Votre Excellence qui représentez l`Autorité suprême de l`Etat, en qualité de garant de sa constitutionalité et de son unité tout autant que de ses valeurs inaliénables de liberté et d`humanité. Voici donc devant vous, Monsieur le Président de la République, les Chefs de Missions diplomatiques, consulaires et des Organisations internationales. Les Diplomates, dit-on à juste raison, sont dans une large mesure, ceux qui portent l`espoir de cf construction d`un monde où la paix, la solidarité, la coopération et l`entente mutuelle deviennent le passage obligé vers des relations humaines plus justes. Elle est bien noble la tâche à laquelle nous nous efforçons de consacrer nos énergies, bien que la profession diplomatique ne soit pas toujours aisée. La valeur suprême de la paix - dont les Diplomates doivent être des promoteurs chevronnés et des défenseurs infatigables - occupe une place de choix chez les professionnels de la diplomatie : En ce sens, la diplomatie devient essentiellement un moyen de surmonter les crises et de promouvoir le dialogue, en renforçant les processus démocratiques qui permettent aux citoyens de jouer un rôle réel dans le développement de leur Pays. Notre tâche consiste donc à aider les "parties en présence" à trouver les moyens de faire avancer les négociations et à offrir au peuple des raisons d`espérer. En notre qualité de Représentants de plusieurs Pays de notre planète, nous sommes témoins des nombreux progrès que la Côte d`Ivoire est en train de réaliser sur la voie de la paix et de la réconciliation nationale. Au regard de ces pas importants qui ont été franchis, nous ne pouvons que féliciter Votre Excellence et le Gouvernement ainsi que toutes les forces politiques, institutionnelles, militaires, les communautés de toutes les religions et le peuple tout entier. Sans vouloir m`y attarder, permettez-moi, Monsieur le Président de la République, de citer quelques faits courageux qui ont jalonné l`année qui vient de s`achever: l`Accord politique de Ouagadougou; la cérémonie hautement significative dite " Flamme de la Paix" à Bouaké; votre visite récente au nord du pays; les Accords complémentaires de Ouagadougou, et j`en passe. Dans un tel mouvement ascendant, pareil à celui d`une symphonie de grande intensité, ces moments et tant d`autres sont venus s`enchaîner les uns aux autres. C`est notre devoir, en plus des félicitations que nous vous avons adressées, de vous encourager à poursuivre l`?uvre entreprise. Ce serait vraiment dommage de s`arrêter en chemin ou, pire encore, d`ensevelir ces chances uniques de renouveau, de reconstruction, d`unification du territoire national, de réconciliation, de pardon mutuel; parce que nous devons tous nous atteler à redresser la situation, avec détermination et humilité. Monsieur le Président de la République, mes Collègues et moi, sommes convaincus que la confiance qui renaît progressivement au sein des populations doit être encouragée davantage par des actes concrets dont les Hautes Autorités doivent être les premiers témoins et les exemples. La confiance, chacun le sait, ne peut s`imposer ni s`improviser: au contraire, elle exige éducation et soutien. Elle requiert une croissance permanente de la conscience civique et sociale en même temps qu`une participation constante de toutes les composantes du pays à la construction du bien commun. La confiance exige que toutes les structures de l`Etat soient mises au service des citoyens - et non de quelques groupes privilégiés - et que se développe un dialogue stable entre toutes les composantes politiques et sociales. A la "confiance", permettez-moi d`ajouter la cohérence, dans la mesure où ceux qui sont appelés à servir la communauté ont l`obligation, en toute circonstance, d`observer les principes éthiques et les normes morales sur lesquelles repose toute société. L`une et l`autre - la confiance et la cohérence - sont des devoirs exigeants, qui demandent un sens élevé de moralité, d`honnêteté, de sensibilité humaine, de sagesse, de patience, de respect des autres, de ferme volonté d`exposer sans les imposer ses points de vue et ses idées. Nous sommes persuadés, Monsieur le Président de la République, que les engagements pris avec audace dans cette nouvelle phase de la vie du Pays, ne pourront être portés à leur terme que si les libertés individuelles et communautaires sont renforcées, et si la dignité humaine de tout citoyen est respectée. Nous sommes également convaincus que le développement intégral de ce beau Pays ne pourra se poursuivre sans un enracinement profond dans les valeurs morales, culturelles et spirituelles fondées sur la dignité de la personne humaine et sur la reconnaissance effective de tous ses droits. Tout cela devrait conduire, à notre avis, au renforcement des conditions de la démocratie dont l`objectif demeure le bien-être des citoyens, lesquels par leur vote sauront à qui confier leurs espoirs et leurs rêves longtemps bridés. En 2005, puis en 2006 et en 2007, en pareille circonstance, nous avons formulé le v?u que l`année à peine commencée soit celle des élections tant attendues. Le souhait ne s`est pas réalisé. Cette fois-ci, je ne le répéterai plus, mais dans le c?ur de tous les ivoiriens, ainsi que dans celui de tous ceux qui habitent et aiment la Côte d`Ivoire, comme dans le vôtre, Monsieur le Président de la République, ce v?u est plus ardent que jamais. Puisse-t-il se transformer en réalité grâce à la contribution de chacun! Pour paraphraser Martin Luther King, nous estimons que nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, au risque de mourir comme des ennemis.
Les v?ux nous lient les uns aux autres, pour écrire ensemble cette nouvelle page de notre histoire personnelle et collective en Côte d`Ivoireavec l`encre de la fraternité. Bonne et Heureuse Année à Vous, Monsieur le Président de la République, à Votre Famille et, avec Votre permission, à toutes les Personnalités ici présentes, au noble Peuple ivoirien ainsi qu`à tous les Habitants de ce pays. Que le Tout-Puissant Vous accompagne, Vous comble de sagesse et de clairvoyance, et qu`il bénisse notre chère Côte d`Ivoire!
Nous vous remercions.

+ Mario Roberto Cassari
Nonce Apostolique Doyen du Corps Diplomatique

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