mardi 22 janvier 2008 par AFP

Modèle de longévité sur le continent, Roger Lemerre aborde pourtant sa troisième Coupe d'Afrique des nations d'affilée à la tête de la Tunisie dans un climat incertain, après une phase qualificative laborieuse, avant un premier match de tous les dangers contre le Sénégal, mercredi à Tamale.
Visage grave, réduisant ses interventions médiatiques au minimum, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France n'a rien changé à ses habitudes et se méfie toujours autant de son environnement extérieur.
Devant les médias, Lemerre reste aussi impénétrable qu'au temps de son mandat chez les Bleus (1998-2002), assénant des formules dont lui seul parvient à saisir le sens exact.
Même si la suspicion et la paranoïa ont disparu, des éliminatoires conclus à la deuxième place derrière le Soudan et les retrouvailles avec le Sénégal, bourreau "personnel" du Français au Mondial-2002, ont rajouté une tension supplémentaire que le technicien essaye tant bien que mal de dissimuler avant le choc du groupe D.

Contentieux
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"Il y a beaucoup de pression pour moi, parce qu'il y a la volonté de consolider l'acquis et la peur de décevoir après une année aussi brillante (victoires de l'Etoile du Sahel en Ligue des champions d'Afrique et du CS Sfax en Coupe de la CAF, ndlr)", affirme-t-il avant d'enchaîner par une de ces phrases dont il a le secret: "Les équipes défaites aujourd'hui ne le seront pas forcément demain et toutes la nations peuvent encore espérer. Espérons que demain, on vivra avec autant d'espoir. Demain est un point d'interrogation (sic)."
Le souvenir de 2002 et le contentieux entre les deux équipes, né d'une victoire tunisienne en quart de finale de la CAN-2004 que les Sénégalais jugent litigieuse, restent vivaces, bien que Lemerre ne souhaite pas raviver les plaies.
"Même si c'est bien de s'appuyer sur le passé, le passé est révolu, explique-t-il. Passons à 2008. La Tunisie a beaucoup changé, il en est de même pour le Sénégal. Il va y avoir un autre rapport de forces. Le match va se jouer sur la concentration, la préparation, l'abnégation mais aussi sur la compétence et la qualité. Mais qui est le plus compétent ? Nous ne le saurons que demain. La décision va peut-être se faire sur un trait de génie."

"Moins aguerrie"
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Roger Lemerre n'hésite toutefois pas à parler de saut "dans l'inconnu" pour son jeune groupe, alors que les Sénégalais peuvent s'appuyer sur le métier de joueurs qui évoluent tous sans exception à l'étranger.
"La culture de l'équipe tunisienne et ses fondamentaux n'ont pas changé, mais les hommes et l'expérience ont changé, déclare-t-il. On a une équipe moins aguerrie qu'il y a quatre ans. La culture de l'équipe tunisienne repose sur son collectif, mais c'est vrai qu'à tout moment, Niang, Diouf, (Henri) Camara peuvent avoir des possibilités."
Lemerre, seul sélectionneur à avoir brandi deux trophées continentaux différents (Euro-2000 avec la France et CAN-2004 avec la Tunisie), sait que son statut de héros local n'est en aucun cas une garantie en cas de faux-pas au Ghana. S'il affirme ne devoir son maintien à son poste depuis six ans, fait rarissime en Afrique, qu'à la "patience des Tunisiens", il sait pertinemment que celle-ci peut avoir des limites.
"Je n'ai pas de problème, je n'ai mené aucune guerre, j'ai une vie, vous la respectez ou vous ne la respectez pas, indique-t-il. Quand je vais quelque part, j'y suis complètement. Et aujourd'hui, je suis Tunisien". Avant de lâcher, comme pour se prémunir de toute mauvaise surprise: "Jusqu'en juin".

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