dimanche 20 janvier 2008 par Autre presse

La désignation de l'Ivoirien Philippe Henri Dacoury-Tabley au poste de gouverneur par le sommet des chefs d'Etat de l'UEMOA, éclaire les propos tenus par Charles Konan Banny, gouverneur sortant, sur les inutiles dissensions que voulaient susciter certains compatriotes autour des questions soulevées par l'attribution de la fonction.

En effet, la compétition autour de la charge de gouverneur de l'institution commune, est d'abord et en premier lieu une affaire d'Etat ; vient ensuite la question des personnes. Si, en vertu d'une règle tacite en vigueur depuis la création de l'Institut d'émission, la Côte d'Ivoire s'efforce de faire accepter son candidat, quel Ivoirien pourrait s'en plaindre ? Nul Ivoirien ne saurait se réjouir du malheur de son propre pays. C'est bien ce que Charles Konan Banny, interviewé par Radio France internationale, a fait savoir. Pour avoir été gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pendant quinze ans, il était bien placé pour apporter sa contribution à la promotion du candidat préféré par le Chef de l'Etat ivoirien, ce candidat fût-il un autre que le ministre Paul Antoine Bohoun Bouabré. Peu importe, en effet, le nom du candidat, si la Côte d'Ivoire juge qu'il est apte à assumer la mission à travers la fonction qu'elle souhaite lui confier

Si Charles Konan Banny avait été tenu informé du choix de son pays, il aurait sans aucun doute apporté sa pierre à la promotion de ce candidat. Informer, ce n'est pas la même chose que consulter ! Dans la bataille pour arracher une charge ou une prérogative pour la Côte d'Ivoire, tous ceux qui peuvent aider au succès de l'entreprise doivent être utilisés. Tout citoyen sollicité à cet effet considérera comme un devoir de répondre favorablement à la sollicitation. N'a-t-on pas vu, en France, toutes les factions politiques coalisées pour le succès du socialiste Dominique Strauss Kahn au FMI ?

Ce genre de coalition est une illustration de ce que le Premier ministre Charles Konan Banny a appelé l'Union sacrée, dans une déclaration récente où il invitait tous ses concitoyens à dépasser leurs divergences politiques pour ?uvrer de concert au rétablissement de la Côte d'Ivoire. Cette union sacrée est indispensable à la survie, à l'affermissement et au prestige de la Côte d'Ivoire.

Pour Charles Konan Banny, faire valoir les atouts du candidat ivoirien, c'est à peu près la même chose que vouloir, pour un Ivoirien, la victoire des Eléphants à la coupe d'Afrique des Nations 2008. Ne serait-il pas absurde de penser qu'un Ivoirien puisse travailler délibérément à l'échec des Eléphants footballeurs ? Une telle attitude n'est ni envisageable, ni possible.

Nous devons donc nous inspirer de cette Union qui retrouve toute sa vigueur chaque fois que notre pays entre en compétition avec d'autres nations. C'est cette union que Charles Konan Banny voudrait voir s'exprimer en ces temps où la Côte d'Ivoire est en pleine dépression. Tous les Ivoiriens se réjouissent donc naturellement de l'accession de Philippe Henri Dacoury-Tabley au poste de gouverneur de la BCEAO, même si certains ont le sentiment qu'on a exhibé cruellement Paul-Antoine pour sortir, à la fin, du chapeau du magicien, Philippe-Henri qui était, disent-ils, le véritable choix du Président de la République Laurent Gbagbo.

Avec Philippe-Henri Dacoury-Tabley, c'est la Côte d'Ivoire qui triomphe. Si au lieu de ce banquier connu, un autre Ivoirien aussi compétent était devenu gouverneur, Charles Konan Banny s'en serait réjoui avec la même sincérité, puisqu'il s'agit de la promotion de la Côte d'Ivoire. On pourrait donc dire avec Charles Konan Banny : Dacoury-Tabley est gouverneur de la BCEAO. Tant mieux pour la Côte d'Ivoire, tant mieux pour l'Union. L'intérim a pris fin .

SRAN KOUASSI FRANCK
Journaliste, Directeur de Communication auprès du Cabinet Privé du Premier Ministre Charles Konan Banny

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