jeudi 17 janvier 2008 par Notre Voie

Le successeur de Charles Konan Banny à la tête de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest devrait être désigné ce jeudi à Ouagadougou par les chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres. Dans une interview qu'il a accordée hier à Radio France internationale, le partant a seulement regretté de n'avoir pas été informé.

RFI : Charles Konan Banny, bonjour !
Konan Banny : Bonjour !

RFI : Le Président Laurent Gbagbo a un candidat pour le poste de Gouverneur de la BCEAO, c'est le ministre ivoirien du Plan et du Développement, Paul Antoine Bohoun Bouabré. Est-ce qu'il a le profil?
C.K.B : Pourquoi ne répondrait-il pas au profil ? Je crois que c'est un économiste. J'en profite d'ailleurs pour dire à mes frères Ivoiriens qu'il ne serait pas bien qu'ils fassent une querelle autour de cette question-là. Ma position est claire. Le candidat de la Côte d'Ivoire doit être défendu par tous les Ivoiriens. Mais vous savez, le consensus, ça se construit. Et ça se construit par l'information. Il faut que nous soyons informés et qu'ensemble, chacun apporte sa part pour faire en sorte que nous soyons en mesure de défense le candidat que le Président de Côte d'Ivoire aura choisi. Vous savez, je n'aime pas le diktat. Il faut absolument que nous nous accordions et qu'on convainque nos frères, qu'il est mieux que ce soit la Côte d'Ivoire qui, pour le moment, occupe ce poste.

RFI : C'est dire que vous auriez mieux soutenu cette candidature si vous aviez été consulté au préalable ?
C.K.B : Non, même pas consulté .J'ai dit au Président ce que je vous dis actuellement. De toutes les façons, c'est que l'information soit bien faite.

RFI : C'est dire que c'est une candidature un tout petit peu imposée. C'est ce que vous voulez dire ?
C.K.B : Non, ce n'est pas ce que je veux dire. Je veux dire que, un, il s'agit de ma succession. Deux, rien n'empêchait que je fusse informé. Je pense que si nous étions informés, nous aurions trouvé les moyens de trouver les arguments contre ceux qui ne souhaitent pas que ce soit la Côte d'Ivoire qui ait ce poste.

RFI : Vous ne comprenez pas que le dernier titulaire du poste, vous-même vous n'ayez pas été consulté. C'est ça ?
C.K.B : Pas consulté mais informé.

RFI : Ça revient au même
C.K.B : Enfin, si vous voulez (rire). Mais parce que je ne peux pas entrer dans les pouvoirs du Président. Il peut choisir qui il veut, à la limite. Paul Bohoun Bouabré est un jeune frère. Il était le troisième homme de mon gouvernement. Je n'ai pas eu de reproches à lui faire en ce qui concerne notre collaboration. Je dis tout simplement que sur cette question précise, franchement il s'agit de ma succession. Si j'étais à sa place, je serais venu voir le Gouverneur sortant pour lui dire : voici mes intentions ! . Et non, il ne l'a pas fait. Bon, Ce n'est pas grave.

RFI : Après votre départ de la gouvernance de la BCEAO, les pays de l'UEMOA font le forcing pour que la Côte d'Ivoire passe son tour comme le prévoient les textes. Qu'en pensez-vous ?
C.K.B : Je considère queOui, on peut lire les textes dans ce sens. Mais, il y a les textes et il y a ce qui n'est pas écrit. Ce gentleman agreement voulait au départ que le siège fût à Dakar et la Côte d'Ivoire soit le pays qui délivre le Gouverneur. Je n'ai pas dit que ce gentleman agreement ne puisse pas être modifié mais pour le moment, il faut que nous Ivoiriens, nous convainquions nos frères, qu'il serait bien qu'en ce moment-ci de l'histoire de la Côte d'Ivoire, des difficultés que le pays traverse, qu'on ne donne pas l'impression aux Ivoiriens qu'on veut leur porter l'estocade, si je peux m'exprimer ainsi.

RFI : C'est-à-dire qu'en pleine crise, la Côte d'Ivoire ne mérite pas ça ?
C.K.B : Voilà !

RFI : Mais vous savez que les autres pays sont impatients. Le Niger trouve, par exemple, le vice-gouverneur Ali Badjo Gamatié est tout à fait légitime pour occuper le poste
C.K.B : Je sais que le Niger est légitimement fondé à occuper le poste. Il n'y a pas de problème puisque c'est conforme aux textes.

RFI : S'il n'y a pas de consensus, est-ce qu'on envisagerait une prolongation de l'intérim qui est assuré actuellement pas le Burkinabé Justin Baro ?
C.K.B : Je souhaite qu'on cesse l'intérim. Nous avons les éléments pour trancher. Donc tranchons.

RFI : Il y a la bataille pour la banque et il y a la présidentielle ivoirienne qui est prévue pour cette année. Est-ce que vous serez candidat ?
C.K.B : Ah !!! Bon écoutez ! Le jour où je vais trouver une solution à cette question, je vous appellerai pour vous le dire.

RFI : En tant que compagnon de route du PDCI-RDA, pourriez-vous soutenir la candidature de Konan Bédié ?
C.K.B : Bonvous l'avez dit, hein ! Je suis compagnon de route du PDCI-RDA. Oui, Pourquoi pas ? Oui

RFI : Est-ce qu'on peut dire qu'a priori Charles Konan Banny soutiendra la candidature de Konan Bédié ?
C.K.B : Oui, à priori. Oui

RFI : Charles Konan Banny, merci.

Propos retranscrits par Didier Depry
Source : RFI

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023