mardi 15 janvier 2008 par Le Patriote

Il n'a que cela à la bouche. Le Chef de l'Etat Laurent Gbagbo ne peut plus tenir un discours sans évoquer la situation du Kenya. Dans ce pays, l'élection présidentielle a abouti à deux semaines de violences politiques et ethniques. Le Président sortant Mwai Kibaki a été officiellement déclaré victorieux par la commission électorale avant que son président ne ploie sous les pressions. Son principal challenger, l'opposant Raila Odinga, ne reconnait pas sa défaite dénonçant des fraudes que confirment les observateurs internationaux. La première évocation officielle de cette situation par le Chef de l'Etat Laurent Gbagbo date du 4 janvier dernier en présence de Yanon Yapo, Président du Conseil constitutionnelle. Une institution qui contrôle la régularité de la présentation des candidatures, l'éligibilité des candidats, le déroulement du scrutin et le dépouillement des votes en ce qui concerne l'élection du Président de la République. Et lors de sa récente tournée dans l'Agneby, Laurent Gbagbo n'a manqué aucune occasion de parler du Kenya. Nous allons aux élections et je voudrais lancer un appel aux partis politiques. Regardez ce qui arrive au Kenya. Les gens croient que s'ils perdent une élection, ils sont morts. Donc quand on annonce les résultats, ils sont déjà sur le pied de guerre. Mais pourquoi ? Les élections ne sont pas faites pour préparer la guerre , a conclu le Chef de l'Etat à la dernière étape de sa tournée à Adzopé Samedi. La récurrence du thème inquiète. Pour qui connait Laurent Gbagbo, la fortuité n'a pas de place dans son discours et son action. Lorsque peu avant la présidentielle de 2000, il évoquait les cas de Milosevic et Abdou Diouf certains n'y on pas prêté attention. La suite est connue. C'est pourquoi, sans procès d'intention aucune, la suspicion est légitime en ce qui concerne les intentions du Candidat Gbagbo à la présidentielle à venir. Tout se passe en effet comme s'il préparait l'opinion à quelque chose, comme s'il voulait lprendre les Ivoiriens à témoin. Son attitude - son jeu de charme à Yanon Yapo devant ses parents et ses incessantes allusions au syndrome kenyan? est source d'inquiétude. D'autant qu'elle laisse clairement croire que Gbagbo n'entrevoit nullement sa défaite à lui. Dans une compétition où tous les candidats sont censés partir sur le même point d'égalité, de quel droit l'un de ceux-ci, fût-il l'actuel président, menace-t-il de s'interposer à ceux qui, ayant perdu les élections, s'adonneraient à la violence? et si c'était Gbagbo lui-même le vaincu ? Il peint un tableau dans lequel il est le Chef de l'Etat sortant qui gagne les élections et les opposants qui refusent leur défaite. N'a-t-il pas usé du même stratagème face au général Guéi en 2000 ? Il est le Chef de l'Etat sortant et est présumé avoir un contrôle total sur tout l'appareil de l'Etat notamment la grande muette. De là à penser que la tentation Kibaki est très forte chez lui, il n'y a qu'un pas vite franchi. Le chef de l'Etat saura t-il prendre assez de hauteur pour ne pas succomber à cette tentation? Personne ne peut le gager. Quoiqu'il pense alors pendant ces élections, le Chef de l'Etat doit comprendre que la Côte d'Ivoire n'est pas le Kenya et que les contextes sont extrêmement différents. Ouattara ou Bédié ne sauraient être Odinga. La Côte d'ivoire sort de guerre. L'intérêt général doit être le souci de tous.
KIGBAFORY Inza

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