mercredi 9 janvier 2008 par Le Rebond

Le riz est une denrée importante. Il est à l'heure actuelle, le principal aliment de base des populations ivoiriennes. Sa valeur n'est plus à démontrer. La filière riz occupe une importante frange de la population. Malheureusement, la production nationale de ce produit tant prisé n'arrive pas à combler les besoins des consommateurs, présentant ainsi de réels risques sur l'économie nationale. L'analyse de la structure de l'offre internationale indique qu'à peine 5 à 7% de la production mondiale est destinée au marché où s'approvisionnent nos pays. De plus, ce volume représente les stocks de sécurité des grands pays producteurs. C'est dire que le moindre déséquilibre interne de ces pays est préjudiciable à la sécurité alimentaire de nos Etats. De même, le dépérissement de l'offre des produits alimentaires, constaté cette année, s'est traduit par la hausse brutale des prix desdites denrées sur le marché international. Ces hausses ont été immédiatement répercutées sur notre marché intérieur, aggravant ainsi la situation des ménages déjà si durement éprouvés par la situation sociopolitique. Par la baisse de leur pouvoir d'achat, on dépense plus pour la même quantité et la même qualité. L'importation de riz dont le volume s'accroît de plus en plus, occasionne, outre la dépendance, d'importantes pertes de devises. A titre d'exemple, les importations de riz sont passées de 91,3 milliards en 2003 à 152,3 milliards en 2006, soit une progression de 40,05% sur la période, représentant une part importante de nos réserves de change. Préserver ces réserves, c'est donner plus de possibilités aux financements de notre économie. Pour être à l'abri de ces aléas de rupture ou de surenchère, source de déséquilibre au niveau de la balance commerciale, il est plus que d'actualité de s'interroger sur notre dépendance à l'égard de l'extérieur. Raison pour laquelle toute initiative qui remet en scelle la volonté de l'Etat de développer une politique d'autosuffisance alimentaire réaliste, axée sur la modernisation de la production de denrées alimentaires de grande consommation, telles que le riz doit être saluée. Le pari de l'autosuffisance en riz en Côte d'Ivoire est tenable. Cette conviction est fondée sur une volonté politique constante de faire de la production rizicole, un axe prioritaire de développement économique et social. La mise en place de structures techniques, comme l'ex-Soderiz dans les années 1970, la CIDV dans les années 1980, et aujourd'hui l'Anader et le Programme National Riz (PNR), depuis les années 1990 en est une parfaite illustration. En outre, les potentialités naturelles, l'organisation des producteurs, de même que les variétés à hauts rendements obtenus grâce aux recherches des structures d'encadrement et de prospection comme l'Adrao et le Cnra, constituent des atouts à valoriser. Au regard de ces avantages comparatifs, il ne peut être admis que notre pays continue d'importer près de 60% de sa consommation nationale en riz. Cette grande dépendance représente un gros risque. Aujourd'hui, il est plus que nécessaire que tous les acteurs de la filière, notamment les producteurs, importateurs, administrations publiques, Ong, usiniers, commerçants etc, s'impliquent dans la détermination de la politique de développement de ce secteur hautement porteur d'emplois et de revenus, et donc de création de richesse. Ce faisant, une partie substantielle du revenu national initialement affecté au financement des importations, pourrait être allouée à d'autres priorités de développement. L'Etat pour sa part, pourrait appuyer cette démarche par la mise en place des facilités requises, notamment en matière de financement de l'ensemble des opérations de la filière, à travers la mise en place d'un fonds spécialisé.

Evariste Nguessan
nguevas@yahoo.fr

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