mercredi 9 janvier 2008 par Le Matin d'Abidjan

La disparition de Serge Pacôme Aoulou soulève un problème d'actualité : le paysage des médias ivoiriens qui se vide de jour en jour de ses bonnes graines.

Ben Soumahoro, Danièle Boni Claverie, Georges Taï Benson, Joseph Diomandé, Serge Pacôme Aoulou, Eugène Dié Kacou ont certainement crevé l'écran ! Ils ont assurément marqué les Ivoiriens. Atta Koffi, Diégou Bailly, Noël X Ebony sont pour leur part des noms de la presse écrite. Ils ont fait les beaux jours de certains organes de presse ivoiriens. Sur les antennes de la radio ivoirienne, des voix comme celles de Bailly Zogbo sénior, Suzanne Pokou Lopez, Paul Ameway n'ont laissé personneNindifférent. Téléspectateurs, lecteurs et auditeurs considéraient ces ''grosses têtes'' de la télé, la radio et de la presse écrite comme des demi dieux. Car non seulement par la magie des ondes et des plumes, ils étaient de vraies légendes dans leurs domaines, mais le trait d'union qui les caractérise, c'est inconstablement leur fougue et la grande passion avec laquelle ils faisaient leur travail. Qui ne se souvient pas aujourd'hui des émissions comme ''GTB reçoit'' de George Benson, ''Le fauteuil blanc'' de Mamadou Ben Soumahoro, ''Le JT'' de SPA (Serge Pacôme Aoulou) ! Bien des lecteurs ont certainement en mémoire ces grandes interviews ; comme celle que le père de la révolution burkinabè, Thomas Sankara, a accordée à Diégou Bailly dans les colonnes de Ivoire Dimanche, magazine de référence à l'époque. Beaucoup sont les Ivoiriens qui ont encore en mémoire les ''édito'' signés Atta Koffi dans ''Fraternité Hebdo, dont il était le rédacteur en chef. Mais avec le temps, chaque jour qui passe voit ces dinosaures s'éloigner de la sphère des médias. La mort a eu raison de certains. C'est le cas avant-hier de Serge Pacôme Aoulou, de Paul Améway, bien plus tôt etc. Certains ont préféré embrasser la politique. Témoin: Mamadou Ben Soumahoro, ancien membre du Rassemblement des républicains (RDR), actuel député de Bako, dans le Nord de la Côte d'Ivoire. Danièle Boni Claverie, ancien ministre de la Communication est aujourd'hui pour sa part présidente d'une formation politique : l'URD (Union républicaine pour la démocratie). Comme des électrons, certains gravitent actuellement autour de la sphère de l'environnement de la presse et des médias. Il s'agit notamment d'Eugène Dié Kacou, nommé président du Conseil national de la presse (CNP), organe de régulation de la presse écrite. Quant à Diégou Bailly, ancien patron du célèbre journal ''Le Jour'', il est à la tête du Conseil national de la communication audiovisuel : CNCA, gendarme de la réglementation du secteur audiovisuelle. Atta Koffi, après une infructueuse expérience dans la formation de journalistes (Ecole Africaine de journalisme, EAJ), a déposé ses valises au village depuis quelques années. Il est devenu le chef du village de Tano Koffikro, dans la sous-préfecture de Koun-Fao. Aujourd'hui donc, cette vague de journalistes et hommes de média connaît des fortunes diverses. Dans tous les cas, leurs chaudes voix, leurs coups de gueule, leurs plumes si alertes, manquent terriblement aux radios, télé et journaux ivoiriens. C'est un monument Quand il avait le micro, c'était un régal. Il aimait s'écouter parler. Il aimait bien qu'on l'écoute., a dit Brou Aka Pascal, avant-hier, au cours du journal télévisé de 20 heures, parlant de Serge Pacome Aoulou, quelques heures après son décès. Il y a donc un vide, laissé par ces légendes des médias ivoiriens, à combler. Georges Benson n'hésite pas de dire ses quatre vérités quand il parle aujourd'hui des médias audiovisuels : c'est nul ce qui se fait aujourd'hui à la RTI , martelle-t-il. En ce qui concerne la presse écrite, elle est constamment clouée au pilori. Surtout pendant les heures chaudes qu'a connues la Côte d'Ivoire avec la crise. Si les raisons de cet état de fait sont énormes, il reste que le manque de formation et de perfectionnement des hommes de médias occupe une place de choix. Courant mi-décembre passé, au cours d'un séminaire de formation, organisé par l'ambassade des Etats-Unis à l'intention des journalistes débutants, Serge Pacôme Aoulou a indiqué qu'en terre ivoirienne, ce ne sont pas de talentueux journalistes qui manquent à l'appel. Mais ce qui fait défaut, c'est le bon encadrement et la formation accrue C'est donc un véritable carton rouge que ce professionnel aguerri de la communication a décerné à la presse ivoirienne avant de tirer sa révérance.

Marcel Appena

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