mercredi 9 janvier 2008 par Le Matin d'Abidjan

La reconnaissance du ventre n'est assurément pas l'une des meilleures qualités de Kouadio Konan Bertin. Sur la question, les lignes qui suivent, sont fort édifiantes. Révélations.

Le leader des jeunes du parti démocratique de Côte d'Ivoire (Jpdci) est depuis quelque temps à la man?uvre. Jugé timoré par ses adversaires internes, Kouadio Konan Bertin, plus connu sous les initiales de KKB, a décidé de confondre ses détracteurs. Cela en se présentant non pas comme une femmelette mais un vrai mâle ayant de la grinta. A chacune de ses apparitions publiques, l' éternel jeûnot du Pdci ne manque pas de cracher du feu contre le régime de la Refondation et particulièrement le président Laurent Gbagbo qui passe désormais pour sa cible privilégiée. Il ne manque aucune occasion de le flétrir. Et cela en des termes bien choisis. On a encore en mémoire la sortie de KKB, le samedi 15 décembre 2007 à Dimbokro, où devant un public tout acquis à sa cause, l'homme a divagué en ces termes : () L'argent de Gbagbo c'est quoi ? Un petit professeur, historien, sans domicile avant-hier, qui aujourd'hui, vient vous distribuer l'argent et vous avez le sentiment qu'il est arrivé. Mais mes chers parents, je vais vous dire une chose. On a dit qu'il y a des peuples qui sont justes bons pour danser et chanter. Mais est-ce que Gbagbo a démontré le contraire depuis qu'il est là ? Peut-être qu'un jour, les Blé Goudé, Zadi Kessy, Djédjé Mady, Guikahué, Séry Bailly vont démontrer le contraire mais pour l'instant, la vérité c'est que Gbagbo ne nous a pas apporté la paix. Au contraire, nous souffrons depuis qu'il est arrivé. C'est un Woody. Tout ce qu'il sait faire, c'est la guerre, de lever l'épée, de couper le pays en deux. Puis, passée la trouille née de la rumeur de son arrestation imminente par le procureur de la République pour offense au chef de l'Etat, et après avoir perdu son latin devant les agents de la brigade des recherches qui voulait en savoir davantage sur ses dires, le président de la JPDCI retrouvera sa glose venimeuse le 5 janvier dernier à Arrah : () Si Gbagbo veut qu'on le respecte, qu'il laisse les Ivoiriens aller aux élections. () J'ai décidé désormais de changer. J'ai décidé d'épouser les réalités du moment, car je suis comparable maintenant à l'eau et je prendrai la forme du récipient qui me contiendra désormais. Le Fpi trouvera en face de lui un nouveau KKB. Quand Gbagbo donne un coup, il faut donner un coup. Un aveugle, quand tu marches avec lui sur la piste, il faut de temps en temps, lui donner des petits coups au ventre pour qu'il sache qu'il n'est pas seul. Je suis désormais décidé à porter des coups et des vrais coups au Fpi en lui disant la vérité . Il n'en fallut pas davantage pour que dans l'entourage du chef de l'Etat, l'on se déchaîne en faisant des révélations sur Kouadio Bertin. On apprendra ainsi, de sources bien introduites, que l'homme qui s'est donné pour nouvelle mission de salir partout, où il passe, l'image du chef de l'Etat, a plus d'une fois bénéficié de la générosité de ce dernier. Une largesse qui a atteint son pic en 2003. En cette année-là, confient des sources, le vieux parti doit procéder au renouvellement des instances de ses structures spécialisées. Et ce sont les jeunes qui ouvrent le bal. Le congrès électif qui s'annonce, cause alors de gros soucis à KKB qui est dans le starting-block. Il sait que pour espérer triompher de ses adversaires, il lui faut de l'argent et même beaucoup d'argent. Le président Aimé Henri Konan Bédié, rentré, il y a peu, d'exil, après sa chute du pouvoir en décembre 1999, ne peut lui être d'un grand recours. Il lorgne alors du côté de la présidence dont le caractère généreux du locataire a dépassé les frontières de la Refondation. Mais comment y accéder ? Le patron des jeunes du Pdci s'ouvre sur la question, à un parent maternel, bien introduit au Palais, et avec lequel il entretient de bonnes relations. Dans sa plaidoirie et certainement pour mettre toutes les chances de son côté, il jure d'être redevable à son futur donateur. Il se laisse même aller à des considérations tribales en développant des arguments du genre : Gbagbo est mon vieux père?. Il est de Gagnoa, moi je suis de Lakota. Nous sommes donc des parents après tout. Alors aidez-moi. Calcul politicien ou simple générosité légendaire de Laurent Gbagbo, toujours est-il que quelques jours plus tard, Kouadio Konan Bertin se voit arrosé de la rondelette somme de 20 millions de Fcfa de la part du président de la République. L'argent enveloppé dans un sachet lui est versé en mains propres, à Cocody, par un proche de ce dernier, cadre de Lakota et auprès duquel le jeune leader a de solides entrées. La suite, on la connaît. Fort de cette lourde enveloppe, le nouveau millionnaire n'aura aucune peine à étaler ses concurrents au congrès du 29 mai 2003. Si on en croit notre informateur, la sollicitude du grand patron à l'endroit de KKB se poursuit jusqu'au jour à aujourd'hui avec notamment de fréquents appuis financiers même si, dit-on, ceux-ci ne sont plus aussi importants que le jackpot de 2003. Les membres du bureau national de la Jpdci ont-ils connaissance des agissements souterrains de ce dernier ? Ce n'est pas évident, surtout quand on connaît les rapports que KKB entretient avec les liasses de billets de banque. Les initiateurs de l'accord du café de Versailles,-qui a mis fin aux affrontements entre jeunes, nés du lancement des audiences foraines en juillet 2006-, en savent quelque chose. Eux qui se sont vu exiger une prime à la signature par KKB, même si par la suite, sous la poussée de la direction de son parti, il fera marche arrière. Un jeu trouble qui lui vaut depuis plusieurs années, l'inimitié de Jean-Claude Atsé, leader du Forum des jeunes du Pdci , son plus farouche adversaire au sein des vert et blanc ivoiriens.

Géraldine Diomandé

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