jeudi 27 décembre 2007 par Le Patriote

Une veille de Noël mouvementée pour les Forces Nouvelles. Lundi 24 décembre au matin, peu après 10 heures, la quiétude des populations de Bouaké, fief de l'ex rébellion, est perturbée par des coups de feu en provenance des corridors Nord et Ouest. Des check point tenus par les chasseurs traditionnels communément appelés Dozos et quelques éléments du Bataillon du Génie militaire. La plupart d'entre eux sont de la compagnie Djaraminandjara de Ali Yéo et la compagnie des Guerriers de la Lumière de Mamadou Bamba. Deux compagnies placées sous l'autorité directe de Chérif Ousmane, commandant de la zone 3. Renseignements pris, il s'agit d'un mouvement d'humeur des Dozos. Ils réclament de meilleures conditions de vie et souhaitent être fixés sur leur sort dans le cadre du processus de DDR dont le lancement a eu lieu samedi conjointement à Tiébissou et Djébonoua : sont-ils concernés par les mesures de réinsertion sociale et de réhabilitation communautaire inspirées de l'Accord politique de Ouagadougou et opérationnalisées dans un programme national appelé PNRRC ? C'est pour avoir une réponse à cette question que les manifestants ont fait le coup de feu lundi à Bouaké. Ils ont d'abord fermé à toute circulation les corridors Nord (Axe Bouaké Katiola) et Ouest (Axe Bouaké Beoumi) où la plupart d'entre eux sont positionnés. Résultat : aucun véhicule n'était autorisé à entrer et sortir de la ville. Par moment, des coups de feu sporadiques en provenance du corridor Nord venaient troubler les paisibles populations. Ce qui a amené certains commerçants à fermer boutique. Les autres corridors (Sud, Est) fonctionnaient normalement. Le mouvement sera très vite circonscrit par la hiérarchie des Forces Nouvelles qui a, aussitôt, engagé des pourparlers avec les mécontents.
Le ministre Sidiki Konaté, porte parole, présent dans la ville depuis près d'une semaine , assisté du colonel Major Bamba Sinima, Directeur de cabinet du SG des FN, intervenait au nom de l'Autorité politique incarnée par le Premier ministre Guillaume Soro. Le général Soumaila Bakayoko, les commandants de zones Chérif Ousmane, Hervé Touré alias Vetcho (Zone 1 Katiola), Messamba Koné, directeur général des Forces Paramilitaires (Douanes, Eaux et Forêts) et leurs collaborateurs directs sont tous montés au créneau pour tenter de ramener les manifestants à de meilleurs sentiments. Absent pour la circonstance, l'officier adjoint des FN, commandant Issiaka Ouattara alias Wattao était représenté par son chef d'Etat major particulier plus connu sous le sobriquet de P.M . On apprendra plus tard que le Commandant Wattao était contraint de garder le lit en raison d'un état grippal. Plusieurs réunions de conciliation, de sensibilisation et surtout d'explication ont, ainsi, eu lieu dans la seule journée de lundi : une première au Centre culturel Jacques Aka et une seconde au QG du commandant Chérif Ousmane. La première, ouverte à la presse, a réuni l'ensemble des soldats de la zone tous corps confondus et la seconde, à huis clos, a concerné essentiellement les chasseurs traditionnels Dozos. Il s'est agi pour les hiérarques des Forces Nouvelles de faire aux soldats et Dozos mécontents une explication détaillée du 3e accord complémentaire de Ouaga qui consacre dix des quatorze articles qu'il comprend au volet militaire de la crise. Cela, afin qu'ils en saisissent les subtilités, en comprennent les avantages et inconvénients pour se l'approprier entièrement, à leur profit. Initialement prévue pour 10 heures, c'est finalement à 13 heures qu'a débuté la réunion du Centre Culturel Jacques Aka.

90 000 f par mois
à chaque soldat

Selon des sources dignes de foi, il a fallu gérer, d'abord, la tension née du mécontentement des Dozos et de certains soldats. La médiation a porté ses fruits puisque le calme est revenu dans la ville peu après cette première réunion. Deux interventions ont été enregistrées au cour de la réunion au Centre Culturel : celle du général Soumaila Bakayoko, Chef d'Etat major et celle du ministre Sidiki Konaté, représentant le Premier ministre et secrétaire général des FN. Revenant sur les événements malheureux du mercredi 19 décembre suite au mécontentement d'une centaine de bérets verts lors du paiement de la prime de savon, le général Bakayoko a expliqué que la Direction centrale du Commissariat des Armées (DCCA) n'avait pas en sa possession, ce jour là, suffisamment d'argent pour satisfaire tous les soldats bérets verts stationnés au camp d'Angouayaokro sur l'axe Bouaké Beoumi: La DCCA n'avait que l'argent de 500 éléments sur les 650 qu'il compte. Les quelques 150 éléments restant qui s'étaient alors sentis lésés ont fait un mouvement de contestation qui a porté ses fruits. Et depuis, le calme est revenu dans cette caserne. Selon le général Bakayoko, il n'y a pas d'incompréhension dans le paiement des primes de savons des soldats. A l'avenir, rassure-t-il, l'Etat major prendra toutes les dispositions utiles pour éviter pareil désagrément. En revanche, les soldats devront se garder de retomber dans une telle erreur : La solution n'est pas d'ouvrir le feu entre militaires du même bord. Entre factions ennemies, on s'y attend plus ou moins. Mais, des soldats qui tirent sur leurs chefs, cela n'est pas un comportement digne d'un militaire , conseille t-il avant de procéder à une explication minutieuse de l'accord complémentaire aux participants. A sa suite, le ministre Konaté, lui-même artisan dudit accord y est revenu longuement en demandant aux soldats de se l'approprier. Il a informé les soldats de ce que le montant des allocations forfaitaires mensuelles qui leur seront versés durant le processus DDR est fixé à 90 000 francs chacun. Une nouvelle qui a mis du baume au c?ur des participants qui ont applaudi à tout rompre tout en espérant que cette mesure salutaire entre en vigueur dans les plus brefs délais. Concernant les Dozos, le ministre les a rassuré en leur disant qu'ils seront eux aussi pris en compte dans le cadre du PNRRC. D'autant selon lui que les listes élaborées répertoriant les Dozos depuis l'époque du PNDDR, sous le gouvernement Diarra, existent et font foi. Par la suite, il a rencontré les Dozos pour leur faire part des mesures spéciales de réhabilitation arrêtées à leur intention: On ne peut pas finir de payer l'engagement dans une guerre. Personne ne sortira lésé dans l'affaire. Vous appartenez tous autant que vous êtes à un programme national d'un gouvernement dirigé par le secrétaire général des Forces Nouvelles. C'est une chance pour nous tous. On ne peut pas vous blaguer , a-t-il expliqué en filigrane. Avant d'informer que le Premier ministre est en train de tout mettre en ?uvre pour que le chef de l'Etat signe cette semaine le décret y afférent et que dans les semaines à venir, les modalités techniques pratiques seront connues : Il n'y a pas de trahison , a clamé le ministre Konaté. Au moment où notre équipe de reportage quittait Bouaké sur le coup de 15 heures, les Dozos avaient rangé leurs calibres 12 de chasse et la sérénité de mise dans la ville. Aux dernières nouvelles, une délégation de Dozos sera reçue à cet effet, aujourd'hui même, par le Premier ministre à Abidjan.
K.K.

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