mardi 18 décembre 2007 par Le Matin d'Abidjan

Que sont devenus les Casques bleus en poste à Bouaké, accusés de "nombreux cas d`exploitation et d`abus sexuels" au cours du mois de juillet dernier ? La question mérite d`être posée cinq (5) mois après la révélation de ce scandale car les mis en cause semblent jouir d`une impunité. Selon une enquête préliminaire de l`ONU, des éléments du contingent marocain de l`Opération des Nations Unies en Côte d`Ivoire (Onuci) ont eu des rapports sexuels répétés avec des jeunes filles âgées de 14 à 18 ans, en échange de rations alimentaires ou de quelques billets de banque. Pour nécessité d`enquête, les 730 soldats marocains avaient été consignés le 21 juillet dernier dans leur camp de Bouaké. Selon nos informations, ils auraient agi en toute impunité. Nos sources, en effet, font état de ce que l`enquête diligentée par les Nations unies n`aurait pas connu un dénouement. Pourtant, Jean Marie Guéhenno, le chef de l`opération maintien de la paix de l`ONU, avait affirmé en son temps que des sanctions fermes allaient être prises par rapport à ces agissements qu`il a lui-même qualifiés d`inacceptables dans les missions de paix. Une équipe mixte composée d`une mission onusienne et des autorités marocaines s`est même rendue en Côte d`Ivoire dans le but d`approfondir l`enquête préliminaire menée par l`ONUCI. Cela n`a été que la poudre aux yeux puisque, selon nos informations, les éléments marocains n`ont nullement été inquiétés. Depuis la fin du mois de novembre dernier, les 730 Casques bleus marocains viennent d`être redéployés un peu plus à l`Ouest du pays, notamment à Duékoué et également à Guiglo. Il est également fait état de ce que certains parmi eux sont retournés dans leur pays. Sans être sanctionnés évidemment. Ils ont été remplacés par les soldats du contingent bangladeshi. L`Organisation des Nations unies qui a annoncé dans la foulée de ce scandale son intention d`améliorer sa conduite et sa politique disciplinaire n`a pas tenu sa promesse. Cette bonne intention a donc été mise aux calendes grecques au moment où les esprits sont capitalisés sur l`exécution de l`accord de Ouagadougou. Des accusations d`abus sexuels ont régulièrement entaché des missions de maintien de la paix depuis plus d`un demi-siècle mais la première véritable affaire remonte à 2005. Des Casques bleus au Congo-Kinshasa entretenaient des rapports sexuels avec des femmes et jeunes filles contre de l`argent ou des rations alimentaires. Depuis, un code de conduite et une formation ont été mis en place pour tout le personnel onusien. Mais tous ces efforts ont été vains parce que des sanctions fermes n`ont jamais été prises contre ces éléments qui ont du mal à comprendre le sens de leur mission.

ROBERT KRA

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