mardi 18 décembre 2007 par Le Nouveau Réveil

Réélu, le dimanche dernier, à la tête du Séwé sport de San Pedro, le président Eugène Marie Diomandé a bien voulu se prêter aux questions de "Le Nouveau Réveil". Tout en évoquant ses futures ambitions personnelles et celles de son club, le président du Séwé jette un regard sur les Eléphants qui prendront part dans un mois à la CAN 2008 au Ghana. Président, le Séwé de San Pedro, vice-champion en 2006, est 13è, donc relégué en 2è division en 2007. Qu`est-ce qui n`a pas marché ?
Je crois qu`il n`y a pas eu d`erreur de gestion, de problème financier justifiant la chute relative du Séwé. Parce que beaucoup de clubs de l`intérieur, effectivement après campagnes africaines, ont eu une grosse dépression due à des problèmes financiers. Au niveau du Séwé, ce n`est pas le cas. Tout simplement, nous avons constaté que le système que nous avions mis en place au niveau des joueurs qui étaient des joueurs d`expérience et qui nous revenaient chers et que nous motivions à coups de centaines de mille de primes. Nous avions constaté que ce n`était pas un système rentable pour l`équipe elle-même. Puisque ces joueurs n`étaient exportables et ne créaient pas de retour d`investissement au niveau du club. Et la goutte d`eau qui avait fait déborder le vase, c`est leur indiscipline, leur mauvais comportement et leur esprit de mercenariat. Nous avons donc décidé à cet effet de crever l`abcès et de rajeunir relativement l`équipe. Nous ne l`avons pas fait de manière brutale. Il y avait des cadres que nous avions gardés, mais ceux-là se sont avérés une gangrène, c`est-à-dire qu`ils n`ont pas pu assurer le rôle de cadres sur le plan sportif. Parce qu`ils étaient au bout du rouleau. Et puis les jeunes qui ont été recrutés sans que le comité directeur n`y prenne garde n`avaient pas la qualité nécessaire. Nous avons dû traîner cet effectif médiocre et de qualité nettement inférieure par rapport aux objectifs du club. C`est un mauvais concours de circonstance qui a expliqué l`échec du Séwé cette saison provoquant cette surprise. Vous êtes quand même perdant puisque vous êtes en partance pour la D2 ?
C`est vrai que nous sommes au finish perdant. Mais vous savez, des fois, il y a des sacrifices à faire. Il faut, des fois, crever l`abcès et ne pas faire de pansement sur une jambe de bois. Je ne regrette pas du tout d`avoir effectué cette épuration au niveau des anciens joueurs qui étaient au Séwé. Seulement, l`erreur pour nous a consisté à ne pas changer rapidement les choses après notre accession à la Ligue des champions. Il aurait fallu tout revoir au niveau de l`encadrement technique, au niveau des joueurs eux-mêmes et prendre un effectif aguerri certes, mais un peu plus jeune et athlétique. C`est ce que nous avions payé tout au long de l`année. Ce sont donc des choses que nous allons rectifier. La preuve, je participe moi-même au recrutement de cette saison avec les entraîneurs et le comité directeur. Autrement dit, vous gardez le même encadrement technique ?
Oui, nous continuons avec Didier Ottokoré que nous avons recruté en toute fin de saison. Il a essayé d`apporter ce qu`il pouvait. C`est un très bon entraîneur. Je le tiens pour le futur grand entraîneur de Côte d`Ivoire. Ce garçon a des qualités certaines. Nous allons avec lui mettre fin à l`instabilité chronique de notre encadrement technique en lui proposant un bail de trois ou quatre ans. Ce qui lui permettra de travailler tranquillement et mettre à sa disposition des joueurs de bonne qualité aussi bien sur le plan athlétique que technique et vous verrez un autre Séwé. L`équipe sera peut-être en D2, mais aura un effectif de division de bonne qualité. Après votre réélection, vous avez dit que vous vous engagez à faire en sorte que le soleil du football se lève à San Pedro et se couche à la FIF. Quelle interprétation peut-on donner à ces propos ?
Ecoutez (Il marque une pause). Avez-vous encore des ambitions pour la présidence de la FIF ?
Pourquoi encore, ou bien vous estimez que la descente du Séwé en D2 devrait mettre fin à mes ambitions ? (Rires). Non, pas du tout Mes ambitions demeurent intactes et elles sont renouvelées. Elles existent et je vais les fortifier. Et j`agirai toujours dans ce sens. Parce que j`estime que c`est un rôle qui me conviendrait parfaitement. " Le soleil va se lever à San Pedro parce que le Séwé va être réellement dans les années à venir une des plates-formes, une des toutes premières équipes de la Côte d`Ivoire. Peut-être même la meilleure équipe de Côte d`Ivoire. Nous allons faire en sorte que cela soit ainsi. Et puis, il va se coucher sur la maison de verre parce qu`à la chute de mon mandat, je pense que je vais sans doute prendre les rênes du football ivoirien. Nous sommes à quelques jours de la CAN. En tant que spécialiste, quel regard y portez-vous et quelles sont les chances des Eléphants ?
La sélection ivoirienne est potentiellement la plus forte d`Afrique. Je dis bien potentiellement, au plan individuel. Mais cela n`est pas suffisant parce qu`une équipe, c`est surtout la complémentarité. De ce point de vue, la sélection ne nous rassure pas trop. A mon avis, il y a surtout un problème psychologique des joueurs ivoiriens. Ils sont conscients aujourd`hui de leur valeur. Ils sont conscients qu`ils évoluent dans de grands clubs. Et qu`il suffit de se présenter sur un terrain pour gagner. J`ai été les voir jouer contre l`Egypte à Charlety, j`ai senti une équipe agressive ayant envie de " tuer " rapidement un match. Ce sont des joueurs qui font plaisir, qui se regardent jouer et qui prennent leurs adversaires de haut. C`est là le danger, ce qui manque d`agressivité et cette volonté de s`arracher qui permet alors au talent de faire cette différence. S`il n`y a pas cette volonté au départ, le talent ne peut pas s`exprimer. Il faudrait alors faire très très attention à cette CAN. Selon vous, quelles sont les sélections favorites à cette CAN?
Je vois cinq sélections. D`abord, la Côte d`Ivoire, si elle corrige bien sûr ce dont je viens de vous parler ; le Mali qui a un gros potentiel et qui a des joueurs très complémentaires. L`Angola qui est un ensemble, pas trop séduisant, mais agressif et solidaire, le Maroc qui a un très bon collectif avec un rythme de jeu redoutable et le Ghana qui a un bon groupe de joueurs très déterminés et soudés et qui va évoluer sur ses bases.

Interview réalisée
par De Bouaffo à San Pedro

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