lundi 17 décembre 2007 par 24 Heures

Nonobstant la signature le 29 novembre dernier de l'accord complémentaire de Ouagadougou? prévoyant des élections en juin prochain, Laurent Gbagbo et son Premier ministre Guillaume Soro font presque l'unanimité sur l'idée qu'ils se sont donné encore du temps pour mieux se maintenir aux Affaires.

Si la confiance tient à un fil, il faut bien craindre que celui qui liait les signataires de l'accord de Ouagadougou aux Ivoiriens soit brisé.
Ou qu'il ne tient plus qu'à très peu de chose.
La promesse de Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro d'aller à des élections en juin prochain, déjà qu'elle est venue huit mois après la signature du premier accord de Ouagadougou, ne convainc presque personne.
Ni la classe politique, ni les anciens compagnons des deux ex- belligérants.
Accusant Soro d'insulter l'intelligence du peuple , les partisans du Sergent-chef ivoirien Ibrahim Coulibaly dit IB ont encore sonné la charge, hier.
L'accord de Ouagadougou a prévu 10 mois pour nous ramener la paix et organiser des élections transparentes, justes et démocratiques.
Mais nous sommes aujourd'hui à 10 mois sans résultat concret.
Que les deux ex-belligérants soient tombés d'accord sur d'autres dates pour le désarmement et le redéploiement de l'Administration ne justifie en rien la mise en application ferme de cet accord , estime Boyar Bakayoko, n°2 de l'Union Nationale pour le Renouveau (Unir), le parti de IB.
Une insistance de plus, pour le camp IB.
Car en début de semaine dernière, dans un entretien accordé à notre confrère Afrique magazine , IB a dénoncé, sans détours, un complot Gbagbo-Soro.
Leur plan est de maintenir un statu quo jusqu'en 2010, parce que chacun tire parti de la situation () C'est ça le deal , confiait un IB, qui déclare à qui veut l'entendre, qu'il reçoit, nuitamment, des émissaires de tous les côtés des acteurs ivoiriens.
Comment minimiser de tels propos ? Comme un spectateur qui assiste à un théâtre, non dans la salle du spectacle, mais dans les coulisses, le père de la rébellion?, Ibrahim Coulibaly, réfugié au Bénin depuis plus d'un an, est de ceux qui sont dans le secret des dieux.
Il a surtout le privilège de connaître la psychologie du Premier ministre , Guillaume Soro, pour avoir travaillé étroitement avec lui au sein de l'ex-rébellion, avant que leurs ambitions ne les séparent.
Les interpellations d'IB auraient pu être assimilées à un règlement de comptes avec le Premier ministre, si l'entourage même de ce dernier ne s'était laissé aller à quelques propos traîtres.
En septembre dernier, en effet, Sindou Méité, le porte-parole de Guillaume Soro, n'avait pas démenti les suspicions sur l'idée que les accords de Ouagadougou soient un théâtre de l'ombre visant à prolonger une cohabitation entre les deux ex-belligérants : Laurent Gbagbo et Guillaume Soro.
Si la transition doit durer six ans, elle durera six ans , indiquait un Sindou Meité qui, dans son rôle, ne peut être soupçonné d'agir contre les intérêts de son chef.
Comme si un traître-mot ne vient jamais seul, la sortie de son porte-parole a été précédée de celle d'un Guillaume Soro déclarant, en juin dernier, la guerre au fétichisme des dates .
Ex-membre fondateur du Front Populaire Ivoirien (Fpi), Anaky Kobena du Mfa, en novembre dernier, a ouvertement soupçonné Laurent Gbagbo, son ancien compagnon de lutte, de vouloir s'éterniser au pouvoir .
Mais, c'est l'entêtement des ex-rebelles de remanier le gouvernement, sans qu'on en sache l'utilité, qui fait tilt chez le président du Pdci, Henri Konan Bédié, en novembre dernier.
L'accord politique de Ouagadougou qui a suscité tant d'espoir n'est-il pas en passe de succomber comme les précédents accords et résolutions de l'Onu aux man?uvres de confiscation du pouvoir ourdies par le Fpi ? , s'est interrogé Bédié, accusant ouvertement Laurent Gbagbo de vouloir doubler (ndlr : jusqu'en 2010) le temps légal de son mandat .
Au ban des suspects pour tentative de roublardise , les deux ex-belligérants sont épinglés à l'épreuve du terrain.
Le désarmement des ex combattants et le démantèlement des milices sont prévus pour démarrer le 22 décembre prochain, selon l'accord dit complémentaire de Ouagadougou du 29 novembre.
Tout porte à croire que ce sera un rendez-vous manqué.
Le Commandant Wattao, Cema adjoint des Forces Nouvelles, fidèle parmi les fidèles de Guillaume Soro, s'élève contre tout fétichisme des dates (décidemment !).
Jamais naguère, Laurent Gbagbo et un Premier ministre n'auront fait l'unanimité sur leurs intrigues politiques, réelles ou supposées.
Peut-être, est-ce parce que cette fois, l'entourloupette est plus visible, ou que l'opposition se soit mûrie à l'ombre des promesses toujours faites, mais jamais tenues du palais présidentiel ivoirien.
La communauté internationale, elle, semble avoir choisi d'accentuer l'étau.
Pas question pour les bailleurs de fonds de déroger sur le délai de 10 mois fixé pour l'aboutissement du processus électoral, ni de délier le cordon de la bourse sans un chronogramme détaillé pour y parvenir.
La licorne ne devrait pas non plus réduire ses troupes d'un seul soldat, avant des élections en Côte d'Ivoire.
Conséquence : Laurent Gbagbo a dû assurer le président français Nicolas Sarkozy que la date de juin sera bel et bien celle de la présidentielle.


Benoît HILI


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