mercredi 12 décembre 2007 par Fraternité Matin

Vendredi dernier, à Yamoussoukro, se sont achevées les 39es assises de l'Union internationale de la presse francophone.
Côte d'Ivoire, terre interdite ou espace à éviter du fait de la guerre? C'est tout cela, à la fois, sans doute, que 200 membres de l'espace francophone, de par leur présence, ont tenu à exorciser en participant, d'abord à Abidjan, ensuite à Yamoussoukro, en terre ivoirienne, aux 39èmes sessions de l'Union internationale de la presse francophone (UPF). Pour un pays qui sort d'une si longue crise, cela est bon à prendre. On comprend alors, le sens des mots du Premier ministre, Soro Guillaume, quand il disait, entre autres, à la cérémonie de clôture de ces assises à Yamousoukro: Il faut que le taux d'insécurité, 3%, soit revu à la baisse. Un plaidoyer en faveur de son pays, parce que cet indice pénalise la Côte d'Ivoire qui sort certes difficilement d'une crise, mais qui accomplit des résultats nés de l'Accord de Ouagadougou. Sans s'étendre outre mesure sur cet Accord, il a tenu à rassurer les uns et les autres, sur les perspectives qu'il offre, qui permettent à la Côte d'Ivoire d'avoir un lendemain heureux. En cela, ces assises, au-delà du thème générique, et des sous-thèmes, ont été un succès. Au double point de vue de l'organisation (Voir Les résolutions de Yamoussoukro) et de la présence massive des participants aux différents thèmes. Comme si cela correspondait à une immense attente des uns et des autres. Voir et découvrir un pays qui chante qu'il sort de crise En tout cas, les participants, tous unanimes, reconnaissent la parfaite organisation de ce grand rendez-vous du monde francophone, même si ont été laborieux les débuts ? pannes de cars affrétés par exemple- qui ont rendu pénibles le séjour, le premier jour.. Jusqu'à ce que le secrétaire général inamovible de cette Union, Georges Gros, se pique d'une colère non diplomatique, lors d'un dîner offert à l'UPF par le district de Yamoussoukro, pour demander la route au gouverneur.
Une chose est certaine, en ces assises, la Côte d'Ivoire, qui sort d'une longue crise, a montré à ses hôtes que, quelle que soit la situation qu'elle vit, elle reste égale à elle-même: terre d'accueil, terre d'hospitalité. Que des centaines de journalistes du monde Francophone décident d'y venir, pour célébrer la francophonie et, surtout, la solidarité dans les jours de malheur, n'est pas une entreprise gratuite. Elle témoigne certes d'une solidarité, mais, mieux, d'une forme d'élan d'accompagnement d'un pays qui a décidé de sortir d'une situation incertaine, pour s'inscrire, résolument, dans la trajectoire d'une société qui entend être ce qu'elle a toujours été : une terre fraternelle, une terre des fraternités tutoyantes. Et ils sont venus de partout, pour voir et témoigner, de l'effort d'un pays qui veut sortir d'une crise qui perdure. Que ces assises aient donné lieu à une sorte de procès de la presse ivoirienne, ne doit pas être considéré par les uns et les autres, comme une sorte de critique en règle de la même presse. Au contraire, comme l'ont dit certains intervenants des conférences, des Ivoiriens, c'était une manière de balayer devant leurs propres portes. Autrement dit, ils ne pouvaient parler que de ce qu'ils savent. Les réactions d'Amos Bénaho, président de l'Union des journalistes de Côte d'Ivoire, UNJCI, et de Dénis Kah Zion, président du Groupement des éditeurs de presse de Côte d'Ivoire, quoique normales, n'ont rien enlevé aux critiques pertinentes des intervenants. Au cours de ces assises, en effet, d'autres panélistes, non issus de la Côte d'Ivoire, comme Renaud de la Brosse, Maître de conférences à la Faculté de Droit et de Science politique de l'Université de Reims Champagne-Ardenne et autres, ont parlé de la Serbie (de 1986-2000), du sort des journalistes du Mali, du Niger, etc. Le moins que l'on puisse en dire, c'est que ces 39es assises ont été une belle occasion pour le monde francophone de voir et de témoigner de la Côte d'Ivoire. Un pays qui se bat pour sortir d'une crise qui a plombé son avenir; lui, naguère, terre si tranquille.
Option : Dividendes
Jamais sans doute une manifestation de journalistes n'aura atteint un si haut degré d'implication des autorités du pays hôte, avec au-dessus d'elles, le premier d'entre elles, le Président de la République, Laurent Gbgabo. Qui a mis à la disposition des organisateurs et donc de l'Union internationale de la presse francophone (UPF), entre autres, le somptueux hôtel des parlementaires de Yamoussoukro, avant les parlementaires. Privilège des privilèges! Privilège encore? Tout le monde, presque, tenait à être présent à ces assises, et surtout à y participer activement. Ainsi des autorités de la ville de Bouaké, fief des Forces nouvelles; de Yamoussoukro ville d'accueil. Déjeuner par-ci, déjeuner par-là, gouverneur et maire de la Cité des lacs, Directeur général des hôtels Président et des parlementaires tous étaient au four et au moulin. Pour que le séjour se passe agréablement. Chapeau encore au Comité d'organisation de UPF Côte d'Ivoire. Combien de nos francs l'Etat de Côte d'Ivoire y a englouti? Des centaines de millions. Peut-être plus, peut-être moins. Qu'importe. En ces périodes de vaches maigres, où l'argent manque le plus, où des urgences prioritaires à régler sont énormes, on pourrait bien se demander pourquoi une telle attention des autorités concernant ces assises ? Pourquoi et pour quelle nécessité, et à quel prix? Eh bien, c'est un prix qui n'a pas de prix. Parce qu'il s'agit, au-delà du thème générique Médias, démocratie et paix, d'un enjeu qui est de taille: le repositionnement d'un pays, flagellé de part et d'autre, voire marginalisé, du fait d'une crise qui perdure. Que la Côte d'Ivoire s'empare de cette rencontre importante, sensible à ce qu'elle peut lui apporter, en terme de crédibilité surtout au niveau international; elle jugée infréquentable, destination dangereuse - l'indice d'insécurité est à 3- est tout à l'honneur de ses autorités. Qui y ont vu, comme le disait le ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané, à la cérémonie d'ouverture, à l'hôtel Ivoire, un symbole positifun investissement très rentable pour la Côte d'Ivoire. Aussi a-t-il salué les efforts financiers non inutiles du Chef de l'Etat, qui sont allés au-delà même des attentes des organisateurs. On comprend pourquoi le nouveau président de l'UPF, Alfred Dan Moussa, avant que commencent les assises évitait que l'on les résume à une question financière. Comme il a eu raison.
Michel Koffi
Hervé Bourges, président d'honneur de l'UPF : Le journalisme, c'est le plus beau métier du monde?
Le journalisme est un métier difficile, exigeant. Mais c'est un beau métier. C'est le plus beau métier du monde. Encore faut-il l'exercer avec retenue, avec conscience tout en étant capable de prendre des risques. Plus que de simples paroles, ces propos d'Hervé Bourges ont valeur de testament pour celui qui aura été, pendant sept années, le président de l'Union internationale de la presse francophone (UPF). Celui-ci ne terminera pas son mandat, pour la raison suivante. J'ai décidé de passer la main à un plus jeune, en l'occurrence à Alfred Dan Moussa. Je suis de ceux qui condamnent le fait que l'on s'attarde trop longtemps au pouvoir, justifie-t-il. Formateur émérite, président de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille et ancien président de plusieurs chaînes de télévision et de radio françaises, il aura placé ses années à la tête de l'Union, sous le sceau de l'ouverture. Ma priorité a été d'ouvrir l'UPF à la Francophonie dans le monde en sortant du duo traditionnel de quelques Etats européens () qui sont naturellement francophones et du carré important issu de la colonisation qui est l'Afrique, affirme-t-il. En fin connaisseur de l'Afrique et singulièrement de la Côte d'Ivoire, Hervé Bourges se réjouit de la paix qui pointe à l'horizon. On sent bien un peuple qui a envie de s'unir, qui a envie de la paix, qui a envie que les prochaines échéances électorales se passent non pas dans l'antagonisme confusionnel mais dans un combat en toute loyauté entre des candidats que le peuple départagera. Les 39èmes assises ont été qualifiée de réussie par l'ancien président de l'UPF grâce à la qualité des travaux et la liberté des débats.
Focus : Bourges fait commandeur, Dan Moussa chevalier
L'hôtel Président de Yamoussoukro a abrité, dans la soirée du vendredi, le dîner de clôture des 39èmes assises de l'Union internationale de la presse francophone (UPF). Plus qu'un simple repas d'adieu, cette cérémonie présidée par le Premier ministre Guillaume Soro a été l'occasion pour la nation ivoirienne de rendre hommage à cinq professionnels des médias dont quatre journalistes, à travers une cérémonie de décoration. Ainsi, le Français Hervé Bourges et l'Ivoirien Auguste Miremont, tous deux anciens présidents internationaux de l'UPF, ont été faits commandeurs de l'ordre national par le Chef du gouvernement. Le ministre Ibrahim Sy Savané de la Communication s'est ensuite acquitté de l'agréable devoir d'élever au rang de chevalier de l'ordre national, Alfred Dan Moussa de la Côte d'Ivoire et Georges Gros de la France, respectivement président et secrétaire de l'Union. Mme Martine Coffi Studer, bien qu'absente, figurait au nombre des récipiendaires. En sa qualité de ministre de la Communication d'alors, elle s'était personnellement impliquée pour que la candidature de la Côte d'Ivoire soit retenue aux précédentes assises de Bucarest. MM. Sy Savané et le doyen des récipiendaires Hervé Bourges, sont intervenus après cette cérémonie de décoration. Tous deux ont fait remarquer le caractère singulier de cette distinction et ont surtout exhorté les journalistes à mériter la reconnaissance de leurs pairs en exerçant leur travail en toute responsabilité, pour le bien des lecteurs. L'ultime acte de cette soirée a été le bal populaire au cours duquel les convives ont montré qu'ils maîtrisaient tout aussi bien la plume que la danse, et singulièrement la salsa.

Hervé Koutouan
Envoyé spécial
koutouan@fratmat.info


Les résolutions de Yamoussoukro

L`Union internationale de la presse francophone (UIPF), réunie en assises du 2 au 7 décembre à Abidjan et à Yamoussoukro (Côte d`Ivoire), - Adresse ses plus vifs remerciements à la Cote d`Ivoire, à son Président Laurent Gbagbo, son Premier ministre Guillaume Soro, son ministre de la Communication Ibrahim Sy Savané, son ministre de la Culture et de la Francophonie, Augustin Kouadio Komoé ainsi qu`à toutes ses équipes et en particulier le comité d`organisation qui ont contribué au succès de ces 39èmes assises. - Réaffirme que le respect des droits fondamentaux de l`Homme et du citoyen et en particulier, la liberté d`expression sont étroitement liés à l`existence d`entreprises de presse pérennes et de journalistes travaillant en toute indépendance. - Demande en conséquence aux Etats d`assurer aux entreprises de presse et aux journalistes des cadres statutaires et un environnement démocratique, juridique, économique, fiscal et technique favorable et adapté aux nouvelles évolutions du marché et du droit international relatif aux médias et en particulier aux réseaux internet. - Demande aux autorités politiques et juridiques du Niger de procéder à la libération de deux journalistes, le correspondant de RFI Moussa Kaka, et le directeur d`Aïr Infos, Ibrahim Manzo Diallo, emprisonnés pour avoir rencontré des opposants touaregs en rébellion armée. - Demande également aux autorités de la Serbie d`intensifier les efforts de leurs services de police en vue d`identifier et de retrouver les assassins de trois journalistes, Dada Vujanovic, Slavko Curuvija et Milan Pantic, tués entre 1994 et 2001 en ex-Yougoslavie. - Apporte son appui au projet présenté par la délégation suisse de mettre en place une convention internationale de protection des journalistes dans les pays en guerre ou en conflit. - Renouvelle son soutien à TV5, l`un des principaux outils au service de la francophonie et souhaite que ce lien entre les peuples ayant le français en partage soit conforté notamment en Afrique où elle est particulièrement indispensable. Par son statut multilatéral, TV5 doit poursuivre son action au service de la diversité culturelle et de la paix. - S`associe aux actions entreprises par le Comité international olympique (CIO) en faveur de " la paix par le sport" et de la défense des droits de l`Homme à dix mois des Jeux olympiques de Pékin.

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