mardi 11 décembre 2007 par Le Nouveau Réveil

En grève depuis le 03 décembre après les promesses du chef de l'Etat qui, jusque-là, n'ont pas été respectées, les agents des Eaux et forêts réclament la démission de leur ministre. Ils ont pris d'assaut le 13ème étage du ministère sis à la tour D.
M. Okéi Mathias, vous êtes le secrétaire général de la Coordination des agents techniques des Eaux et forêts de Côte d'Ivoire (CATEFCI). Avec le Syndicat national des agents techniques des eaux et forêt de René Paul Gesler (SYNATEFCI), vous entreprenez une grève qui a débuté le 03 décembre, pouvez-vous nous dire les raisons du débrayage des agents des eaux et forêts ?
Depuis le 10 novembre 2006, après un premier mouvement de grève, le président de la République nous a reçus en audience et nous a promis un statut militaire. Mais auparavant, nous avons préparé un statut particulier à notre coopération pour l'organisation même de notre ministère. Parce que nous avions constaté que les personnes qui venaient diriger notre ministère n'étaient pas des techniciens. Donc pour éviter que nous ayons un statut hybride, le président de la République a demandé la conception d'un nouveau statut incluant notre statut militaire, ce qui a été fait. Nous l'avons remis au ministre de tutelle pour acheminement. Après un mois, nous avons relancé une demande d'audience sans suite. Et donc depuis novembre 2006 jusqu'à ce jour, rien. Pourtant, un accord avec le ministère des finances avait été trouvé. Il faut rappeler aussi que notre travail permet d'engranger 300 milliards dans les caisses de l'Etat de Côte d'Ivoire par an. Et le nouveau statut que nous réclamons coûtera seulement 7 milliards. Le 17 septembre dernier, après une rencontre avec le Premier ministre, il avait lui aussi demandé que notre situation soit régularisée. Le ministère de la Défense nous avait signifiés qu'avec ses juristes, ils avaient étudié la question et décidé que cela ne serait pas possible. Mais aujourd'hui, que dit le ministère de l'Environnement qui est votre ministère de tutelle ?
Le ministre lui-même fait preuve d'inertie, il use de man?uvre pour ne pas que la question de notre statut soit réglée. Parce que figurez-vous que si effectivement le statut militaire était accordé aux agents des Eaux et forêts, il perdait. Le ministère aujourd'hui est mal structuré. Nous demandons une régie financière. Parce que pour un corps qui engage près de 300 milliards, il faut forcement une régie financière. En créant cette régie, les recettes parallèles et les recettes directes seront centralisées ; ce qui est vu d'un mauvais ?il par le ministre. En plus de cela, si nous sommes dotés d'un statut militaire, nous n'allons plus dépendre de lui. C'est quand même étonnant parce qu'après la rencontre avec le président de la République et le 1er ministre, on avait cru que tout rentrerait dans l'ordre le plus vite possible et aujourd'hui vous voilà paralyser encore le ministère ?
Les gens n'avaient jamais pensé que les agents des Eaux et forêts pouvaient être aussi déterminés. Vous voyez le parcours depuis 2006, 2007 bientôt 2008, cela fait trop. Donc nous sommes plus que déterminés à aller jusqu'au bout. On a des camarades qui ont des armes comme nous et qui, pour des revendications ont tiré. Nous, c'est parce que nous sommes républicains et nous ne voulons pas effrayer la population. Justement, vous ne voulez pas effrayer la population mais il y a autre chose qui est faite pour ne pas arranger la population. Vous empêchez le camion qui transporte le charbon, le bois de grume d'avoir accès à leur zone de distribution, qu'en dites-vous ?
Aujourd'hui, vous reconnaissez que nous ne travaillons pas, nous sommes en grève. C'est nous qui signons les documents avant que ces différents produits soient acheminés. Nous n'avons pas signé et ils viennent, c'est donc de la fraude. Par conséquent, nous mettons fin à la fraude, en arrêtant les camions qui transportent les produits qui sont soumis à notre contrôle. Donc que la population sache que nous sommes en grève. Il n'y a personne dans les bureaux donc qui a donné l'autorisation ? Qui a signé les documents afférents ? Qui a fait le contrôle pour que ces camions-là chargent et procèdent à l'acheminement ? Nous voulons une restructuration du ministère et notre statut particulier. Aujourd'hui, quand on parle de la douane, on voit immédiatement le directeur général. Mais nous qui voit-on ? Toutes les structures sont rattachées au ministère, au cabinet du ministre
Aujourd'hui, le mouvement a pris une autre tournure. Le ministre, la semaine dernière a appelé à la reprise. Et au lieu de la reprise, c'est une autre exigence que vous demandez. Notamment la démission du ministre. Nous réclamons la démission du ministre parce que depuis le 03 décembre que nous avons déclenché la grève, nous avons dit que nous ne nous attaquons à personne, que les autorités prennent leur responsabilité. Le ministre ne peut pas aller sur les antennes de la télévision, sans nous consulter préalablement, et demander la reprise du travail. Comme si c'était lui qui avait lancé le mot d'ordre de grève. Donc les agents ont voulu prouver que ce n'était pas lui qui avait lancé le mot d'ordre de grève. Nous savons désormais que c'est lui qui empêche l'aboutissement de nos revendications. Pour cela, nous ne voulons plus de lui. Il ne faut plus qu'il mette les pieds dans ce ministère. Vous avez décidé d'aller jusqu'au bout de cette grève c'est vrai mais n'avez-vous pas l'impression d'être trahi quelque part ?
Nous, nous ne pouvons pas comprendre que le président de la République, chef de l'Etat, chef suprême des armées de Côte d'Ivoire, prenne une décision et puis rien n'avance. Nous ne pouvons pas comprendre cela. Le 1er ministre dit aux deux ministres, de l'Economie et de l'Environnement qu'il faut que quelque chose soit fait pour nous et on ne fait rien. Nous ne pouvons pas comprendre cela. Qu'est-ce qu'on attend pour régler le problème ? S'il faut faire un an de grève, nous la ferons jusqu'au bout. Même avec deux (2) agents. Jusqu'à ce que le document sorte mais pas n'importe lequel. Parce que l'indemnité, nous n'en voulons pas, il ne faut pas qu'on en parle parce que ce n'est pas la peine. Ce n'est pas le statut militaire qui nous intéresse mais la restructuration de notre ministère. Qu'on cesse les frustrations. Il faut cesser les frustrations. Nous demandons au président de la République de trancher cette affaire. Ce n'est pas l'armée qui nous intéresse, nous sommes fiers d'être des agents des Eaux et forêts. Nous disons aussi au ministre qu'il ne mettra jamais les pieds au ministère tant que le problème n'est pas réglé d'ailleurs, nous ne voulons pas de lui.
Interview réalisée par Jean Prisca

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