Si la honte tuait, Gbagbo serait déjà mort avant même de franchir le périmètre de la région des Savanes. Mais heureusement. Le chef de l'Etat a pu se rendre sans gêne à Korhogo, à Boundiali, à Ferké et à Tengrela. Gbagbo a même échangé avec les populations, les rescapés et parents des victimes des MI-24 d'hier. On se souvient qu'au plus fort de la crise, Gbagbo Laurent a décidé d'asphyxier ces mêmes habitants du nord. Ainsi donc, la première mesure prise à l'unanimité par le régime FPI était de tuer l'école dans cette localité. Les enseignants de la zone ont été rappelés et réaffectés chez les loyalistes et les résistants menacés de radiation parce que soupçonnés de collusion avec les rebelles. Mais quand cette guerre a échoué, Gbagbo a changé stratégie. Sa seconde trouvaille a été de priver les populations d'eau et d'électricité oubliant du coup que l'eau est source de vie. Conséquence, cette région a connu les maladies les plus graves et les plus anciennes. Des morts évidemment, il y en a eu .Et comme si cela ne suffisait pas, le régime s'est résolu de massacrer les populations. Cette fois-ci, Gbagbo passera à la vitesse supérieure. Des avions de guerre sont envoyés en mission recommandée. Les populations du nord, c'est le lieu de le dire, ont été massacrées, tuées. On a même pensé qu'entre le chef de l'Etat et les nordistes, le divorce était définitivement consommé. Mais qui l'eût cru ? Contre toute attente, Gbagbo se souvient qu'il a des frères dans la région des Savanes, des hommes et des femmes à qui il a failli ôter la vie. S'ils étaient morts, cette visite serait-elle possible ? Les populations, quant à elles, ne se sont posé de questions. Elles n'ont pas voulu rendre le mal par le mal. Et donc ont choisi de pardonner pour donner une bonne leçon au woudy, le seplou. Gbagbo, on ne sait avec quel visage, il a regardé les parents de Guillaume Soro mais ils se sont mobilisés massivement pour lui dire "Adanse, Fotamana". Un acte de haute portée que les acteurs de tous les partis doivent saluer. Et surtout qui doit inspirer le camp présidentiel pour prévenir désormais des dérives comme celles occasionnées par les MI-24.
DJE KM