samedi 1 décembre 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Les ivoiriens veulent la paix. Dès lors vous et moi même, n'avons d'autre choix Monsieur le président de la République que de nous y engager résolument. Monsieur le président, l'espoir est né. Il nous faut le concrétiser. En ce qui me concerne, ma détermination est sans faille. Monsieur le président, vous êtes bel et bien à Korhogo et la pluie des bals de kalachnikovs annoncée, n'a pas eu lieu. Je sais que tant de bruits et tant de commérages ont entouré cette visite. Tantôt on vous prédisait des embuscades mortelles. Tantôt aussi, on me mettait en garde contre une désagréable surprise que vous nous réserviez. Monsieur le président, il me faut tout simplement affirmer que la Côte d'Ivoire est une et indivisible et elle le demeurera. Monsieur le président, ivoiriens et ivoiriennes, est t-il juste de dire que rien n'a été fait 8 mois après la signature de l'accord politique de Ouagadougou ?
C'est le président du Burkina Faso qui récemment disait et je le cite De mes 20 ans de président de la République, après avoir participé à une vingtaine de négociations sur le Libéria, une dizaine de négociations sur la Sierra Léone , quelques négociations sur le Togo et j'en passe, je n'ai jamais vu un accord politique qui s'applique avec autant d'enthousiasmes et de convivialité que celui de Ouagadougou . Fin de citation. Monsieur le président, je ne veux ni tomber dans l'auto célébration, ni dans l'auto flagellation. Il me faut rappeler à titre de mémoire que c'est le 04 mars 2007 que nous signions à Ouagadougou un accord politique qu'il a fallu compléter le 26 mars 2007 par le premier accord complémentaire désignant le premier ministre de la République de Côte d'Ivoire. Le 29 mars 2007, j'étais nommé Premier ministre. Aussitôt 9 jours après, je mettais en place l'actuel gouvernement de Côte d'Ivoire. Monsieur le président, 9 autres jours plus tard, soit le 16 avril 2007, nous procédions ensemble au démantèlement de la zone de confiance et installions ensemble le même jour le centre de commandement intégré. Rappelez-vous Monsieur le président que ces actes avaient été qualifiés par certains de risques inconsidérés. Pourtant nous avons tenu à respecter nos engagements. Afin de permettre aux membres du gouvernement Monsieur le président de s'approprier l'accord politique de Ouagadougou et d'acquérir une feuille de route cohérente, nous organisions un séminaire à cet effet le 02 mai 2007. Le 23 mai 2007, le conseil des ministres adoptait la matrice de mise en ?uvre de l'accord politique de Ouagadougou déclinant ainsi en tâche les résolutions du dit accord en action concrète. Quelques jours seulement après, à l'occasion d'une de nos séances de travail au sommet de l'Etat, vous signiez deux décrets, celui portant nomination des préfets et celui affectant les magistrats dans les zone centre-nord et ouest. Entre temps, le 14 mai 2007, nous avons conclu la reprise de la coopération financière entre notre pays et les institutions internationales. Est-il juste Monsieur le président de dire que rien n'a été fait ?
Le 29 juin 2007 dans l'optique du lancement des audiences foraines alors initialement prévues pour le 05 juillet 2007, je me rendais à Bouaké pour procéder à l'installation des magistrats dans la dite ville, lorsque j'ai été victime d'un attentat meurtrier. Tout aurait pu s'arrêter là et la Côte d'Ivoire aurait pu replonger dans les méandres de l'incertitude avec son flot de morts, de blessés, d'orphelins, de veuves et de victimes. Ce même jour, faisant fi des frayeurs et des moments d'intenses douleurs face à tant de gâchis en vies humaines, en dépit du fait que mes plus proches collaborateurs luttaient contre la mort, et moi même j'étais mortifié dans l'âme, j'ai exigé pourtant que l'audience solennelle d'installation des magistrats soit maintenue . Est-il vraiment juste de dire que rien n'a été fait ?
10 jours seulement après l'attentat, je me suis rendu à Abidjan pour montrer ma détermination pour la paix. D'autres pourtant n'ont pas hésité à qualifier cet engagement, mon engagement de bravoure inconscient. Monsieur le président, renoncer à ce moment précis, aurait été tout simplement lâche. Tomber dans les accusations faciles aurait été tout simplement ridicule. Trouver les ressources nécessaires pour continuer la bataille de la paix me paraissait plus sage et c'est ce que j'ai fait. La flamme de la paix organisée à Bouaké le 30 juillet 2007, participait de la logique de redonner confiance à nos compatriotes et d'imprimer un nouveau souffle au processus de paix. Est-il juste de dire que rien n'a été fait ?
A toutes ces actions non exhaustives, on peut ajouter l'installation le 08 août 2007 du groupe de travail sur les audiences foraines et la reconstitution des registres d'état civil, le retour officiel des élus locaux, maires et conseils généraux le 16 août 2007, l'adoption du mode opératoire des audiences foraines le 24 septembre 2007 et le séminaire sur la mise en place du service civique le 19 octobre 2007. Est-il juste de dire que rien n'a été fait ?
Monsieur le président, durant toute votre tournée, vous avez vu les préfets et les sous-préfets à leurs postes de travail dans leur tenue d'apparat travaillant en toute quiétude et en toute liberté. Et ce n'est pas un acte symbolique . Ils sont bel et bien là. Ils sont au travail en parfaite harmonie avec les forces armées des Forces nouvelles. Les Forces mixtes du Cci opèrent sur l'ensemble du territoire ivoirien procurant la sécurité à tous. Est-il juste de dire que rien n'a été fait
Monsieur le président?
Pour le redéploiement des autorités préfectorales, j'ai vite demandé aux Forces armées des Forces Nouvelles et aux personnels civils des Forces nouvelles de renoncer aux prérogatives administratives exercées pendant 5 ans, sacrifice qu'ils ont accepté de consentir au nom de l'intérêt supérieur de l'Etat. Ce sacrifice a permis au corps préfectoral d'être à son aise dans les zones centre nord et ouest. Est t-il juste de dire que rien n' a été fait ?
Monsieur le président, les audiences foraines sont bel et bien une réalité. C'est bien le 25 septembre 2007 qu'elles ont été lancées sur l'ensemble du territoire sans incident, sans violence. Presque chaque jour, des sans papiers sortent pour acquérir leur citoyenneté. Est-il normal de dire que rien n'a été fait ?
Mesdames et Messieurs, il est assurément vrai de dire qu'il reste tant de choses à faire et à accomplir. Mais il est presque injuste de dire que rien n'a été fait. Jours et nuits, nous avons travaillé sans relâche, presque sans repos à la fois à Bouaké, à Abidjan, sur tous les fronts, le front social, le processus de sortie de crise sans oublier l'activité ordinaire du gouvernement dans un pays fort endetté. Si je comprends l'impatience des braves populations qui ont tant souffert, je voudrais avec votre permission, dénoncer la trop grande sévérité des jugements et des condamnations sans appel . Je ne me rechignerai pas face à l'ampleur de la tâche . Et nous avons besoin de soutien et d'appui. Il nous faut continuer à travailler et toujours aller de l'avant. C'est dans la perspective de la poursuite du processus de paix que vous et moi même avons signé ici hier à Korhogo le 29 novembre 2007 le deuxième accord complémentaire à l'accord politique de Ouagadougou désignant la société Sagem en qualité de d'opérateur technique chargé de l'identification et de l'inscription sur les listes électorales. Dès la semaine prochaine, quand je serai rentré à Abidjan, je recevrai cet opérateur et le mettrai aussitôt à la tâche. Aussi je vous propose Monsieur le président de la République une séance de travail avec tous les acteurs du processus électoral , les ministères et les structures concernées pour sonner l'heure de la préparation des élections. Monsieur le président, j'ai bien compris que toute la classe politique pour une fois unanimement s'impatiente pour l'organisation rapide des élections. Du reste, je m'y suis jamais opposé. La bonne identification des populations pour que chacun aie les papiers auxquels il a droit, me paraît aussi capitale que l'échéance électorale. Les élections méritent une préparation méticuleuse si nous les voulons transparentes et irréprochables. Ce n'est qu'à ce prix qu'elles seront un facteur de consolidation de la paix et de la démocratie. Ceci dit, qui peut douter ou insinuer que l'octroi de titre d'identité à nos concitoyens ne soit plus nos préoccupations majeures ? Qui mieux que nous a en à faire une revendication principale ? La question de l'identification est notre cheval de bataille. Monsieur le président de la République, le mardi 27 novembre, vous même, le président du Faso et moi même, avons convenu de poursuivre nos efforts pour une normalisation définitive de la Côte d'Ivoire. Ceci s'est concrétisé encore hier par la signature des deuxième et troisième accords complémentaires. Il s'agit de mettre en ?uvre le processus de désarmement, de lancer les opérations de service civique national, de procéder à la réunification de l'armée. Les généraux Mangou et Bakayoko nous donnent déjà le reflet d'une telle armée réunifiée. Monsieur le président de la République, vous voilà à Korhogo bel et bien vivant. Je dis bien bel et bien vivant, démontrant ainsi que le traumatisme du désarmement et de la guerre n'est que chimère. Le meilleur désarmement Monsieur le président que nous devons réussir c'est celui des esprits. Monsieur le président, le retour de la fiscalité notamment de la douane dans ces régions ( NDLR :des zones Cno) se fera dans le soucis du respect du principe de l'unicité des quêtes de l'Etat. Il faut alors que l'Etat étudie les modalités de la contrepartie telle que stipulé dans l'accord complémentaire signé hier. Monsieur le président, au nombre des leçons à tirer de cette visite d'Etat dans la région des savanes figurent les difficultés et les préoccupations des populations ainsi que celles des soldats des Forces armées de Forces nouvelles. L'allure du train de la réconciliation peut créer des angoisses, des inquiétudes certainement légitimes. Rappelez vous Monsieur le président comme en 1960 l'imminence de la proclamation de l'indépendance avait suscité tant d'espoirs. Mais aussi avait suscité des angoisses et des inquiétudes. La même inquiétude se lisait sur les visages. Etions nous prêts pour assumer les charges de l'Etat ? Etions nous prêts pour gouverner ? Du reste les lendemains de l'indépendance avaient faillient donner raison au plus pessimistes. Les coups d'Etats étaient légions. Certains de nos compatriotes en arrivaient presque à regretter l'époque coloniale. Aujourd'hui la réunification peut faire peur si tous ces contours ne sont pas maîtrisés. Eh oui, Monsieur le président, les mêmes angoisses et inquiétudes réapparaissent comme en 1960. Les populations se montrent quelques fois inquiètes. Alors elles s'interrogent , alors qu'elles se sont plus appauvris. Comment faire face aux charges des arriérés de consommation d'eau et d'électricité ? Comment payer les impôts de toutes ces années ? La grosse appréhension de l'inévitable inflation qui naîtra de cette réunification impose que nous en maîtrisions toutes les conséquences. C'est pourquoi, je vous propose Monsieur le président de la République et si vous en étiez d'accord, d'organiser au plus tôt les Etats généraux de la réunification. Seule une étude approfondie de la situation économique de ces régions pourrait permettre au gouvernement d'y apporter les solutions appropriées. Ce sera l'occasion d'évoquer tous les autres problèmes que les populations n'ont pas manqué de vous soumettre. Comme vous le savez Monsieur le président, les attentes sont grandes et les chantiers immenses. Aussi , je veux pouvoir compter sur la bonne foi de tous pour maintenir le cap de la paix, condition incontournable pour réaliser les mesures idoines convenues. Pour l'heure, votre visite d'Etat depuis le 28 novembre 2007 ouvre une nouvelle ère , celle de la consolidation de la paix, de la réunification du pays et de la préparation des élections. Que Dieu veille sur notre pays pour que vive une Côte d'Ivoire réunifiée et réconciliée sur elle même . Je vous remercie.
Retranscrit par T.AB

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023