vendredi 30 novembre 2007 par Notre Voie

Le président de la République, Laurent Gbagbo, a consacré hier, la deuxième étape de sa visite d'Etat dans la Région des Savanes aux départements de Boundiali et de Tengréla. Dans la première ville, il a annoncé plusieurs projets de développement pour soulager les populations sinistrées par la guerre.

En cinq années de crise, Boundiali a presque tout perdu. Au plan agricole, aucune culture de rente n'a procuré le moindre revenu aux paysans de ce département situé à 100 km de Korhogo. Au contraire. La production cotonnière a chuté, entre 2001 et 2006, de 45.000 à 20.000 tonnes. La culture de l'anacarde est autant sinistrée. Les récoltes perdues par les agriculteurs déjà endettés pour l'acquisition des intrants agricoles (engrais), se chiffrent en des milliards FCFA. Au plan sanitaire, le bilan de la crise est triste. Plus de dispensaire et d'infirmerie fonctionnels dans les villages, plus de médicaments dans les hôpitaux qui continuent de fonctionner comme celui du chef-lieu de département, Boundiali. Au plan scolaire, le corps enseignant préscolaire ne compte guère plus de 90 instituteurs là où les besoins avoisinent les 400 maîtres?. Evidemment, la guerre ayant chassé les fonctionnaires de cette zone, les enfants sont abandonnés aux enseignants bénévoles? appelés ici enseignants volontaires qui ont maintenu l'école sous perfusion pour empêcher ce que l'on appelle aussi désormais le génocide intellectuel? dans les zones ex-assiégées par la rébellion. Au plan des infrastructures routières, c'est la catastrophe. Les routes carrossables qui existaient avant le déclenchement de la guerre sont devenues des pistes et les pistes des sentiers. Des ponts sont détruits et des villages entiers sont enclavés depuis cinq ans.
Tel est, selon eux-mêmes, l'aperçu de l'état des lieux de la guerre? dressé par les porte-parole des populations. En criant ainsi la misère des habitants du département au président Laurent Gbagbo, Dr. Koné Dramane, président du Conseil général de Boundiali et M. Sanogo Mamadou, de la Commune de Gbon et porte-parole des cadres du département, ont plaidé pour un plan d'urgence? qu'ils ont alourdi par des doléances allant de l'électrification des villages au découpage administratif pour la création de nouvelles entités décentralisées. Ils ont clamé leur espoir en des lendemains meilleurs en affirmant leur foi en l'accord politique de Ouagadougou dont l'application, ont-ils souligné, apporte des résultats palpables sur le chemin de la paix.
Lorsque, à leur suite, le président Gbagbo, sanglé dans un costume gris-clair, chemise blanche et cravate gris-rayé, prend la parole, plus de 20.000 personnes rassemblées sur la vaste esplanade prévue pour le meeting de Boundiali sont en délire. Derrière les bâches installées et devenues exiguës, une bonne partie de la foule exige que l'on fasse enlever les banderoles qui barrent la vue à ceux qui n'ont pas eu de place aux premiers rangs pour voir le président des Ivoiriens? parler. L'exigence satisfaite et le calme revenu, Laurent Gbagbo commence par répéter aux populations de Boundiali, ainsi qu'il l'a fait hier à Ferkessédougou, que la guerre est terminée?, que Guillaume Soro, l'ex-chef rebelle et actuel Premier ministre et lui, sont désormais engagés pour la paix, qu'ils ont dépassé l'étape de consolidation de cette paix et qu'ils s'attèlent aujourd'hui à la préparation des élections présidentielles? qu'il souhaite, lui, Laurent Gbagbo, voir organisées avant la fête de l'indépendance du 7 août 2008. Soro et moi sommes engagés dans la voie de la paix, notre paix qui ne peut être construite que par nous-mêmes, Ivoiriens. Suivez-nous donc?, lance le chef de l'Etat aux populations de Boundiali.
La suite des ses propos est un moment de communication dans la ferveur avec le public en joie. Avec humour, il présente les trois sous-préfets de Ganaoni, Sianrala et de Siempurgo et demande aux populations en joie de rentrer chez elles avec eux. Puis il annonce plusieurs projets de développement pour Boundiali avant de s'envoler par hélicoptère pour Tengréla, à 110 km vers la frontière malienne.








César Etou envoyé spécial

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