mercredi 28 novembre 2007 par Le Matin d'Abidjan

Le Courrier n'est pas fermé il reviendra sur le marché. Le titre n'est pas encore transféré à les Editions ''Le Courrier''. Il est encore à 100% ma propriété . Affirme de Sylvestre Konin dans cette interview.

Depuis près de deux semaines, ''Le Courrier d'Abidjan'' est secoué par une crise sans précédent. Depuis samedi passé, le journal a disparu des kiosques. Aujourd'hui, quel est l'état des lieux ?
S'il y a un état des lieux à faire, c'est à deux niveaux. D'abord en ce qui concerne le matériel. Et puis ensuite le personnel. Pour le matériel, vendredi passé, au siège du journal, nous avons reçu la visite d'une trentaine de loubards avec à leur tête M. Stéphane Kipré, Narcisse Koffi ( que Stéphane Kipré m'a donné comme associé en son nom) et Aliali N'goran Allan. Ils ont fait une descente au siège du journal. Des portes ont été cassées, des vitres brisées, une bonne partie du matériel de travail emportée. Les machines de la salle technique ont été pillées. Pour ce qui est du personnel, il y a des salariés qui ont été brutalisés. Un d'entre eux a reçu un violent coup à la tempe. Il a perdu connaissance. Il a été hospitalisé dans une clinique de la place. En tout, ''Le Courrier d'Abidjan'' est aujourd'hui une entreprise dévastée. Et les salariés ne savent plus à quel saint se vouer. Ils ne peuvent plus aller au travail. Leur lieu de travail n'est plus sécurisé. En plus, aujourd'hui, vu la puissance supposée de tous ceux qui sont à la base de cela, la police, (en tout cas la police du 18e arrondissement), rechigne à venir assurer la sécurité des travailleurs. Il faut souligner que le 18e arrondissement détient le matériel pillé. Elle argue du fait que ce sont deux parties qui sont en conflit et donc ne sait pas à quelle partie remettre ce matériel. Mais je leur ai fait comprendre que j'étais tranquillement au travail quand ils sont venus nous surprendre. Mais malgré toutes mes explications, le commissaire Bolou ne semblait pas voir quelle démarche suivre franchement pour la restitution des appareils. Il y a pire ! C'est que jeudi passé, ils sont venus avec un corps habillé se disant gendarme en service à la présidence, plus deux autres en civil, sans oublier une huitaine de loubards. Ils nous ont séquestré. Puis ont emporté mon véhicule personnel dont la carte grise portant clairement mon nom. M. Aliali fait savoir qu'il a le véhicule. Malgré les nombreuses démarches effectuées auprès du commissariat, il ne m'a pas encore restitué cette voiture (). Du fait des méthodes de travail du commissaire Bolou qui nous fait honte, nous sommes allés au district de police de Cocody pour le dénoncer auprès de ses supérieurs hiérarchiques. Dans tous les cas, je m'interroge sur le fait qu'un individu détienne le bien d'autrui. Il a le courage de le dire aux forces de l'ordre : je ne lui rends pas . Mais cela n'émeut personne. Dans quel pays sommes-nous aujourd'hui ?

Le Courrier d'Abidjan? ne paraît plus. Il n'est pas sur le marché depuis le samedi passé. Il est donc fermé. Avez-vous une pièce de rechange ?
Non ''Le Courrier'' n'est pas fermé. Il va revenir sur le marché; demain (aujourd'hui, ndlr) ou au grand plus tard, jeudi. On a laissé le matériel pour que le commissaire en fasse ce qu'il veut. Nous allons acheter du nouveau matériel. Nous allons prendre un autre site qui sera très bien sécurisé pour continuer le travail que nous avons commencé depuis la création du journal. Il faut ici faire la part des choses entre le ''Le Courrier d'Abidjan'', titre du journal et les éditions ''Le Courrier'' qui est l'entreprise éditrice du journal ''Le Courrier d'Abidjan'' en tant que journal est la propriété à cent pour cent de Sylvestre Konin. Même avec M. Kouamouo, qui était notre premier associé, le titre du journal n'a pas été transféré à les Editions ''Le Courrier''. Mon actuel associé reconnaît que le titre n'a pas encore été transféré à l'entreprise dont il est actionnaire. Aujourd'hui donc, au regard de nos rapports, constatant tous les efforts de conciliation que j'ai faits ; au vu de la nature des personnes qui sont en face de moi, ce titre là, je ne le transférai pas. Mon avocat a d'ailleurs envoyé un courrier à M. Narcisse Koffi, l'autre associé, pour lui dire de mettre fin à l'exploitation de fait du titre qui ne lui appartient pas Si on trouve un terrain d'entente, on repartira à zéro pour créer un nouveau titre Si nos rapports demeurent tels qu'ils sont aujourd'hui, je demanderai la dissolution pour mésentente entre nous. Je crois d'ailleurs que mon avocat a déjà introduit cette demande.

Y a-t-il possibilité pour vous les associés de vous remettre en selle ; et retravailler de nouveau ensemble ?
Nous ne sommes pas sous un arbre à palabres ou dans une société orale encore moins une famille. Nous avons épuisé toutes les étapes de négociations. Ils sont arrivés le 26 septembre 2007 (.). J'ai dû faire toutes sortes de renonciations et de conciliations, or, ils sont venus avec une seule logique : me créer des problèmes, créer une crise et casser carrément Le Courrier au point de l'empêcher de paraître. En un mot, saboter le travail et la maison que nous avons construite à la sueur de notre front depuis quatre ans. Ils sont dans leur logique. C'est pourquoi, ils ne discutent pas. Ils ne font aucune proposition qui puisse nous faire croire qu'ils veulent travailler pour avancer. Dans une société régie par le droit, on n'est pas obligé de trouver une solution à l'amiable. Le droit peut être dit devant la justice. Dommage, au départ, mes associés ne sont pas venus me voir avec la face qu'ils présentent aujourd'hui Autrement, je n'aurais pas apposé ma signature pour le transfert des actions de Théophile Kouamouo à Stéphane Kipré

Vous n'êtes donc plus à la conciliation. Pourtant vous êtes associés. Que va-t-il se passer à présent ? Les informations font état de ce que vous réclamez la rondelette somme de 200 millions pour partir.
J'ai préconisé plusieurs solutions dont deux propositions sont très claires. Le premier, c'est de leur restituer 31 millions de FCFA. De quoi s'agit-il ? Ils sont rentrés dans le capital de l'entreprise en achetant les actions de Kouamouo à hauteur de 25 millions de Ffca. Ensuite, depuis qu'ils sont là, ils ont investi 6 millions de F Cfa. Ils ont refusé cette proposition. Alors je leur fais savoir qu'avec l'aide d'amis en plus de mes propres fonds, les investissements qui ont été faits au compte de l'entreprise s'élèvent à 200 millions avant leur arrivée. Je leur ai demandé de me les resituer pour que je puisse dès lors partir. Là aussi, c'est encore difficile pour eux. ()

Vous disiez tantôt, le journal ''Le Courrier d'Abidjan'' revient dans les kiosques à partir de demain (aujourd'hui ndlr) . Mais pas avec l'entreprise qui l'éditait jusque là. Quel est le sort réservé à l'ensemble des travailleurs de Le Courrier??
Le sort des salariés, je crois qu'il serait mieux d'aller le demander à Stéphane Kipré et son acolyte Allan Alliali. Pour la simple raison qu'ils ont trouvé des salariés sur place qui n'ont pas eu besoin de les attendre pour être payés. Dès qu'ils arrivent, ils sèment la zizanie en empêchant la parution du journal. Ils cassent les locaux, ils emportent le matériel. Et ils ont le courage de chanter sur tous les toits qu'ils veulent le bien de cette société. Une partie de ces salariés a reçu de l'argent de ces nouveaux riches. Ceux-là se comportent aujourd'hui comme de vrais ''Collabo'' C'est le cas des trois employés que j'ai licenciés. Les autres employés qui les suivent, lorsque nous serons partis avec notre titre, si mes associés créent un autre titre, pour montrer qu'ils savent créer un journal, ils pourront aller pour y travailler. Si on arrive à la dissolution, les travailleurs seront libérés en payant leurs droits, comme c'est le cas dans toute entreprise dissoute. Bien sûr dans la mesure du possible. En ce qui me concerne, j'ai mon titre, je vais créer une autre société. Dès lors, j'ai le loisir de partir avec qui je veux ! D'autant que ceux qui sont là ont un contrat avec les éditions ''Le Courrier''. S'ils estiment qu'ils ont un quelconque intérêt avec moi, loisible à eux de venir avec moi. Auquel cas, ils sont libres de rester avec les Editions Le Courrier?. Ce qui est sûr, l'avenir de ces salariés est aux mains de Stéphane Kipré qui est venu perturber leur quiétude.

Vous êtes le patron de Distrilibre, société de routage qui s'occupe de la distribution de trois journaux de la place. Assurément, on le constate, cette crise à Le Courrier? a eu d'énormes répercussions sur la distribution de ces journaux de l'écurie de Distrilibre.
Distrilibre est un G.I.E qui aujourd'hui s'occupe de la distribution de trois journaux. S'il y a un journal qui manque à l'appel, il va sans dire que forcément cela pèsera lourdement sur le réseau. D'autant qu'il y a des recettes et des contributions qui manquent. L'impact de cette crise sur le réseau Distilibre est donc grand.

Il y a un impact. C'est sûr que les autres journaux que vous distribuez en patissent. Que comptez-vous faire à présent que les palabres continuent.
C'est pour cette raison que nous faisons tout pour que le titre revienne sur le marché. En plus, la nouvelle société que nous allons constituer pour l'édition de ''Le Courrier'' viendra une fois de plus renforcer le G.I.E.

Votre mot de fin.
Je suis aujourd'hui sûr d'une chose. Dès que Stéphane Kipré verra le journal sur le marché, il viendra casser une fois de plus les locaux. Parce qu'il ne sait que faire cela. J'avais déjà prévenu en son temps, au cours de la première conférence de presse qu'on avait donnée il y a deux semaines environ. En ce qui nous concerne, nous ferons notre travail. S'il nous attaque, je sais que dans ce pays, il y a des policiers, les commissaires, des magistrats qui ne sont pas ce que Stéphane Kipré croit. Il faut que les gens se détrompent

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