vendredi 9 novembre 2007 par Nord-Sud

La Côte d'Ivoire peut repositionner son économie à travers la valorisation de la recherche. Sophia Tazi, chargée de la valorisation de la recherche au Cirad estime qu'il faut impliquer le secteur privé.

? Vous venez de participer activement à la Semaine pour la promotion de la recherche ivoirienne (Sepri). Vous avez à cet effet insisté sur la valorisation de la recherche. Qu'est-ce qu'on peut retenir sur ce point précis ?

Pour faire comprendre ce concept de la valorisation, nous avons insisté sur les processus d'innovation et les champs d'action. A ce niveau il faut mettre l'accent sur le dispositif d'accompagnement dont les dispositifs participatifs qui ont été mis en place par exemple en France pour accompagner la valorisation, l'innovation et pour inciter les porteurs de projets.

? Il s'agit d'inciter quels types de projets ?

On a des porteurs de projets qui sont issus du monde de la recherche. Ces projets peuvent être soutenus à partir d'un projet de la recherche en obtenant un accompagnement spécifique qui peut comprendre des aides financières sous forme de subventions qui permettent de réaliser des études de faisabilité, de validation technique. Cela peut se faire dans le domaine commercial comme des études de marché ou de propriété industrielle. Ensuite il faut former ces apporteurs de projets afin qu'ils acquièrent les bases nécessaires pour être de vrais dirigeants d'entreprise. Parce que ces personnes issues du monde de la recherche ne sont pas forcement armées pour créer une entreprise. C'est ce qui pourra leur permettre de créer véritablement leur structure et leur donner les moyens d'aller jusqu'au bout de leurs projets.

? Quel regard portez-vous sur la recherche en Côte d'Ivoire ?

La recherche en Côte d'Ivoire est relativement dynamique. Elle souffre d'un manque de moyens qui a été largement souligné au cours de nos différentes rencontres. Aujourd'hui la question qui se pose, est de savoir les moyens à mettre en ?uvre notamment en terme de recherche partenariale entre la recherche et l'industrie pour dynamiser le processus de valorisation de la recherche et d'innovation. Le ministre de la Recherche et celui de l'Industrie sont d'accord pour mettre en place des institutions pour favoriser ces recherches partenariales et surtout pour professionnaliser le secteur de la valorisation de la recherche.

Puis-que finalement c'est le maillon manquant pour passer des produits de la recherche au marché.

? Justement la question de l'absence de financement est une préoccupation majeure pour les chercheurs. Plusieurs résultats des scientifiques ivoiriens dorment encore dans les tiroirs à cause de cette situation. Quelle solution proposez-vous ?

Il y a effectivement un problème de financement. Mais on ne peut rien obtenir si les idées ne sont pas structurées. Si on ne sait pas ce dont on dispose. C'est pourquoi nous disons qu'il faut valoriser les produits issus de la recherche et qui sont dans les placards comme tout le monde le dit et qui peuvent être vendus et qui sont pratiquement prêts à être industrialisés. Cela peut déjà contribuer à financer en partie la recherche. Ce sont des projets qui peuvent à la base contribuer à la création d'entreprise et de la richesse.

? Quel doit être donc le niveau de collaboration entre le secteur privé et les institutions de recherche ? Il y a un avantage pour le privé de financer la recherche ?

Le secteur privé peut effectivement participer à la valorisation de la recherche même si la recherche privée existe dans certains pays comme la France. Ce sera une très bonne idée d'impliquer le secteur privé dans cette problématique pour qu'il se sente concerné. Puis-que finalement ce qui est intéressant c'est qu'il y ait de la réciprocité entre la recherche entreprise car elle peut alimenter l'entreprise. C'est vraiment une collaboration gagnant-gagnant. D'autant que le privé donnerait les moyens à la recherche d'obtenir des résultats qui lui permettront de produire de nouveaux produits innovants qui pourraient assurer la compétitivité des entreprises.

? Comment la recherche peut-elle servir d'instrument de développement économique pour un pays comme la Côte d'Ivoire qui entame une période post-crise ?

Il y a un potentiel énorme qui se cache derrière la recherche qui demeure justement un levier économique très important. Aujourd'hui ce qu'on doit retenir, c'est ce qu'il y a une réelle prise de conscience de ce facteur là. C'est un moteur de développement pour les sociétés. Quelque part, on a assisté à une reconnaissance de cet élément là. Du coup je pense que les actions vont venir derrière pour les concrétiser.

Interview réalisée par Cissé Cheick Ely

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