samedi 3 novembre 2007 par Le Nouveau Réveil

Meité Sindou, porte-parole de la Primature, a, à travers une interview réalisée, donné sa vision de l'actuelle résolution de l'ONU sur la Côte d'Ivoire. Il a, à l'occasion, noté qu'il n'y a pas de programme dans l'application de l'accord de Ouaga. Quant au désarmement, il a noté que cela aura lieu après les élections.

Comment réagit-on à la primature après la résolution 1782 du Conseil de sécurité qui vient d'être prise ?

La dernière résolution de l'ONU est une autre résolution. Mais c'est une résolution dont nous prenons acte. Et dans cette résolution, deux points principaux nous intéressent : un, c'est le constat posé par cette résolution sur l'accélération du processus de crise. Et deux, c'est le maintien du régime des sanctions que l'ONU se donne la possibilité de réviser au premier trimestre 2008. Sur le premier point, nous partageons ce constat. Mais le Premier ministre a répété à plusieurs reprises que le constat sur des éventuels retards s'appuie sur le chronogramme qui a été annexé au cadre d'exécution de l'accord politique de Ouagadougou signé le 04 mars. Les retards qui sont dénoncés par l'Organisation des Nations unies (ONU) ne tiennent pas compte suffisamment du temps nécessaire pour créer les conditions psychologiques de la sortie de crise. Tous les accords appellent à un rétablissement de la confiance entre les acteurs politiques. Tous les accords appellent à une prise de responsabilité, à une volonté politique affichée pour sortir de la crise. Mais aucun accord n'arrive à nous mettre ça dans un chronogramme précis.

Vous avez le sentiment aujourd'hui que l'accord de Ouagadougou est en train d'être appliqué de bonne foi par tous les acteurs ?
Oui, par tous les acteurs. Aujourd'hui, nous le disons très clairement que le Premier ministre Guillaume Soro applique cet accord résolument et de bonne foi. Le Président Laurent Gbagbo applique également cet accord avec résolution et avec bonne foi.

Chacun fait son travail, n'empêche que l'on constate un grand retard. Un retard d'ordre politique et logistique. A qui sont imputables ces retards ?
Ces retards ne sont imputables à personne. Ces retards sont imputables à la situation générale de crise. Et nous contestons le principe d'une analyse de sortie de crise sur des retards. Nous estimons à la primature qu'il n'y a pas de retard. Il faut sortir du fétichisme des dates.

Ne craignez-vous pas le coma des dates ?
Mais mieux vaut un coma des dates qu'un coma de la Côte d'Ivoire tout court.

Que répondez-vous à ceux qui disent qu'il ne sera pas évident que les ex-belligérants désarment avant les élections ?
Sur cette question, le Président de la République et le Premier ministre ont très bien évolué. La philosophie qui, par le passé, sous-tendait le désarmement c'était d'entrer dans un désarment forcé. A un moment donné, vous avez suivi la polémique sur la nécessité de désarmer tous les ex-belligérants. La polémique avait été soulevée autour d'un désarmement et d'un cantonnement éventuel des forces de défense et de sécurité. Qui s'en étaient défendues en disant que nous sommes l'armée régulière, nous n'avons pas à être désarmées, nous n'avons pas à être cantonnées. C'est à toutes ces faiblesses que le Premier ministre a répondu en disant, renonçons au désarmement forcé, renonçons à la nécessité de poser comme postulat de départ le désarmement des Forces nouvelles avant les élections. Acceptons la mise en place d'un état major intégré de transition?. Et après les discussions de Ouagadougou et après les concessions importantes et responsables que le chef de l'Etat a consenties, on est sorti avec un nouveau concept, c'est le centre de commandement intégré. Et donc le nouveau schéma de désarmement, il est simple. Il n'est pas responsable outre les arguments que je viens de développer. Il ne serait pas réaliste de faire prospérer l'idée d'un filet de sécurité. De dire aux combattants que ce soit avant ou après les élections, vous "désarmez et contre une kalachnikov on vous donne 1000 dollars?. Cela a montré ses limites, dans certains pays, y compris chez nos voisins du Libéria. Les ex-combattants prenaient les 1000 dollars, allaient les dépenser et revenaient ensuite faire des revendications. Le cas échéant, ils utilisaient les 1000 dollars, et se rachetaient de nouvelles armes.

Quel est le schéma retenu ?
Le Premier ministre a proposé désarmement contre réinsertion. C'est-à-dire désarmement contre perspective d'avenir. Et cette palette concerne divers types de combattants. D'abord les 300 à 4000 recrues que le Président Gbagbo a associées aux forces de défense et de sécurité pour faire la guerre. Egalement les jeunes qui ont été recrutés dans l'armée des forces armées des forces nouvelles. Il y a les milices qui, la plupart du temps, sont attachées au camp présidentiel. Et c'est à tous ces jeunes qui ont été recensés qu'il faut donner une perspective d'avenir. Le Premier ministre l'a proposé et cela a été agréé par le chef de l'Etat. Donc, ces jeunes ont le choix. Soit ils désarment, et pour certains d'entre eux qui ont une aptitude à aller dans l'armée selon des critères qui vont être défini pour la nouvelle armée. Et après que le quota de la nouvelle armée a été définis, dans ce format, le Président Gbagbo aura la possibilité d'une intégration. Le Premier ministre Guillaume Soro, sous l'effectif des forces combattantes des Forces nouvelles, aura la possibilité de faire des intégrations. Ces critères seront définis et ceux qui répondent à ces critères auront un premier débouché, aller dans la nouvelle armée réunifiée. Ceux qui n'auront pas pu aller dans la nouvelle armée réunifiée, parce qu'ils n'auront pas été capables de respecter les critères auront deux autres possibilités. Aller dans un schéma de réinsertion au service civique, ou dans le nouveau programme de réinsertion et de réhabilitation communautaire qui a été mis en place. Donc voilà les trois voies. Ce schéma-là va se mettre en place aujourd'hui (ndlr hier). Il finira certainement avant, pendant ou après les élections. Mais en tout cas, c'est un schéma qui va être inexorablement appliqué.

Il n'est donc pas évident qu'il aura un désarmement avant les élections ?
Il n'est même pas réaliste de croire à cela. Aucun des ex-combattants ne peut vous dire qu'il sera réaliste de croire en cela.

Propos recueillis par POY sur ONUCIFM

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