jeudi 1 novembre 2007 par Agence de Presse Africaine

Abidjan - Elu président en octobre 2000, pour un mandat de cinq ans, après des élections qu'il a remportées, dans une totale confusion, avec des manifestations de rues, Laurent Gbagbo a fini de boucler, mercredi 31 octobre, sept années à la tête de la Côte d'Ivoire.

Les années Gbagbo ont été émaillés par des convulsions socio ? politiques, dont la plus grave et la plus longue, a duré de 2002 à la signature des accords de Ouagadougou, en mars dernier.

Le président ivoirien n'a réellement joui de son pouvoir, sans tensions, que durant les deux premières années de son mandat. Après, il avait dû partager l'administration territoriale du pays, avec la rébellion du Nord, durant les cinq dernières années.

L'accession de Laurent Gbagbo au pouvoir a été marqué par des épisodes sanglants, le premier signe ayant été la découverte, le jour même de sa prestation de serment, le 27 octobre 2000, d'un charnier, dans la commune de Yopougon.

C'était suite à la répression des manifestations organisées par le Rassemblement des Républicains (RDR, opposition) quelques jours auparavant, les 24, 25 et 26 octobre.

Laurent Gbagbo a accédé au pouvoir après des élections issues d'une transition militaire assurée par feu le général Robert Guéi, lui ?même auteur du coup d'Etat, qui a renversé, le 24 décembre 1999, le président Henri Konan Bédié.

Depuis, les convulsions sociopolitiques se sont succédées, pour aboutir à l'éclatement d'une véritable guerre.

Dans la nuit du mercredi 18 à jeudi 19 septembre 2002, les Ivoiriens se sont réveillés sous les bruits des canons. Cette fois ce n'était pas une insurrection de militaires réclamant de meilleures conditions de vie. Des incidents mineurs et éphémères auxquels, le pays avait commencé à s'habituer, sous le règne du général.

Ce qui venait de secouer la quiétudes Ivoiriens, relevait d'une véritable insurrection, devenue plus tard, une véritable guerre, dans un pays, jusqu'alors considéré comme l'un des plus stables d'Afrique.

Cette crise a éclaté alors que le président élu était absent du pays.

Gbagbo prend l'affaire au sérieux, et rentre précipitamment d'Italie, pour affronter la rébellion , sans succès, dans l'immédiat, puisque les militaires insurgés avaient, manifestement bien préparé leur coup, sous la bannière du Mouvement Patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI)

Ils abandonnent Abidjan, la capitale économique, pour s'établir au centre du pays, notamment à Bouaké, contrôlant la moitié nord et une partie de l'ouest de la Côte d'Ivoire.

Ne pouvant démanteler cette rébellion dirigée par Guillaume Soro, secrétaire général du MPCI, et pour mettre fin aux tueries et aux combats, le pouvoir est contraint aux négociations qui aboutissent, dans un premier temps, à la signature d'un accord de cessez-le-feu, le 17 octobre 2002, sous les auspices de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), représentée par le Chef de la diplomatie sénégalaise, Cheikh Tidiane Gadio.

Plusieurs occasions de négociations menées sur le continent africain, de Lomé (Ghana) à Accra (Ghana), dans le cadre de la CDEAO et de l'Union Africaine, ne donnèrent jamais les résultats escomptés.

C'est finalement en France, à Linas Marcoussis, le 23 janvier 2003, qu'un accord de paix a été signé entre les différents protagonistes, avec la nomination d'un Premier ministre pour un gouvernement de réconciliation nationale. Seydou Diarra accède au poste.

Après la formation de ce gouvernement, le 13 mars 2003, intervient la signature d'un accord de cessez-le-feu intégral le 03 mai 2003.

Mais la machine semble trop lourde pour l'équipe de Seydou, qui ne survivra pas aux accords de paix d'Accra III, suivis ceux de Pretoria I, qui n'ont jamais pu être appliqués. Les élections, constitutionnellement prévues en octobre 2005, n'auront pas lieu à date.

Autre conséquence de ces échecs à répétition, l'Opération Dignité signe le bombardement des villes de Bouaké et de Korhogo, par l'armée loyaliste, le 4 novembre 2004.

Un deuxième gouvernement de transition voit le jour le 28 décembre 2005, après la nomination par Laurent Gbagbo, de Charles Konan Banny, sponsorisé par la communauté internationale, à la faveur de la résolution 1721 du Conseil de sécurité de l'Onu.

Le jusqu'alors, gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), avait pour mission principale, l'organisation des élections dans de meilleurs délais.

Le cahier des charges retenu dans la feuille de route du gouvernement ne connaît aucune application de ses dispositions essentielles. Les jours sont comptés pour le train de Banny , qui finira pas dérailler. Le conducteur sera débarqué, sans avoir jamais atteint la gare principale.

A la fin de l'année 2006, le président Gbagbo propose, dans un de ses discours à la Nation, un dialogue direct avec ceux qui ont pris les armes .

La main tendue est acceptée par Guillaume Soro, qui s'est dit prêt à participer à ce dialogue direct, sous la conduite d'un facilitateur, en la personne du président Burkinabé, Blaise Compaoré.

Le 4 mars 2007, les deux ex-belligérants signent un accord politique de paix, accepté par les ivoiriens et endossé par la communauté internationale. Le chef de l'ex-rébellion est désigné premier ministre de Côte d'Ivoire, le 28 mars de la même année, en remplacement de Charles Konan Banny.

Les Ivoiriens sont depuis, dans une dynamique de consolidation d'une paix voulue par le Premier ministre Guillaume Soro et le président Laurent Gbagbo. En ligne de mire, l'organisation d'élections générales d'ici octobre 2008. Le rythme est jugé lent, mais le processus engagé, avec la tenue des audiences foraines en cours.

Par Kouassi Ano Dominique

KAD/of/ib/APA

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