lundi 29 octobre 2007 par L'intelligent d'Abidjan

L'ambassadeur Voho Sahi, représentant personnel de Laurent Gbagbo au Conseil permanent de la Francophonie a pris part, en tant qu'observateur de l'OIF, aux législatives du 14 octobre 2007 au Togo. A l'issue de son séjour, il s'est confié à ?'L'I.A''.
Vous avez assisté aux élections législatives anticipées au Togo, qui se sont déroulées le 14 octobre 2007. Quelles ont été vos impressions ?
Ce sont d'abord des sentiments de satisfaction de constater que dans un pays africain qui a connu une période de crise, les habitants, les autorités au pouvoir et la classe politique s'entendent sur une procédure de sortie de crise, à travers un accord politique global, dont la mise en ?uvre passe par des élections. On ne peut pas être africain et ne pas être satisfait d'une telle évolution. Mon deuxième motif de satisfaction, c'est que, du point de vue de la mission à laquelle j'ai participé au titre de la Francophonie, ce processus s'est déroulé dans le calme et la sérénité, dans un esprit civique au sein de la population, tant au niveau des institutions chargées du processus électoral que des autorités, de sorte que depuis le début des élections, il n'y a eu aucun trouble dans le pays. les populations ont attendu patiemment la proclamation des résultats et pour ces deux raisons, je pense que la mission est réussie.
Etes-vous prêt à mettre cette expérience au service de la Côte d'Ivoire qui organise bientôt les élections générales ?
Ce n'est pas la même chose. Vous savez, chaque pays, chaque peuple a son histoire. Il ne faut pas, quel que soit le niveau de développement que l'on a, quelles que soient les expériences que l'on connaît dans son propre pays, avoir la prétention de penser que l'on peut faire mieux dans telle ou telle situation. Les Togolais construisent leur propre histoire, les Ivoiriens en font autant. Il n'y a pas de transposition à tenter, parce que cela serait historiquement illégitime, intellectuellement prétentieux et politiquement dangereux de penser qu'on peut transposer l'expérience d'un pays à un autre. Vous qui êtes proche du chef de l'Etat ivoirien, nous sommes à la veille des élections générales en Côte d'Ivoire. que pouvez-vous dire aux Ivoiriens qui, jusque là, ne sont pas encore situés sur ces échéances électorales ?
Je pense que les Ivoiriens sont parfaitement situés par rapport à un texte cadre qui a été adopté et signé à Ouagadougou et qui a mis en route une procédure de sortie de crise. Il s'agit de l'accord politique de Ouagadougou. Aujourd'hui, cet accord qui a été entériné par la CEDEAO et l'Union africaine et qui a fait l'objet d'une résolution des Nations unies est le cadre qui situe les Ivoiriens, les observateurs, les amis de la Côte d'Ivoire et la communauté internationale, sur le processus de sortie de crise en Côte d'Ivoire.
Mais, le Président de la République a donné une date qui ne trouve pas l'assentiment de la Commission électorale indépendante
La détermination du calendrier électorale relève de plusieurs institutions et du code électoral. Interviennent dans la fixation de ce calendrier, la Commission électorale indépendante (CEI), le gouvernement, le Premier ministre. Tant que toutes ces étapes ne sont pas respectées, aucune date n'est valablement arrêtée. Il y a une position politique de principe énoncée par le Président de la République, à l'occasion de la cérémonie de la Flamme de la paix à Bouaké, où il a exprimé son souhait de voir les élections s'organiser ?'vite, vite'' et dans son message à l'occasion de la fête nationale, où il a dit que si cela ne tenait qu'à lui et que si tout le monde y mettait du sien, nous pouvons organiser les élections en décembre 2007, au plus tard. Et il s'est plusieurs fois exprimé à ce sujet, aussi bien dans son discours du 6 août 2007, que devant l'Assemblée générale des Nations unies, parce qu'il faut des élections pour doter la Côte d'Ivoire d'une autorité politique dont la légitimité ne souffre d'aucune contestation. Cela est bien pour la stabilité politique, mais cela est aussi bien pour le développement de la Côte d'Ivoire. On ne peut pas concevoir une politique et la mener, si celui à qui le peuple a confié le pouvoir ne peut librement constituer son gouvernement. On ne peut pas dire qu'on travaille pour la démocratie si on ne peut pas compter sur la culture des citoyens, la gestion et la dévolution du pouvoir par des élections. Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire a les moyens techniques, les ressources humaines et l'expertise pour réunir toutes les conditions d'une élection transparente, crédible et juste dans un délai relativement court. Et c'est cela la position du Président de la République. M. le conseiller, chaque parti politique s'accorde à dire qu'il va remporter les élections dès le premier tour. Est-ce le même avis dans l'entourage du chef de l'Etat ?
Connaissez-vous quelqu'un qui va à une élection, dire qu'il ne va pas gagner ? Toute personne qui s'engage dans un processus électoral dit toujours qu'il va gagner, même s'il sait qu'il sera le seul à voter pour lui-même. C'est d'ailleurs pour cela qu'il y a des élections. Si ceux qui allaient être battus le savaient d'avance, on n'aurait pas eu besoin d'organiser des élections. Mais c'est parce que ceux qui vont être battus à plate couture ne le savent pas et ils proclament qu'ils peuvent gagner, qu'on organise les élections pour que le peuple dise ce que vaut chacun.
Etes-vous donc confiant pour les élections à venir ?
(Rires). De toute façon, j'ai confiance en la Côte d'Ivoire, j'ai confiance en tous les Ivoiriens, parce que je sais que le peuple de Côte d'Ivoire a toujours imprimé son rythme à sa propre histoire. Chaque fois que d'autres courants ont tenté d'orienter l'histoire de la Côte d'Ivoire, il y a eu des crises. C'est toujours lorsque les Ivoiriens prennent leur histoire en main, ils vont loin. Et depuis Houphouët Boigny jusqu'à Laurent Gbagbo, c'est ce que nous constatons. C'est pourquoi j'ai confiance dans le succès de ce pays. Depuis qu'il y a eu le dialogue direct, nous constatons tous que la Côte d'Ivoire est en train d'avancer, alors que pour beaucoup moins que ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire, certains pays ne se sont jamais remis. Le tout maintenant, c'est comment nous retrouver dans la plénitude des moyens économiques, diplomatiques Mais, il se trouve qu'on éprouve encore quelques difficultés, notamment le problème des grades des FAFN demeure
Il y a un Premier ministre qui a été nommé, il y a un accord qui a été signé. Il y a des personnes qui sont là pour régler ce genre de question. En tant que citoyens, nous devons faire confiance à ceux qui dirigent le pays. On ne peut pas se satisfaire de l'Accord de Ouagadougou et de l'évolution de vie nationale après la signature de cet accord et avoir en même temps des inquiétudes pareilles. Cela n'a pas de sens. Si on est d'accord que l'Accord de Ouagadougou est un bon accord, que les personnalités qui ont été nommées à la suite de cet accord le méritent et qu'on peut leur faire confiance, il faut d'abord s'en remettre à eux concernant les questions pour lesquelles elles ont justement été nommées. S'il n'y avait pas eu de problèmes de grades, de réunification de l'Armée, il n'y aurait pas eu l'Accord de Ouaga, Soro ne serait peut-être pas Premier ministre. Ce sont pour toutes ces questions que le gouvernement actuel a été formé. Avant donc la tenue des élections, la première des choses que nous devons faire, c'est de faire confiance aux autorités qui sont là et qui nous ont permis de sortir de l'impasse dans lequel se trouvait le pays. le plus dur est déjà fait, toutes les choses qui restent sont des actes de gouvernement. Je pense que qui peut le plus peut le moins.
Pensez-vous que Guillaume Soro peut mener à bien le processus ?
Je juge selon ce que je vois et je pense que depuis que Soro Guillaume est Premier ministre, les choses sont allées plus vite que pendant les dix mois de Seydou Diarra et Banny à la Primature. Je n'ai pas d'éléments pour contester la procédure mise en place, ni pour douter de la bonne foi de qui que ce soit.
Un mot à l'endroit des Ivoiriens Je crois qu'il ne faut pas être prétentieux quelle que soit la position qu'on occupe. Le fait que l'Organisation internationale de la Francophonie m'ait désigné pour faire partie de cette mission, en ma qualité de représentant personnel du chef de l'Etat de Côte d'Ivoire au Conseil permanent de la Francophonie, est une marque de confiance de cette organisation à l'égard de la Côte d'Ivoire. cela signifie que la Côte d'Ivoire compte, le regard de la Côte d'Ivoire compte dans ce qui se passe dans les autres pays francophones. Lorsque le Président de la République m'a élevé au rang d'ambassadeur, c'est une confidence que je vous fais, il m'a dit : ?'Il ne faut pas que la Côte d'Ivoire soit derrière''. La Côte d'Ivoire fait partie des onze pays qui ont été choisis pour participer à cette mission et je pense que c'est un honneur pour notre pays. Si je dois dire quelque chose, c'est à l'endroit du peuple togolais. Lorsqu'il y a une crise dans un pays, il n'y a que les enfants de ce pays qui peuvent l'en sortir s'ils s'entendent sur une méthode de sortie de crise. Et c'est tout à l'honneur du Togo, des organisations qui sont venues porter témoignage de cette évolution. Mais, c'est surtout aux togolais qu'il revient de décider de leur sort.

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