Le régime de Laurent Gbagbo supporte de plus en plus difficilement les critiques, particulièrement celles du journaliste-écrivain Venance Konan. A ce dernier, une convocation a été récemment adressée pour offense au chef de l'Etat et incitation à la révolte. Mais ce régime dont l'image est déjà ternie pour ses multiples atteintes à la liberté de la presse osera-t-il franchir cette nouvelle étape dans sa folle chevauchée vers l'arbitraire ? Gbagbo osera-t-il arrêter Venance Konan à un mois des assises de l'Union internationale de la presse francophone (UPF) qui doivent se tenir cette année à Abidjan ?
Dans cette Côte d'Ivoire dirigée par un homme qui s'est présenté au peuple comme un grand défenseur des libertés publiques, des droits humains et de la liberté de la presse, Jean Hélène, un journaliste d'une radio de notoriété mondiale (RFI), a été lâchement, sauvagement assassiné en plein c?ur d'Abidjan au Plateau par un policier, Dago Séri, commis à la sécurité des personnalités. Le journaliste qui était sur son lieu de reportage a été abattu d'une balle à bout portant par un policier ivre et rassasié des discours et de la propagande haineuse des tenants du régime FPI contre la France et ses médias. Jean Hélène est mort, on a assisté à un simulacre de procès contre son bourreau. Quelques mois plus tard, le policier criminel condamné est monté en grade après le classement annuel de sa corporation.
En 2004, sous le régime de M. Laurent Gbagbo, Guy André Kieffer, un journaliste d'investigation franco-canadien a été enlevé et probablement exécuté. Les dernières personnes avec qui il a échangé sont proches du régime FPI, dont Michel Légré, le beau-frère de Simone Gbagbo. En outre, sous le régime FPI, ils sont nombreux les journalistes qui ont été physiquement malmenés par la garde républicaine ou des policiers aux ordres, des rédactions ont été entièrement incendiées, d'autres (plus chanceuses) saccagées, des livraisons entières de journaux déchirées.
Quotidiennement, des journalistes sont menacés de mort. Il n'y a pas longtemps, le Président du parti au pouvoir Affi N'guessan s'est déporté au siège de nos confrères de Nord Sud quotidien pour les menacer après des publications. Voilà un peu l'histoire du régime qui est à présent aux trousses de Venance Konan. Il gêne par les vérités crues qu'il sert contre le régime régulièrement par voie de presse. Un péché de lèse majesté. On ne critique pas Gbagbo impunément, il faut le réduire au silence. Mais Venance Konan n'est pas n'importe qui, il est connu et apprécié. Sa notoriété a dépassé les frontières de notre pays. Et des tracasseries judiciaires contre lui vont forcement faire une très mauvaise publicité à un régime dont l'image est déjà souillée par un long passif de crimes. La question que l'on se pose surtout c'est de savoir si Gbagbo qui se prépare à rendre à se l'UNESCO à Paris osera enfermer un journaliste comme Venance Konan à la veille des assises de l'Union de la presse francophone qui se tiendront à Abidjan cette année.
Akwaba Saint Clair