jeudi 18 octobre 2007 par Le Temps

Cher ami, je viens ici attirer votre attention.
Depuis le mercredi 26 septembre 2007, à la grande surprise des ivoiriens de France, nous apprenons le rappel de l'ambassadeur de côte d'Ivoire à Paris par son ministre de tutelle qui est un militant du PDCI-RDA. Donc un adversaire de la résistance contre la France en Côte-d'Ivoire

Excellence,
Je viens dire, que j'ai peur que vous n'ayez été induit en erreur dans l'aval d'une décision politique organisée par l'opposition PDCI qui tient le ministère des affaires étrangères à Abidjan. C'est une opposition politique, qui, en intelligence permanente avec l'ennemi, veut ainsi, dans la nomination d'un proche, récupérer et utiliser la plate-forme politique de Paris comme le lieu de collision avec les intérêts anti-ivoiriens. Ce que les ivoiriens de France, ne laisseront pas faire
Car, après mes observations de 25 ans, sur les diplomates ivoiriens qui sont passés par la France, l'ambassadeur, M. Kouassi Hyacinthe est le plus conséquent. Car il est le seul, qui se soit réellement impliqué dans les problèmes quotidiens de ses compatriotes de l'étranger. S'il est rappelé aujourd'hui, en ces temps de crise, je considère cela comme une décision contre la côte d'Ivoire nouvelle de la démocratie.

Excellence, Monsieur le président,
L'ambassadeur, Kouassi Hyacinthe que je connais, pour l'avoir entraîné dans le combat contre les expulsions de 300 ivoiriens de la MECI (Maison des Etudiants de Côte d'Ivoire), décidé par la préfecture de police en 2005, est un homme qui aime profondément son pays. Car à cette occasion (présent à ses côtés) j'ai vu un diplomate ivoirien (qui, pour la première fois en France), s'est personnellement engagé devant le préfet de police de Paris et le député du 13e arrondissement, pour la défense des intérêts de ses compatriotes, en attendant que vienne, une décision officielle des autorités de la Côte d'Ivoire, pour statuer. Ce qui n'avait jamais été le cas des ambassadeurs : Tanoé Apagni, Eugène Haïdara, Kakou Gervais et autres Koudou Kessié, qui enfermés dans leur tour d'ivoire de l'ambassade à Paris, avaient toujours considérés les Ivoiriens de France (pourtant électeurs) dans le mépris

Excellence, Monsieur le président,
Qu'est-ce que le PDCI, la droite politique et armée en Côte d'Ivoire, dans son ensemble, reproche politiquement à l'ambassadeur Kouassi Hyacinthe ? C'est d'avoir pris, officiellement fait et cause pour le président Gbagbo, surtout au lendemain des attaques des localités d'Agboville et d'Anyama par les rebelles. En organisant une conférence de presse au CAPE (centre de la presse étrangère à Paris) pour défendre la république. Il est apparu pour les adversaires du régime, comme un pro-Gbagbo. A partir de ce jour, le ministre des affaires étrangères (militant PDCI) et les rebelles ont considéré qu'il était sorti de son rôle neutre d'ambassadeur d'une Côte d'Ivoire en conflit
Dès lors, les attaques insidieuses ont commencée. Les plus importantes ont eu lieu pendant la visite parisienne du Premier ministre Charles Konan Banny en 2006.

Excellence,
C'est au cours de la réception du Premier ministre dans les locaux de l'ambassade ivoirienne, que spontanément, un groupe d'employés de la chancellerie se rebelle. Saisissant le micro, face au premier ministre Banny, qui semble être dans la confidence, un des porte-parole identifié, dépeint l'ambassadeur comme un dictateur... La presse ivoirienne qui s'empare de l'incident, décrit les heures difficiles d'un ambassadeur : contesté à Paris
Quelques temps après, c'est une lettre anonyme (circulant sous le manteau) qui révèle ce qu'on appelle dans la torpeur parisienne: " la vie tumultueuse cachée" du diplomate ivoirien. Le tout semblant être une opération de discrédit montée par des personnes diligentées avec l'intention de nuire. C'est dans cette atmosphère nauséabonde, entretenue depuis quelques jours par de rumeurs intensives, distillées depuis Abidjan par le camp de l'adversité sur le prochain départ de l'ambassadeur, qu'apparaît le 26 septembre 2007 à 14 heures précises, le document du rappel de M. Kouassi Hyacinthe vers la Côte d'Ivoire. C'est une décision grave, qui prend l'allure à mes yeux, d'une victoire des ennemis de la République.

Monsieur le président, cher ami ;
A paris, le quai d'Orsay ne voulait pas d'un diplomate ivoirien, qui s'est habitué aux médias dans la défense du chef de l'Etat, d'un pays en contentieux profond (pour ne pas dire en guerre) contre la France. Voilà pourquoi, je considère le rappel de l'ambassadeur Kouassi Hyacinthe, d'abord comme une décision politique de l'Elysée pour museler la "nouvelle Côte d'Ivoire" à Paris. Ensuite pour le camp de la rébellion et ses affidés qui se recrute dans la droite locale (PDCI-RDR) en Côte d'Ivoire, comme une victoire sur le camp de la résistance anti-coloniale.

Bernard Doza,
Journaliste- Politique, écrivain

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