mercredi 17 octobre 2007 par Fraternité Matin

Le 28 octobre, le Chef de l'État communie avec les ressortissants du Burkina à Abidjan. Quel sens donnez-vous au meeting que vous organisez le 28 octobre et quels sont ses objectifs?
Nous organisons ce rassemblement parce que j'estime qu'il est temps que je prenne mon bâton de pèlerin pour prêcher la paix. Beaucoup de choses ont été dites sur le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire. Ce meeting se veut une rencontre historique. Ce sera une grande occasion pour nous d'échanger avec le Chef de l'Etat. Je voudrais rappeler que les Burkinabè constitue la communauté étrangère la plus nombreuse en Côte d'Ivoire. Le meeting du 28 octobre servira de lieu pour nous de présenter nos doléances au Chef de l'Etat, de lui parler en direct de nos problèmes. Mais l'objectif est de participer à la consolidation de la paix qui, heureusement, revient dans notre pays hôte. Sans vouloir faire le meeting avant la lettre, quelles sont aujourd'hui les grandes préoccupations des Burkinabè résidant en Côte d'Ivoire?
Vous allez devoir prendre votre mal en patience. Ce sont des choses que nous allons présenter au Président de la République dans un dialogue de paix, de fraternité, de convivialité. Nous allons lui demander un certain nombre de choses. Dans tous les cas, chaque pays a ses lois que tous ceux qui y vivent doivent respecter. Je pense que nous respectons les lois de la Côte d'Ivoire jusqu'à preuve du contraire. A propos de nos doléances, il lui appartiendra au Chef de l'Etat de dire celles qu'il peut satisfaire et celles qu'il ne peut pas satisfaire. Par ailleurs, ce sera une rencontre de grands témoignages. Certains de nos compatriotes, qui ne sont même pas allés à l'école, vont témoigner, preuves à l'appui, des choses qu'ils ont vécues dans ce pays. Ce sont des gens, et non les derniers-nés, qui vont parler de choses qu'ils savent. Ce sera donc une rencontre des grands déballages?
Non, pas forcément. Mais je dirais plutôt que ce sera un meeting des grandes vérités. Des gens ont trompé nos parents pendant trop longtemps, il est grand temps que la vérité éclate. Savez-vous qu'aujourd'hui en Côte d'Ivoire, le seul problème des Burkinabé, ce sont les Patriotes ? A mon premier meeting, aucun Burkinabè ne voulait sortir parce qu'on leur avait dit que Blé Goudé et les Jeunes Patriotes allaient les tuer. Il a fallu que je m'appuie sur des vieux avec qui j'ai rencontré Blé Goudé, pour convaincre mes compatriotes qu'il n'en est rien. Vous comprenez qu'ils ont été intoxiqués pendant longtemps. Il faut mettre fin à ce genre d'intoxication. Je comprends pourquoi depuis que j'ai annoncé le meeting du 28 octobre, je ne cesse de recevoir des coups de fils menaçants. D'où viennent-ils, les participants à ce meeting?
Ils viennent essentiellement des quatre coins de la Côte d'Ivoire. Mais d'autres viendront aussi du Burkina Faso.
Combien d'invités attendez-vous?
Je ne peux pas vous dire avec exactitude. Mais je peux affirmer que nous attendons au moins 50 000 personnes. Dans quelques jours, nous allons entrer en contact avec les autorités compétentes pour analyser la question de la sécurité et de l'encadrement de tout ce monde. Y a-t-il de grosses têtes parmi vos invités notamment ceux qui viendront du Faso?
Pour l'heure, je me réserve le droit de lever le voile de la nature de nos invités. Une chose est certaine, c'est qu'ils viendront aussi bien de la Côte d'Ivoire profonde que du Burkina Faso. Pour autant, à quelques jours de l'événement, je pourrais vous en dire plus. Le Président Laurent Gbagbo est annoncé à ce meeting.
Nous avons eu l'honneur de rencontrer le Chef de l'Etat ivoirien à plusieurs reprises. A notre dernière rencontre, il nous a donné de sages conseils, non sans préciser que le meeting était bien venu. Il a dit qu'il sera heureux de rencontrer le peuple du Burkina Faso d'autant que le Président Blaise Compaoré est son ami et frère. Il nous a dit qu'il n'y a pas de raison qu'il ne vienne pas pour parler avec ses frères. En outre, nous allons parler histoire. Et comme il est historien, je pense qu'il est mieux placé que quiconque pour parler de l'histoire des deux pays que sont la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso et expliquer ce qui les lie. Nous voudrions profiter de vos colonnes pour témoigner notre reconnaissance d'avoir accepté de venir à notre meeting. C'est un honneur pour nous. Je pense qu'au sortir de ce meeting, tout Burkinabé sera heureux de rentrer chez lui. Car aucun Burkinabé n'a intérêt que la Côte d'Ivoire brûle. Le bruit court aussi que le richissime Kanazoé sera de la fête. Qu'en est-il?
Ce sera un grand plaisir pour nous de le compter parmi nos invités. C'est un très grand opérateur économique au Burkina. Je peux simplement confirmer que j'ai des amis qui l'ont approché, mais je n'ai pas encore le retour de cette mission.
Quel est l'état d'esprit des Burkinabè vivant en Côte d'Ivoire relativement à la crise?
Aujourd'hui, ils sont dans un esprit de fraternité, d'avancement et surtout de pardon. Sans ranc?ur. Il y a trois ans qu'ils n'avaient pas cet esprit-là. Ils sont tous déterminés à aller à la paix, convaincus qu'ils sont que c'est le seul chemin qui mène au bonheur qu'ils sont venus chercher ici. Et ils sont très heureux que ce soit leur président qui soit facilitateur dans les négociations qui ont conduit leur pays hôte à la paix. Vous comprenez qu'ils ne peuvent que l'accompagner dans sa tâche en adhérant au processus de paix issu du dialogue direct. Vous êtes proche du Président Blaise Compaoré. Quels sont vos rapports avec les Burkinabè proches de l'opposition et vivant en Côte d'Ivoire?
Chacun est libre de choisir le parti politique qu'il veut. Je voudrais préciser que le meeting du 28 octobre est une rencontre où nous allons parler de paix. Cette paix qui n'a pas de couleur politique. Et je sais que les Burkinabè d'ici et d'ailleurs le savent, surtout qu'il s'agit de la Côte d'Ivoire. Mais je voudrais rappeler que les Burkinabè vivant ici ne votent ni en Côte d'Ivoire, ni au Burkina.
Comment vos compatriotes de l'intérieur et du Burkina vont-ils rallier Abidjan ce jour-là?
Ceux de l'intérieur du pays viendront par car et véhicule personnel. Certains du Faso viendront également par car, d'autres par train et d'autres encore par avion.

Interview réalisée par
Pascal Soro

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