mardi 16 octobre 2007 par Le Jour

Ils sont de plus en plus nombreux, ceux qui, par manque de moyens, exclus du système éducatif précocement ou pour diverses raisons, ont porté leur choix sur les cours du soir. Dont la palme de la meilleure organisation revient aux clubs Unesco en Côte d'Ivoire . Dans la fièvre de la rentrée scolaire, nous avons rencontré l'un des promoteurs des cours UNESCO à Abidjan, André Kadio Appia, directeur fondateur des cours du soir Unesco la Colombe sis à Abobo Avocatier dépôt 9. Entretien.

Quelle est l'importance des cours du soir dans la société ? Les cours du soir ont été institués par les autorités pour permettre aux jeunes, même aux adultes, aux travailleurs qui n'ont pas la possibilité de fréquenter les cours du jour de pouvoir se former. Les cours du soir Unesco sont donc le relais de l'Etat permettant aux jeunes frères et s?urs qui n'ont pas la chance de fréquenter les cours du jour de venir parfaire leur formation. Et, pour ceux qui sont déjà travailleurs de venir poursuivre leur formation. Quelles sont les particularités des cours du soir Unesco ? Unesco parce que cet organisme des Nations unies milite pour l'éducation, la culture. Nous avons voulu travailler au compte de l'Unesco, l'une de ses ramifications ici à Abobo Avocatier à Abidjan. Car, il y a plus de rigueur, d'organisation. Les activités sont beaucoup suivies. Nous rendons compte quotidiennement à notre fédération qui elle aussi, rend compte à l'Unesco. Pour que le travail soit plus efficace et crédible. La représentation de l'Unesco en Côte d'Ivoire, faut-il le rappeler, a le souci de permettre à beaucoup de personnes d'être instruites. Pour ce fait, l'Unesco a permis la création de plusieurs clubs qui peuvent s'adonner à la formation des jeunes gens. Quelle différence y a-t-il entre cours du soir et cours d'alphabétisation ? L'alphabétisation est impliquée dans les cours du soir. Mais de façon générale quand on parle de cours du soir on voit les cours secondaires. L'alphabétisation est la formation des adultes, qui ne sont jamais allés à l'école, ou qui ont arrêté précocement et qui ont besoin de formation. A ce stade de l'alphabétisation, on parle de niveau 1, 2, 3. Le niveau 1 correspond au CP1, le niveau 2 ceux qui savent un peu écrire et parler, le niveau 3. Ceux qui savent bien parler et qui veulent par exemple apprendre une langue. L'alphabétisation c'est aussi les cours du soir. Qui paie vos enseignants et vous équipe en matériels didactiques? Nous avons l'Unesco comme garant moral. Sinon, sur le terrain, ce sont les contributions que nous demandons à nos élèves qui nous permettent de subvenir aux besoins de nos enseignants. Quelquefois, l'Unesco peut nous aider à travers la formation et des séminaires. Aussi à travers des contrats avec l'Etat qui nous favorise notre existence. L'Unesco fait des démarches auprès de l'Etat, à savoir le ministère de l'éducation nationale pour que celui-ci favorise notre travail sur le terrain. D'où vous est venue particulièrement l'idée de créer les cours du soir Unesco précisément à Abobo Avocatier ? L'idée m'est venue depuis 1999. Je suis enseignant. Et j'ai constaté qu'à chaque fin d'année, il y a beaucoup de nos élèves qui ne reviennent pas. Ils disent qu'ils n'ont pas de moyens pour poursuivre leurs études ou telles autres difficultés. J'ai trouvé qu'il y a beaucoup de jeunes gens qui sortent du circuit normal, mais qui veulent poursuivre leurs études. Il y a aussi des gens qui travaillent, mais dont le temps ne leur permet pas de poursuivre les études. J'ai compris qu'il faut les aider, les encadrer. En étant utile à la société. Y a-t-il des possibilités pour vos élèves notamment ceux qui sont en classe d'examen d'aller dans le circuit normal public ? Nous faisons les cours à partir de la 4ème. Mais nous encadrons aussi des jeunes gens qui sont en classe d'examen. Ceux qui travaillent bien et qui ont de bons résultats peuvent l'année scolaire suivante intégrer les cours du jour. Mais l'intégration n'est pas automatique. Les parents peuvent les aider. Au regard des bulletins que nous délivrons, les directeurs des établissements sollicités les acceptent. Donc, on peut faire les cours du soir et intégrer les cours du jour. Depuis le démarrage de votre projet, il y a 8 ans, vos attentes sont-elles comblées ? Nous ne nous lançons pas de fleurs, mais il faut admettre que nos attentes sont comblées ; les populations ont compris l'importance des cours du soir Unesco. Chaque fin d'année scolaire nous faisons de très bons résultats. Les élèves, les parents et entourage nous félicitent. C'est ce qui fait d'ailleurs que nous sommes l'un des meilleurs cours du soir d'Abobo. Je dirais d'Abidjan. Nous avons été plusieurs fois félicités par la fédération ivoirienne des clubs et associations Unesco. Des fondateurs d'établissements nous félicitent également. Certains de nos élèves réussissent à des concours et examens. Quels sont vos rapports avec l'administration publique ? Nous avons de bon rapport avec l'administration publique. Nous collaborons avec l'administration locale. Nous sommes en règle sur tous les plans (documents, collaboration). Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l'exercice de votre initiative ? Il y en a beaucoup. D'abord nous travaillons la nuit à partir de 18 heures quand les élèves du cours du jour ont libéré les classes. Par moments, nous constatons des vols, des actes indignes etc. Des personnes étrangères au cours qui s'infiltrent. Par moments, des époux viennent voir si leurs épouses sont là. Ils sont un jeu menaçants. Il y a aussi des coupures d'électricité ou des intempéries au moment des cours. Ce qui fait que nous sommes inquiets pour les élèves. Tout cela nous fait des soucis. Au niveau de l'établissement quelquefois nos élèves peuvent déranger le matériel des instituteurs. Et certains de nos élèves n'arrivent pas aussi à payer les frais de cours malgré le social que nous faisons. Cela nous crée des difficultés de fonctionnement. Les cours du jour, c'est minimum 6 heures de cours au quotidien. Au niveau des cours du soir vous avez maximum 3 heures. Comment arrivez-vous à respecter le volume horaire imposé par la norme nationale Effectivement nous n'avons pas assez d'heures dans les cours du soir pourtant nous sommes soumis au même programme que les cours du jour. Il faut dire que nous terminons toujours les programmes. La stratégie est que le samedi nous demandons aux enseignants de travailler avec les élèves. Quand il y a des congés nous demandons aux enfants de ne pas vite voyager ou de revenir un peu tôt pour que les enseignants fassent des travaux de rattrapage. Et quand nous avons terminé l'année scolaire en attendant les dates officielles des examens, les professeurs font des cours de rattrapage. D'ailleurs depuis quelques années nous finissons notre programme alors que les cours du jour ne finissent pas le leur. Quand eux sont par exemple en grève, nous continuons de travailler.


Propos recueillis par Abou Traoré

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