mardi 16 octobre 2007 par Le Courrier d'Abidjan

La première remarque que je voudrais faire, c'est que Sankara ne parlait pas pour le plaisir de parler. Il parlait pour toucher les c?urs, pour convaincre, pour emporter l'adhésion de son auditoire. Il utilisait alors des formules-choc. Citons-en quelques-unes : Le soleil ne se couche jamais. C'est l'homme qui s'éloigne de la lumière, Certes, nous encourageons l'aide qui nous aide à nous passer de l'aide mais en général la politique d'assistance et d'aide n'a abouti qu'à nous désorganiser, à nous asservir, à nous déresponsabiliser dans notre espace économique, politique et culturel, Malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple !, on ne tue pas les idées, ne pas tenir le peuple en respect mais veiller à ce que tout le respect revienne au peuple, La Bible, le Coran, ne peuvent pas servir de la même manière celui qui exploite le peuple et celui qui est exploité, chaque fois qu'un pays africain achète une arme, c'est contre un Africain. Ce n'est pas contre un Européen, ce n'est pas contre un Asiatique, c'est contre un Africain, Nous avons jusqu'ici tendue l'autre joue. Les gifles ont redoublé. Mais le c?ur du méchant ne s'est pas attendri Du Christ ils ont trahi la parole. Ils ont transformé sa croix en massue. Et, après qu'ils se sont revêtus de sa tunique, ils ont lacéré nos corps et nos âmes. Ils ont obscurci son message. Ils l'ont occidentalisé cependant que nous le recevions comme libération universelle, Ceux qui nous ont conduits à l'endettement ont joué comme dans un casino. Tant qu'ils gagnaient, il n'y avait point de débat. Maintenant qu'ils ont perdu au jeu, ils nous exigent le remboursement, etc.

Un esprit libre

L'originalité de Sankara ne résidait pas uniquement dans la parole belle et juste. Derrière les formules-choc, derrière les mots empruntés au terroir, derrière la poésie, il y avait surtout un esprit libre, celui dont parle Raymond Aron quand il écrit : L'esprit libre n'est pas celui qui promène sur les choses et sur les êtres un regard indifférent. Il avoue franchement les valeurs qu'il respecte, il ne fait pas mystère de ses préférences, de ses affections et de son hostilité, mais il ne soumet pas les événements à une interprétation toute faite à l'avance pour ne pas avoir besoin que le monde la confirme chaque jour. Il n'attend pas que l'Histoire ou quelque autre idée ancienne ou nouvelle lui donne raison.
Sankara était opposé non seulement à l'impérialisme mais aussi au mimétisme, à la politique de la main tendue, au gaspillage des ressources nationales, etc. Pour lui, les Africains devaient compter sur eux-mêmes, prendre leur destin en mains, bref dormir sur leur propre natte au lieu de dormir sur la natte des autres, pour citer une formule chère à Joseph Ki-Zerbo, car on ne dort jamais bien sur la natte des autres. Il prit ouvertement position contre les petits bourgeois africains qui n'aspirent qu'à prendre la place des bourgeois pour voler, détourner les fonds publics et ouvrir des comptes à l'étranger. Il voulait, pour son pays et son continent, une vraie indépendance, celle qui passe par l'application du principe consommer ce que nous produisons et produire ce que nous consommons, par un train de vie simple.

Mener une vie simple

Une simplicité dont il témoigna lui même en roulant en Renault 5. Cette simplicité, inutile de dire qu'il la voulait également pour ses ministres invités à troquer Mercedes longues et rutilantes contre des véhicules plus modestes, à voyager en classe économique quand ils prenaient l'avion. Pour lui, la crédibilité de la Révolution exigeait ce dépouillement, demandait que les membres du gouvernement ne vivent pas dans un luxe insolent pendant que la majorité des Burkinabè manquaient du minimum vital. C'est cette simplicité qui le rapprochait du Tanzanien Julius Kambarage Nyerere (1922-1999) ou de l'Indien Mohandas Gandhi (1869-1948). Si Sankara avait le verbe, s'il abhorrait la langue de bois, s'il avait opté pour une vie simple, il savait aussi agir.

Il était aussi un homme d'action

Ayant compris avec Karl Marx (1818-1883) qu'il fallait passer des diverses interprétations du monde à sa transformation, il posa des actes concrets pour améliorer un tant soit peu les conditions de vie de ses concitoyens. Ces actes, on ne pourra pas les citer tous ici. Qu'il nous suffise d'évoquer la construction de puits, de petits barrages, de dispensaires, la vaccination en l'espace de deux semaines d'environ 3 millions d'enfants contre la rougeole, la fièvre jaune et la méningite. Il n'est donc pas juste de ne voir que les excès et dérapages de la Révolution sankariste. Celle-ci avait aussi un visage humain parce que Thomas Sankara voulait qu'elle soit humaine, qu'elle soit au service de l'Homme. Est fort instructif, de ce point de vue, le discours qu'il prononça à Tenkodogo le 2 octobre 1987. Il y disait notamment : Notre révolution n'aura de valeur que si, en regardant derrière nous, en regardant à nos côtés et en regardant devant nous, nous pouvons dire que les Burkinabè sont, grâce à elle, un peu plus heureux, parce qu'ils ont de l'eau saine à boire, parce qu'ils ont une alimentation abondante, suffisante, parce qu'ils ont une santé resplendissante, parce qu'ils ont l'éducation, parce qu'ils ont des logements décents, parce qu'ils sont mieux vêtus, parce qu'ils ont droit aux loisirs, parce qu'ils ont l'occasion de jouir de plus de liberté, de plus de démocratie, de plus de dignité.
Une Révolution que Bruno Jaffré commentera plus tard en ces termes : La révolution s'entendait ici par le développement des forces productives, la modernisation et la rationalisation de l'agriculture, le développement des filières, la mise à sa place d'un circuit de commercialisation qui libère les paysans de l'emprise des commerçants spéculateurs mais aussi la formation des paysans, l'alphabétisation et la lutte contre la chefferie.
S'il fallait résumer d'un mot la Révolution sankariste, je dirais que l'objectif premier de cette dernière était d'aider les Africains à rester dignes.


Il voulait que nous restions dignes

Cette dignité, il la voulait d'abord pour son peuple installé sur une terre ingrate et confronté à la sécheresse. Dans ces conditions, la dignité consistait, pour Sankara, à retrousser les manches et à se battre courageusement pour changer le cours des choses au lieu de pleurnicher ou de tendre la main. Il voulait que les Africains soient fiers de ce qu'ils sont et de ce qu'ils ont. Cette dignité était la seule chose qui le préoccupait, l'obsédait. Garder le pouvoir, s'y éterniser, même quand on a lamentablement échoué, ne l'intéressait guère. Sinon, il n'aurait pas démissionné du gouvernement du colonel Saye Zerbo, en avril 1982. Sankara avait en effet décidé d'abandonner le secrétariat d'État à l'information pour protester contre les atteintes aux libertés fondamentales. Il n'était donc pas accroché au pouvoir. Le pouvoir pour le pouvoir n'avait aucun sens pour lui . Il voulait plutôt utiliser le pouvoir pour redonner un peu de dignité à ses compatriotes. Participer aux sommets franco-africains, se précipiter à l'Élysée pour serrer la main de X ou Y, faire la courbette devant l'ancienne puissance coloniale, acheter des châteaux et ouvrir des comptes dans l'Hexagone, abriter une base militaire française sur son sol, tout cela lui semblait contraire à la dignité africaine.
Ce combat pour la dignité ne plaisait cependant pas à tout le monde à l'intérieur et à l'extérieur de l'Afrique. Sankara a été assassiné par tous ceux qui ne voulaient pas entendre parler de dignité et de liberté pour l'Afrique. Il a été tué par ceux qui craignaient que ses idées ne fassent tache d'huile. Il a été supprimé parce qu'il faisait peur.

Il faisait peur

Sankara faisait peur aux Africains qui se complaisent dans l'assistanat et pensent que seul le Blanc est capable de produire de belles choses. Il faisait peur à ceux qui refusent que les choses changent en Afrique, à ceux qui désirent enfermer l'Afrique dans la production des matières premières. Alors que la plupart de ses pairs en Afrique francophone brillaient par leur soumission à l'ancienne puissance colonisatrice, lui aspirait à l'indépendance. Cette quête d'une véritable indépendance était très courageuse et ne pouvait qu'incommoder les anciennes puissances coloniales, écrit Anne-Cécile Robert. Et ce n'est sans doute pas un hasard si le président François Mitterrand qui n'a jamais remis en cause la Françafrique, ne manifesta de colère qu'envers un seul chef d'État africain : Thomas Sankara. Par contraste, l'image du Maréchal Mobutu, dictateur criminel s'il en fut, assis près du dirigeant français sur le parvis des droits de l'homme à Paris, lors du bicentenaire de la Révolution de 1789, représente le symbole, à la fois pathétique et tragique du discours de Cancun de 1982.
Ce point de vue est corroboré par Bruno Jaffré dans son article déjà cité : Ce président d'un type nouveau, dont tout le monde veut bien louer aujourd'hui le patriotisme et l'intégrité, l'engagement personnel et le désintéressement, était en 1987 devenu gênant. Sa lutte de plus en plus populaire contre le néocolonialisme menaçait le pouvoir des autres présidents, plus dociles, d'Afrique de l'Ouest, et plus généralement la place de la France sur le continent noir.
À mon avis, c'est trois ans plus tôt ? le 4 octobre 1984 ? que les Gnasingbé Eyadema, Houphouët-Boigny, Abdou Diouf, Moussa Traoré, Séni Kountché et autres François Mitterrand se rendirent compte que Sankara ne regardait pas dans la même direction qu'eux. Les propos tenus par le leader burkinabè, ce jour-là, devant l'Assemblée générale de l'ONU, mériteraient d'être repris in extenso mais nous nous limiterons à en donner quelques extraits : Il faut proclamer qu'il ne peut y avoir de salut pour nos peuples que si nous tournons radicalement le dos à tous les modèles que tous les charlatans de même acabit ont essayé de nous vendre vingt années durant. Il ne saurait y avoir pour nous de salut en dehors de ce refus-là. Pas de développement en dehors de cette rupture (). On recherchera en vain, depuis les concepts de négritude ou d'??African Personality'' marqués maintenant par les temps, des idées vraiment neuves issues des cerveaux de nos grands intellectuels. Le vocabulaire et les idées nous viennent d'ailleurs. Nos professeurs, nos ingénieurs et nos économistes se contentent d'y adjoindre des colorants parce que, des universités européennes dont ils sont les produits, ils n'ont ramené souvent que leurs diplômes et le velours des adjectifs ou des superlatifs. Il est nécessaire, il est urgent que nos cadres et nos travailleurs de la plume apprennent qu'il n'y a pas d'écriture innocente. En ces temps de tempête, nous ne pouvons laisser, à nos seuls ennemis d'hier et d'aujourd'hui, le monopole de la pensée, de l'imagination et de la créativité. Il faut, avant qu'il ne soit trop tard car il est déjà trop tard, que ces élites, ces hommes de l'Afrique, du Tiers Monde, reviennent à eux-mêmes, c'est-à-dire à leur société, à la misère dont nous avons hérité pour comprendre non seulement que la bataille pour une pensée au service des masses déshéritées n'est pas vaine, mais qu'ils peuvent devenir crédibles sur le plan international qu'en inventant réellement, c'est-à-dire en donnant de leurs peuples une image fidèle. Une image qui leur permette de réaliser des changements profonds de la situation sociale et politique, susceptibles de nous arracher à la domination et à l'exploitation étrangères qui livrent nos États à la seule perspective de la faillite. Le Nouvel Ordre économique international s'inscrit tout simplement, à côté de tous les autres droits des peuples, droit à l'indépendance, au libre choix des formes et de structures de gouvernement, comme le droit au développement. Et comme tous les droits des peuples, il s'arrache dans la lutte et par la lutte des peuples. Il ne sera jamais le résultat d'un acte de la générosité d'une puissance quelconque (...). Militaire, je ne peux oublier ce soldat obéissant aux ordres, le doigt sur la détente, et qui sait que la balle qui va partir ne porte que le message de la mort (...). Au mépris d'une histoire qui hier encore, désignait chaque Juif à l'horreur des fours crématoires, Israël en arrive à infliger à d'autres ce qui fut son propre calvaire. En tout état de cause, Israël dont nous aimons le peuple pour son courage et ses sacrifices d'hier, doit savoir que les conditions de sa propre quiétude ne résident pas dans sa puissance militaire financée de l'extérieur. Israël doit commencer à apprendre à devenir une nation comme les autres, parmi les autres. C'est notre sang qui a nourri l'essor du capitalisme, rendu possible notre dépendance présente et consolidé notre sous-développement. On ne peut plus escamoter la vérité, trafiquer les chiffres. Pour chaque Nègre parvenu dans les plantations, cinq au moins connurent la mort ou la mutilation. Et j'omets, à dessein, la désorganisation du continent et les séquelles qui s'en sont suivies. Nous proposons également que les structures des Nations Unies soient repensées et que soit mis fin à ce scandale que constitue le droit de veto. Bien sûr, les effets pervers de son usage abusif sont atténués par la vigilance de certains de ses détenteurs. Cependant, rien ne justifie ce droit : ni la taille des pays qui le détiennent ni les richesses de ces derniers. Si l'argument développé pour justifier une telle iniquité est le prix payé au cours de la guerre mondiale, que ces nations, qui se sont arrogé ces droits, sachent que nous aussi nous avons chacun un oncle ou un père qui, à l'instar de milliers d'autres innocents arrachés au Tiers Monde pour défendre les droits bafoués par les hordes hitlériennes, porte lui aussi dans sa chair les meurtrissures des balles nazies. Que cesse donc l'arrogance des grands qui ne perdent aucune occasion pour remettre en cause le droit des peuples. L'absence de l'Afrique du Club de ceux qui détiennent le droit de veto est une injustice qui doit cesser. J'ai parcouru des milliers de kilomètres. Je suis venu pour demander à chacun de vous que nous puissions mettre ensemble nos efforts pour que cesse la morgue des gens qui n'ont pas raison, pour que s'efface le triste spectacle des enfants mourant de faim, pour que disparaisse l'ignorance, pour que triomphe la rébellion légitime des peuples, pour que se taise le bruit des armes

Les erreurs de Sankara

Sankara qui, dans le même discours souhaitait que le Burkina soit aux Burkinabè et l'Afrique aux Africains comme Monroe parlait de l'Amérique aux Américains en 1823, était-il irréprochable ? Toutes ses idées et actions étaient-elles indiscutables ? Notre réponse est non. Par exemple, je n'ai jamais accepté la violence des CDR (Comités de défense de la révolution), leur immixtion dans les entreprises, le fait que les enfants soient encouragés à dénoncer leurs parents soupçonnés de tiédeur vis-à-vis de la Révolution (c'est une des choses que je découvris en visitant le Burkina Faso en août 1985), le licenciement de 1400 instituteurs qui avaient fait grève, l'élimination physique des ennemis de la Révolution, le recours à la force pour résoudre les inévitables contradictions entre les hommes. À ce propos, faut-il rappeler que Bulgares, Hongrois, Polonais, ex-Tchécoslovaques n'eurent pas besoin de prendre les armes pour se débarrasser du communisme en 1989 ? Idem pour le Bénin où le marxisme-léninisme fut congédié sans effusion de sang en 1990.
On peut lui reprocher aussi une certaine impatience. On avait l'impression qu'il voulait aller vite, changer rapidement la société. En ce sens, Ki-Zerbo a raison d'écrire : Il n'a jamais réalisé assez tôt que les conditions objectives de la révolution n'étaient pas réunies.
Je regrette également qu'il ait fait cavalier seul. Certes, le Ghanéen Jerry Rawlings l'avait pris en sympathie mais, dans l'Afrique francophone, combien de chefs d'État le soutenaient-ils ? Ce fut l'erreur de Nkrumah et de Sékou Touré. Comme l'a bien résumé Joseph Ki-Zerbo, toutes les tentatives micro-nationales de libération de l'Afrique ? Sékou Touré en Guinée, Kwame Nkrumah au Ghana, Thomas Sankara au Burkina Faso ? ont échoué en grande partie parce qu'elles ont été solitaires et non solidaires.
Enfin, je déplore cette stupide guerre qui opposa, en décembre 1985, le Burkina au Mali même si certains font valoir que c'est Bamako qui attaqua Ouagadougou pour le contrôle de la bande de l'Agacher (quelques kilomètres de terre) et que Sankara avait l'intention de soumettre le litige frontalier à la Cour Internationale de la Haye afin qu'il n'y ait plus de prétexte de guerre entre frères africains.
Sankara sera emporté, non par la guerre avec le Mali, mais par celle que lui déclara Blaise Compaoré, le 15 octobre 1987 . Pourquoi ? Sankara avait-il dévié comme l'a prétendu Compaoré ? La seule chose sûre, c'est que, même si Compaoré et Sankara dormaient dans le même lit ? le lit de la Révolution ? tous deux ne devaient pas faire les mêmes rêves. 20 ans après la mort du capitaine Sankara, que reste-t-il de ses idées ?

Que reste-t-il des idées de Sankara

Le moins que l'on puisse dire ici, c'est que ceux qui ont tué Sankara n'ont pas réussi à tuer ses idées, ni à effacer son image de la mémoire de la jeunesse africaine. Une jeunesse qui était inconsolable, ce 15 octobre 1987, dans les rues de Brazzaville où je venais de débarquer. Les jeunes du Congo-Brazzaville pleuraient parce qu'ils avaient perçu, comme ceux de Ouaga, d'Abidjan, de Bamako, d'Accra, de Dakar, de Lomé ou de Yaoundé, que Sankara était l'héritier des révolutions américaine, française et soviétique. Ils pleuraient parce qu'ils avaient été conquis par sa jeunesse, sa simplicité, sa fougue révolutionnaire.
Nous avons le devoir de valoriser les hommes et femmes qui, à l'exemple de Thomas Sankara, ont marqué l'Histoire et notre histoire, qui ont tenté de redorer le blason de l'Afrique, qui ont essayé de frayer un autre chemin pour le continent noir, qui se sont efforcés de gouverner autrement, qui avaient à c?ur de travailler pour l'Homme car Sankara aimait dire avec José Marti : nous sentons sur notre joue tout coup donné à n'importe quel homme du monde.
C'est à un Burkinabè, Liermè Somé, que je voudrais donner la parole pour la conclusion de cet article : Le régime Compaoré a détruit toute la bonne image que notre pays avait à l'extérieur du Burkina. Cette destruction a été amorcée avec l'assassinat de la Révolution en 1987. Depuis, le pays connaît une profonde descente aux enfers sur le plan international. Il ne se passe plus de conflits dans un pays de la sous région sans qu'on ne soit cité comme l'instigateur. L'esprit des soutiens aux peuples en lutte n'est plus le même. On ne vole plus à leur secours pour les défendre comme ce soutien symbolique dont ont bénéficié les Sud-africains qui combattaient l'Apartheid mais plutôt parce qu'il y a des diamants à extraire dans les zones en guerre ou des armes à revendre. Sankara a amené la Révolution et Compaoré a apporté la démocratie. Mais en matière de violation des droits de l'homme, on ne sait pas très exactement lequel des régimes vaut mieux. La Révolution est venue avec son lot de familles endeuillées. La démocratie qui devait mettre fin aux exactions commises par ce régime, n'a pas fait mieux. On pourrait même dire que l'horreur du régime de Blaise Compaoré n'a pas d'égal dans notre pays. Car on n'a jamais vu des assassinats comme ceux de Sapouy où après les meurtres on s'est acharné sur les corps des infortunés.

Père Jean-Claude DJÉRÉKÉ
Dernière publication : L'Afrique refuse-t-elle vraiment le développement ? Paris, L'Harmattan, 2007.
EPHE (Paris IV)
jcdjereke@yahoo.fr

Père Jean-Claude DJÉRÉKÉ

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