mardi 16 octobre 2007 par Notre Voie

Au moment où le corps préfectoral regagne les zones ex-assiégées, M. Eben-Ezer Guébo Dja, secrétaire exécutif du Comité national de pilotage du redéploiement de l'administration, fait le point de ce vaste mouvement.

Notre Voie : M. le secrétaire exécutif du CNPRA, comment vous sentez-vous au regard du redéploiement de l'administration qui prend forme avec le retour du corps préfectoral dans les zones ex-assiégées ?
Eben-Ezer Guébo Dja : Je suis à la fois fier et satisfait. Fier parce que le pays n'est pas encore totalement sorti de la crise sociale et surtout financière mais en ce qui concerne le redéploiement de l'administration, le paiement des primes et autres kits aux fonctionnaires et aux autorités administratives, l'Etat tient tous ses engagements.
Je suis également satisfait parce que le paiement des kits qui s'est déroulé dans la paix, repose sur un système fondé sur l'équité et la transparence gérées par le logiciel Agonon qui a tenu toutes ses promesses. Aujourd'hui, les 156 autorités préfectorales de la zone de redéploiement général ont reçu la totalité de leurs dotations de personnel et de service.

N.V : Vous vous dites satisfait de l'opération, pourtant des observateurs soutiennent que l'Etat paie le corps préfectoral en monnaie de singe
E.G.D : C'est un jugement erroné et excessif. En effet, les dotations de personnel et de service qui sont allouées ont une structure précise. Une partie est constituée de la prime d'installation que l'Etat verse à tous les fonctionnaires qui prennent service dans les zones du redéploiement. Cette prime est payée une seule fois. Pour respecter l'esprit d'équité, les autorités préfectorales qui ont déjà reçu cette prime n'ont pas été payées à nouveau sur ce chapitre. Il y a une autre partie qui est destinée à payer le carburant pour les tournées et missions. Toutes les autorités préfectorales, sans exception, ont reçu cette dotation. Une dotation est affectée à l'équipement de base des services. Toutes les autorités ont également reçu cette dotation, à l'exception de ceux qui l'ont déjà perçue, l'année dernière et qui sont restés en poste. Il y a enfin une dotation pour compenser les uniformes perdus à l'occasion de la crise. Les autorités concernées en ont reçu. A toutes ces dotations, s'ajoutent spécifiquement pour les préfets, des moyens destinés à assurer la coordination des circonscriptions placées sous leur autorité. Ce sont des sommes importantes qui sont mises à la disposition de ces serviteurs de l'Etat. Il serait donc excessif de les qualifier de monnaie de singe.
En tout état de cause, les autorités concernées sont largement informées sur la question et comprennent le souci d'équité qui fonde ces mesures.

N.V : Quel bilan partiel pouvez-vous faire du redéploiement de l'administration ?
E.G.D : Le programme du redéploiement de l'administration se déroule normalement. L'opération pilote a eu lieu et les résultats ont été jugés satisfaisants. Des activités résiduelles se poursuivent cependant pour quelque temps dans la zone pilote pour consolider les acquis.
S'agissant de l'opération générale de redéploiement qui se développe dans les zones Centre, Nord et Ouest, un chemin appréciable a été parcouru. Ainsi, au titre de la sensibilisation, les différents acteurs et partenaires de l'opération ont été impliqués dans sa mise en ?uvre. Vous vous souvenez certainement de la grande tournée que nous avons effectuée dans les différents organes de presse à l'effet de sensibiliser les journalistes et les hommes de médias. Il y a eu également la mobilisation des syndicats et des organisations des fonctionnaires de la zone. Nous avons ensuite entrepris la sensibilisation des partenaires non nationaux en vue de mobiliser les appuis extérieurs, la mise en place dans chaque ministère, de comités internes de redéploiement de l'administration (CIR), le pré-positionnement de 12 délégués départementaux du CNPRA sur le terrain pour engager des actions de proximité, l'installation de 22 coordinations départementales présidées par les préfets. Il y a eu l'implication la plus large possible de tous les acteurs. A côté de ces activités, une politique hardie de mobilisation des fonctionnaires pour le retour et la sédentarisation de ces agents a été développée. La première tranche des primes a été payée dans 13 départements sur 22. A savoir, Bouna, Korhogo, Vavoua, Séguéla, Touba, Odienné, Madinani, Minignan, Tiébissou, Danané, Biankouma, Man et Tiendiékro.
Près d'un milliard de FCFA a été mobilisé par le ministère de l'Economie et des Finances pour cette opération. A ces actions, il convient d'ajouter celles relatives au cadre de vie et de travail du personnel. Dans cette perspective, le CNPRA a mis en mission en mai dernier 23 équipes d'ingénieurs et de techniciens du ministère de la Construction et de l'Urbanisme avec pour objectif d'établir l'état des lieux, d'évaluer les coûts de réhabilitation et de proposer un chronogramme d'exécution des travaux pour les édifices publics endommagés du fait de la guerre. En définitive, les 23 équipes ont évalué 3510 édifices publics et beaux administratifs à usage de bureaux et de logements de fonction. Un rapport global a été remis au CNPRA. Ce document est en validation auprès du Premier ministre, président du CNPRA. Dans quelques jours, des entreprises seront mises au travail après les avoir soumises aux procédures usuelles de mise en concurrence relatives aux marchés publics. C'est le lieu de rappeler que les travaux de réhabilitation sont du ressort du CNPRA. Les entrepreneurs qui exécuteraient des travaux de réhabilitation au titre du redéploiement en dehors de toute procédure légale et réglementaire de passation de marché, le feraient à leurs risques et périls. Des instructions fermes ont été données à nos services pour le respect scrupuleux de la réglementation en vigueur et la sanction sans faiblesse des contrevenants.

N.V : Les travaux de réhabilitation des résidences et bureaux des préfets n'ont pas encore été réalisés. Et pourtant, ces préfets viennent d'être lancés sur le terrain. Comment vont-ils travailler ?
E.G.D : Pendant longtemps, plusieurs personnes ont pensé que la réhabilitation des services et des résidences des préfets devrait être un préalable à leur installation. C'est une vision que nous ne partageons pas. En effet, tirant leçon de l'opération pilote au cours de laquelle les réhabilitations ont précédé l'installation du corps préfectoral et suscité l'insatisfaction des autorités préfectorales, nous avons opté pour l'inversion de l'opération. C'est-à-dire, l'installation des préfets et sous-préfets et ensuite la réhabilitation en leur présence et sous leur contrôle. Pendant ce temps, comme l'a dit à juste titre le ministre de l'Intérieur, là où se trouve le préfet, là sera la préfecture. Le préfet dispose de moyens légaux, réglementaires et psychologiques pour exercer l'autorité de l'Etat et obtenir que les services de l'Etat fonctionnent normalement.
Ce que le gouvernement, les populations et les chefs militaires des Forces Nouvelles attendent des préfets aujourd'hui, c'est qu'ils exercent pleinement leurs activités dans l'intérêt bien compris des populations.

N.V : Au moment où les Forces Nouvelles libèrent les résidences et bureaux des préfets, il nous revient qu'à Séguéla et Odienné, ces bâtiments sont encore occupés par l'ONUCI. Que comptez-vous faire ?
E.G.D : Nous avons envoyé une mission dans ces localités et le CNPRA a pris part à la mission du facilitateur qui est passée à Séguéla et il a été donné de constater que l'ONUCI occupe effectivement les bâtiments préfectoraux de ces localités. Je suis convaincu que ces bâtiments seront libérés dans les jours qui viennent.

N.V : Quelles sont les futures actions du CNPRA ?
E.G.D. : Nous nous évertuons à accélérer le retour des personnels publics par le renforcement de la sensibilisation. Après les autorités préfectorales, nous suivons avec intérêt les travaux menés par le comité interne de redéploiement du ministère de l'Intérieur au sujet du retour des autorités et personnels locaux. De même, nous suivons la question du retour des Forces de sécurité. Il y a aussi la situation des enseignants bénévoles de la zone ex-assiégée qui fait l'objet d'une attention particulière de la part du secrétariat exécutif du CNPRA et du CIR du ministère de l'Education nationale. Vous avez aussi constaté le retour progressif des structures de l'administration financière et nous travaillons à renforcer ce processus en liaison avec le CIR du ministère de l'Economie et des Finances. Nous continuons à payer les primes aux fonctionnaires redéployés (primes d'installation et d'incitation) et nous lancerons la réhabilitation des édifices publics.
Il faut donc bien comprendre que le Programme national de redéploiement de l'administration s'inscrit dans la perspective globale de sortie de crise dans lequel il occupe une place de choix. L'accord politique de Ouagadougou qui a montré la capacité des Africains à régler par eux-mêmes leurs différends de manière pacifique et qui fait aujourd'hui école, est une boussole pour le CNPRA. Et pour l'heure, les repères fixés par cet accord nous permettent d'accomplir avec aisance la mission de redéploiement de l'administration des services publics et privés à nous confiée par l'Etat.

Entretien réalisé par Boga Sivori bogasivori@yahoo.fr

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