mardi 16 octobre 2007 par Le Nouveau Réveil

Il n'a vraiment rien à se reprocher. Il se dit surpris des graves accusations que lui portent des soi-disant fondateurs de grandes écoles agissant sous le couvert de l'anonymat. Aussi, lui a décidé de parler à visage découvert. Il rejette tout et invite ceux qui dénoncent à agir en public en usant des voies de droit que leur offre la justice. Interview. Monsieur le ministre, vous et votre DAF sériez au centre d'un scandale. On vous reproche d'opérer des prélèvements sur les arriérés de solde que les fondateurs doivent percevoir de l'Etat. Qu'en est-il exactement ?
Ces informations qui ont été diffusées n'existent que dans l'imagination. Ceux qui les ont données redoutent les changements qui sont en train de s'opérer au ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Vous le savez, tout changement, dès lors qu'il comporte une part de servitude est redouté. Mais les changements auxquels nous sommes en train de procéder iront à leur terme. Soyez rassuré. Au ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, nous ne sommes pas des commerçants. Nous ne vendons rien ici. Nous essayons de relever le niveau de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui, aujourd'hui, est dans un état piteux. A l'extérieur, il ne fait plus bon de se présenter comme un Ivoirien, surtout quand on est étudiant. Nous essayons donc de faire en sorte que les choses soient comme elles étaient il y a quelques décennies en arrière. Il nous est reproché de prélever des sommes sur les subventions que l'Etat doit aux fondateurs. Alors deux choses. La première chose, à mon arrivée ici, j'ai trouvé un état de passif important de l'Etat, vis-à-vis des fondateurs. Et comme l'Etat n'a pas de ressources suffisantes pour apurer ce passif et que les dotations budgétaires sont en deçà des créances des fondateurs, j'ai demandé à ceux-ci, en rapport avec mon directeur de cabinet, le DAF, de définir une clef de répartition. Donc de définir des critères sur la base desquels les répartitions allaient se faire. En 2006, alors qu'ils se sont mis d'accord sur ces critères, des fondateurs sont passés par la fenêtre pour aller se faire payer au ministère de l'Economie et des finances envers et conte tous. En dehors des critères qui ont été établis. En contournant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Vous me poserez la question de savoir comment ? Je ne saurais vous répondre. En tout cas, ils ont réussi à se faire payer sans que notre DAF ait procédé à l'engagement. Ils ont réussi à se faire payer sur la base d'une liste que, eux-mêmes, ont élaboré. Conséquence, alors que certains ont été payés intégralement du montant de leur créance, composée de trois éléments, arriérés, renouvellement et attribution, d'autres n'ont pas réussi à obtenir un seul sou de leur créance. C'est la première chose que je voulais dire sur cette question. Ils savent comment ils ont procédé. Le ministère a réagi de manière violente et j'espère que nous avons été entendu. La deuxième chose, c'est que justement pour régler ce problème d'arriérés, nous avons dû, avec les fondateurs, faire beaucoup de réunions au cabinet. Certaines à leur demande, d'autres à ma demande. Au cours de ces réunions, nous avons échangé sur les moyens à mettre en ?uvre pour résoudre ce problème. Parce que c'est un problème. Nous avons échangé au cours de ces réunions pour trouver des solutions. Certaines solutions proposées par le ministère ont été d'apporter leurs assentiments, notamment lorsque le ministère a demandé que l'on puisse faire une compensation à dure concurrence entre leurs dettes d'impôts et leur cotisation sociale vis-à-vis de l'Etat avec leur créance de subvention sur le tas. Ils n'ont pas semblé adhérer à cette position. Nous étions en train de poursuivre ces discussions pour trouver des solutions, quand un groupe est allé voir le Premier ministre. Ce collectif, avec à sa tête le ministre Saliou Touré, a eu différentes rencontres avec les services du Premier ministre. Aux dernières informations, des solutions sembleraient poindre à l'horizon, consistant au payement intégral une seule fois de la subvention due aux fondateurs. Certainement, le ministère de l'Economie et des finances sera sollicité par le gouvernement pour régler le problème. Est-ce que ça sera dans le budget ou hors budget ? Ces questions sont en train d'être étudiées. Voilà les différentes occasions où j'ai eu à titre personnel à parler de subvention. Pour le reste, nous sommes dans un Etat de droit. Si certains considèrent qu'ils ont été grugés, contraints de payer de l'argent, on appelle cela en droit, la corruption. Qu'ils portent plainte. Ou qu'ils signalent au ministre qui a ses portes ouvertes à tout le monde. Mais on ne peut pas se lever pour débattre d'autres choses, pour dire tout ce qu'ils ont dit. A vous entendre, monsieur le ministre, vous n'êtes donc pas, ni de près, ni de loin dans cette affaire de ponction dans les subventions. Je ne me contenterai pas de dire que je n'ai exigé quoique ce soit à quelqu'un. Mais je dirai en plus, si quelqu'un dispose la moindre preuve qu'un collaborateur du ministre, ou le ministre lui-même lui a demandé quelque chose, qu'il apporte cette preuve. S'il ne peut pas, ou s'il ne veut pas pour des raisons ou d'autres, qu'il aille à la justice. On appelle ça la corruption. ()
On vous accuse aussi de vous faire payer 20.000 Fcfa par tête d'étudiant orienté dans les écoles. Et que ce serait un deal établi entre vous et certains fondateurs d'établissement.
Moi, je souhaiterais que ceux, qui ont les preuves de ces deals les apportent ou saisissent les services compétents. Mais il faut que les Ivoiriens apprennent à être cohérents, responsables. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, sous ma responsabilité, a décidé de procéder à des classements. Nous faisons ces classements et nous savons qu'ils dérangent. Pensez-vous que c'est ce qui est à l'origine de toute cette cabale?
J'y arrive. Nous tenons à ce classement pour une raison très simple. Il ne faut pas que nous continuions dans la médiocrité. La conséquence, que le ministère devait tirer de ce classement, consiste à ne pas envoyer un seul étudiant dans un établissement mal classé. A partir de là, les choses sont claires. Quand un établissement est bien classé, il sait qu'il va recevoir des étudiants. Mais pourquoi alors aller payer quelqu'un pour avoir des étudiants ? Ce que je comprends, c'est que depuis avant mon arrivée, avant même mon prédécesseur, le ministre Zémogo, certaines pratiques existaient, contre lesquelles je suis en train de lutter. Ce qui n'est pas fait pour plaire à tout le monde. Quelles sont ces pratiques ? Le BTS. A l'approche du BTS s'ouvre un marché de BTS, où il y a des acheteurs et des vendeurs. Moi, je ne considère pas le BTS comme étant une marchandise. C'est un diplôme qui atteste du niveau d'expertise d'un individu qui va être utilisé dans la vie professionnelle. Donc, j'attache la plus grande importance à la qualité que ce diplôme-là doit avoir. Les prises en charge, ce n'est plus un secret pour personne. Après le BAC, à la veille des orientations, s'ouvre un vaste marché des prises en charge. Qui conduit à une publicité à visage découvert. Promenez-vous en ville, dans les jours à venir, vous allez voir sur des pancartes qu'il y a des prises en charge à vendre ou à acheter. Moi, je lutte contre cela. C'est pour cette raison que l'année dernière, le ministre de l'Enseignement supérieur lui-même, son conseiller technique, chargé de l'enseignement supérieur privé, son directeur des examens et concours, se sont retranchés pour travailler sur les prises en charge et les affectations. Tous ceux, qui demandent au cabinet du ministre, des prises en charge et qui ont les documents, les ont automatiquement, sans débourser 5 Fcfa, parce que la prise en charge n'est pas une marchandise. La seule exigence, c'est qu'ils soient effectivement inscrits et la deuxième exigence est que l'établissement, dans lequel ils sont inscrits soit classé parmi les crédibles. En dehors de ces conditions, il n'y en a pas une autre, à plus forte raison le paiement d'une certaine somme. Quand nous nous sommes retrouvés, nous avons dit que tous ceux, qui sont classés crédibles, auront les étudiants. Mais, ce qui s'est passé est la chose suivante. Des gens, se croyant plus malins, sont passés dans le dos du ministre et ont agi en complicité avec des gens dans le ministère. Alors même qu'ils sont classés parmi les mauvais, pour se faire accepter des étudiants. L'exemple, c'est quelqu'un qui a été classé 98ème sur 102. Je ne sais pas par quel tour de passe, il a obtenu 300 étudiants de l'Etat correspondant à 105 millions de Fcfa de créance à l'égard de l'Etat. Mais le ministre, comme il ne vient pas pour dormir au bureau, a pris quelques décisions et s'est rendu compte de la supercherie. Alors, on dira que le contrôleur financier avait déjà contrôlé. Le contrôleur financier et le ministre ne contrôlent pas la même chose. Je veux que ça soit bien retenu. Si des documents lui sont présentés qui attestent de ce que les étudiants pour lesquels une prise en charge est demandée sont inscrits, quand il fait ce contrôle, il se contente seulement de l'inscription formelle, pas de l'inscription effective. En ce qui concerne le ministre, lui, il contrôle tout à fait autre chose. Le ministre contrôle les établissements qui figurent sur la liste. Auraient-ils dû figurer sur la liste ? N'y a-t-il pas des établissements mal classés sur la liste ? C'est donc, en faisant ce contrôle que le ministre s'est rendu compte qu'il y a des établissements mal classés sur la liste. Qu'est-ce que vous avez fait ?
Le ministre a rejeté les décisions et a demandé à son directeur des examens et concours d'aller reprendre les décisions. Donc les décisions ont été retirées. Le fond du problème donc, c'est que les responsables d'établissements considèrent qu'on leur enlève le pain de la bouche. Il faut comprendre leur cri du c?ur. Je leur dis que ce n'est pas la meilleure manière de se plaindre.
La commission d'attribution des bourses a disparu. Comment sont octroyées les bourses au niveau de l'enseignement supérieur ?
Ces commissions se sont régulièrement réunies. Et les personnes qui ont siégé ont reçu leur perdiem. Le directeur des bourses pourra vous fournir les procès-verbaux. Au titre de l'année 2007-2008, pour le renouvellement des bourses hors Côte d'Ivoire, la commission s'est réunie du 24 au 26 juillet 2007. Quant à l'attribution, elle s'est déroulée le 13 septembre dernier. En ce qui concerne les bourses Côte d'Ivoire, le renouvellement s'est fait au vu des PV des UFR et des résultats. Pour les nouvelles attributions, celles de 2005-2006 s'est déroulée du mardi 5 au 9 décembre 2006. Ce décalage à ce niveau se justifie par le déroulement des années académiques. Pour 2006-2007, la date à laquelle la commission va siéger n'est pas encore déterminée. Mais selon le directeur des bourses, elle se fera en deux phases. D'abord, les UFR qui ont validé leur année puis celles qui sont en retard.
Interview réalisée par
Akwaba Saint Clair
Coll : Poy

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