lundi 15 octobre 2007 par Le Rebond

Bonjour Monsieur le Président, je n'ai pas pour habitude de te saluer avec un air mélancolique. La raison est simple. Je suis fâché. Notre cher pays que tu as l'honneur de diriger va très mal. Tout s'écroule autour de nous. L'image de la Côte d'Ivoire, aussi bien dans la sous région que dans le monde, se dégrade continuellement. Le pays n'est plus respecté comme par le passé. Tous les lendemains des Ivoiriens sont faits de déception. Au début, dans l'ambiance de ta prise de fonction, il était question de charnier. Plusieurs personnes ont été découvertes mortes et entassées du côté de la prison civile dans la commune de Yopougon. Je ne te tiens pas pour coupable. Cependant, la Refondation avait déjà pris le contrôle du pouvoir d'Etat. Ensuite, sous le prétexte d'un coup d'Etat manqué dont la télévision Ivoirienne devrait servir de parcelle pour te détrôner, plusieurs Abidjanais avaient été mis aux arrêts, y compris de nombreux malades mentaux. L'épisode de la Mercedes noire qui n'a pu être rattrapée par un hélicoptère a fait accentuer la suspicion entre Ivoiriens. Puis un 19 septembre éclate la toute première rébellion en Côte d'Ivoire. Tu étais la cible de cette révolte de soldats mécontents. Ta réaction sur fond de vengeance a fait perdurer la crise jusqu'à ce que tu te ravises en acceptant enfin de dialoguer avec tes ennemis. L'amour au gain facile de ton régime a poussé certains de tes cadres à autoriser le déversement de déchets toxiques dans la capitale économique du pays. Ce scandale a fait de nombreuses victimes. Les stigmates sont encore perceptibles. Une hypothétique usine de transformation de café-cacao prétendument achetée à 100 milliards aux Usa avec l'argent du contribuable Ivoirien continue de faire des vagues. Pendant ce temps, les instituteurs, les chercheurs et enseignants du supérieur, puis les cadres supérieurs de la santé publique sont traités de tous les crimes d'Israël pour avoir exigé la revalorisation de leurs situations salariales et l'amélioration de leur condition de travail. L'on constatait par ailleurs que la liste des milliardaires de la Refondation ne cessait de s'allonger. Tes proches collaborateurs et les jeunes, à travers des organisations associatives sous la bananière de jeunes patriotes, ont trouvé leurs créneaux. Les stations d'essence, les microfinances et les bâtisses pharaoniques sont leurs domaines de prédilection. Ils y investissent follement. Les maîtresses et les copinages se font approvisionner. Mon cher président, ceux qui connaissaient la Côte d'Ivoire, il y a 10 ans, tombent des nus quand ils constatent ce que ce pays est devenu. Lorsqu'on croit avoir fini avec les pires formes de scandales, il naît d'autres dont la gravité est à nul autre pareil. Aussi, le jeudi 4 octobre dernier, alors que les Abidjanais calculent leurs jetons pour affronter le marché devenu extrêmement cher, l'on apprend qu'un réseau de faussaires à cols blanc vient d'être découvert. Une usine de fabrication de faux billets montée dans le quartier huppé de Cocody. L'entreprise est stratégiquement logée près de la résidence de l'un de tes proches. L'un des suspects est également l'un de tes protégés protecteurs. D'ailleurs, nombreux de ces accusés font partie de ton staff. Un regard rétrospectif présente un tableau similaire à celui des déchets toxiques. De véritables nébuleuses à la base de gros scandales aux contours mystérieux dont les Ivoiriens sont obligés de subir les conséquences. Président, tous les Ivoiriens présument déjà que tu vas encore protéger les mis en cause comme tu l'as fait pour les déchets toxiques. Une autre affaire qui fait marrer les Ivoiriens, c'est que tu demandes qu'une enquête soit ouverte pour faire la lumière sur les détournements dans la filière café cacao. Mon cher Président, pour faire gagner du temps, évite désormais de faire engager les enquêtes. Car elles n'ont jamais abouti sous ton régime. Que ce soit le scandale des déchets toxiques, la découverte rocambolesque de l'usine de fabrication de faux billets de banque et les détournements dans la filière café-cacao, les auteurs sont connus. Evitons donc de tourner les ivoiriens en bourrique. A bon entendeur

Par Paul Arnaud Digbeu

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