lundi 15 octobre 2007 par 24 Heures

Une enquête pour situer l'opinion et sanctionner les auteurs des différents détournements dans la filière café cacao. Le chef de l'Etat Laurent a ordonné au procureur de la République d'ouvrir une instruction judiciaire. Man?uvre politicienne ou simple souci de transparence.

Le chef de l'Etat veut éviter à son pouvoir d'être totalement absorbé par les nombreux détournements dans la filière café cacao.
Il a saisi officiellement le procureur de la République Raymond Tchimou pour faire toute la lumière sur les opérations financières dans le secteur.
Depuis le samedi dernier, le cabinet du procureur de la République a été instruit à l'effet de diligenter une enquête sur les différents comptes des structures décentralisées qui sont impliquées dans la gestion du café cacao.
La man?uvre du chef de l'Etat est bien subtile.
Elle vise, selon certaines sources proches du Palais, à ne pas laisser les affaires sales dans lesquelles sont compromis certains de ses proches éclabousser son pouvoir.
En fait, le chef de l'Etat ne veut plus servir de paravent à ses proches qui s'adonnent à certaines pratiques dignes de la mafia sicilienne.
Il n'a pas digéré l'affaire des faux billets dans laquelle est citée un très proche collaborateur.
Il est très en colère et veut que chacun paie pour les torts commis , nous a confié un membre du cabinet présidentiel.
Selon lui, son patron veut vraiment se défaire de ceux qui gâtent son nom .
Certains acteurs de la filière et bien d'autres observateurs pensent plutôt que l'envie soudaine du chef de l'Etat de la transparence est motivée par un autre souci.
Celui de donner toutes les chances à son pouvoir qui croule sous la corruption et les détournements de deniers publics, de pouvoir faire face à la critique, le moment venu.
En actionnant la justice, le Chef de l'Etat semble- t-il, veut se mettre à l'abri.
La démarche, on peut donc, l'écrire, pour eux, est purement politique.
Dans l'achat de l'usine de chocolat de Fulton par le FRC, le chef de l'Etat a joué sa partition.
Il a eu des entretiens téléphoniques avec le patron de Lion Capital Management, le partenaire américain du FRC.
A Hausmann Banet, directeur général du LCM, il a exprimé tout son intérêt pour le projet.
Sa seule présence a suffi à mettre en confiance les responsables du Fonds de pensions américain.
Le chef de l'Etat était au fait de toutes les étapes de l'achat de l'usine de chocolat de Fulton.
En son temps, le Premier ministre Seydou Diarra s'était opposé au projet.
Le dossier de l'achat de l'usine de chocolat était même passé sous le broyeur en conseil des ministres.
Alors qu'il pensait que les choses étaient réglées, le chef de l'Etat et le ministre Paul Antoine Bouabré ont fait fi toutes les procédures pour finaliser le projet avec les partenaires américains.
Dans le même ordre, le ministre de l'Agriculture, Amadou Gbon Coulibaly s'est lui aussi opposé à l'achat de l'usine de chocolat de Fulton et de l'entreprise Coco services d'Abobo.
Dans un courrier adressé au chef de l'Etat et au premier ministre celui-ci a invoqué les raisons pour lesquelles, il s'opposait à de tels investissements.
Mais l'action du ministre n'a pas freiné l'ardeur du palais qui tenait à son affaire.
Le chef de l'Etat a fait nommer son Conseiller spécial chargé du développement et des infrastructures en urgence le 2 mars 2004 à la tête de l'usine.
Jean Claude Amon s'est installé à coup de millions aux Etats-Unis.
Des fonds estimés à plus de 100 milliards selon les partenaires américains ont été virés par le FRC dans des comptes privés autres que celui de l'usine.
Il s'est trouvé après enquête qu'il s'agit de sociétés- écran, I C Trading et I C Management, propriété de Yallé Agbré, un Ivoirien spécialisé dans le négoce du Café Cacao.
Ancien représentant de la défunte Caistab, il vit aux Etats-Unis et jouit d une très grande expérience des arcanes du négoce du café cacao.
Contacté et embauché par le FRC, il a joué les courtiers.
C'est à partir de ses comptes selon les enquêteurs de Lion Capital Management, que le dispatching des 100 milliards a été fait.
Lorsque les Américains se sont rendus compte, qu'ils étaient en train d'être salement roulés dans la farine, ils ont adressé plusieurs courriers au chef de l'Etat pour lui demander d'interpeller les responsables du FRC sur le respect de leurs engagements.
Mais rien n'y fit.
Le Palais n'a pas donné suite à leurs requêtes.
Ce silence a été considéré comme un acte de complicité par les Américains.
Coup sur coup, ils ont saisi la Banque Mondiale, le FMI et le Département d'Etat.
La Banque africaine de développement et la BCEAO sont aussi apostrophés.
Le Trésor américain qui a investi de l'argent dans cette affaire, par l'entremise de Lion Capital Management a ouvert pour sa part une enquête.
L'affaire, comme on le voit a pris des proportions inquiétantes.
C'est dommage que le chef de l'Etat s'en rende compte seulement maintenant.
Malgré la saisine du procureur , les producteurs ne décolèrent pas.
Nous nous félicitons de l'annonce du président de la République mais cela ne garantit rien, et nous réclamons la mise en place d'une commission d'enquête constituée de représentants des planteurs, de l'Union Européenne et de la banque mondiale, pour garantir que cette affaire ne soit pas enterrée par la justice ivoirienne bien peu efficace lorsqu'il s'agit d'enquêter sur les cercles proches du pouvoir , a confié un producteur sous le couvert de l'anonymat.


Hervé Akaché

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