lundi 15 octobre 2007 par Nord-Sud

Le président des républicains, Alassane Dramane Ouattara était face aux auditeurs de la radio des Nations Unies, Onuci-fm, le samedi. Dans le cadre de l'émission Sanke . Durant 90 minutes, il a abordé les questions relatives au processus de sortie de crise ; la place des médias dans le processus de paix et la vie de son parti.


?Pourquoi avez-vous accepté, M. le président du Rdr, de répondre volontiers à notre invitation ?

Je vous remercie pour cette initiative qui s'inscrit dans le processus de paix. Votre radio fait beaucoup de progrès dans ce sens. C'est pourquoi je n'ai pas hésité un seul instant pour accepter cette invitation.


?Comment avez-vous accueilli l'initiative du chef de l'Etat à l'endroit des Forces nouvelles dans le cadre d'un dialogue direct qu'il a entrepris lors de son discours à la nation le 19 décembre 2006 ?

Effectivement, quand nous avons appris l'initiative du dialogue direct. Nous nous attendons à ce que cela pourrait donner. J'ai été heureux de son aboutissement par la signature le 4 mars 2007 de l'accord politique de Ouagadougou. A notre sens, cet accord peut conduire à l'organisation d'élections transparentes et crédibles. Au c?ur de ce processus se trouvent la question identitaire et la nécessité de réunifier le pays. Cela permettra aux deux belligérants de déposer les armes pour que la libre circulation des personnes et des biens soit une réalité tangible. Donc, je soutiens l'accord politique de Ouagadougou.


?Est-ce que vous vous attendiez à ce schéma où le président Laurent Gbagbo tend la main à son ex-ennemi Guillaume Soro ?

Nous sommes en période de réconciliation. Je ne voudrais pas intenter de procès contre quelqu'un. Je note qu'il eu une série d'accords qui n'ont jamais été appliqués. Cela a conduit au blocage du processus de paix. De ce fait, le président a initié le dialogue avec les Forces nouvelles. Il a conduit à un accord politique bilatéral entre les deux belligérants. Bien entendu, nous aurions voulu que ce dialogue prenne en compte tous les principaux acteurs politiques. Cependant, mieux vaut tard que jamais.


?Est-ce que vous croyez à l'accord politique de Ouagadougou ?

Nous sommes obligé de croire à cet accord. Nous souhaitons qu'il soit entièrement appliqué pour conduire aux élections. Nous comptons sur la vigilance et l'implication du facilitateur le président du Burkina Faso, M. Blaise Compaoré. Il est grand temps que les ivoiriens puissent élire un président légitime. La situation socio-économique du pays est catastrophique.

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?Quelles appréciations faites vous concernant le démarrage effectif des audiences foraines ?

Nous sommes heureux du démarrage des audiences foraines. Elles devaient débuter au mois de mai selon le chronogramme établi par l'accord de Ouagadougou. Donc nous avons 5 mois de retard qui est beaucoup dommageable dans la possibilité de tenir les détails prescrits par l'accord. Nous avons noté des blocages. Mais j'ai enregistré ces derniers temps tous les efforts faits par le Premier ministre Guillaume Soro pour amener les uns et les autres à prendre part effectivement à la bonne tenue de cette opération. Je salue sa détermination et son engagement pour sa réussite. Les audiences foraines sont nécessaires. J'espère qu à l'issue de ce processus d'identification, tous les ivoiriens auront leur pièce d'identité pour participer aux élections futures.

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?Lors d'un entretien dans l'hebdomadaire Jeune Afrique, le facilitateur, le président Blaise Compaoré trouve normal la tenue des élections présidentielles en octobre 2008. Que pensez vous de cette échéance ?

Vous savez que la question des élections est centrale. Quand nous nous sommes réunis le 12 juin au niveau du cadre permanent de concertation avec le facilitateur, nous pensions que les élections pouvaient se tenir au mois de mars 2007. Maintenant, j'apprends par le président de la commission électorale que les élections devront se tenir au plus tard au mois d'octobre 2008. Le facilitateur pense également qu'il est plus serein d'organiser ces élections à cette date. Nous pensons qu'il faut faire des élections à de bonnes dates. Le plus tôt serait le mieux car nous estimons que la Côte d'Ivoire ne doit pas demeurer dans cette situation de non élection. Depuis la fin du mandat du chef de l'Etat en octobre 2005. Il n'est pas bon ni pour le chef de l'Etat ni pour la Côte d'Ivoire de rester sans élections. Je souhaite en tout état de cause la tenue d'élections dans les plus brefs délais.


?Vous avez brillé par votre absence à la cérémonie du bûcher de la paix en juillet à Bouaké. Quelles sont les raisons de cette absence?

Je signale que le Rdr a été représenté lors de la flamme de la paix à Bouaké par Mme Henriette Diabaté, secrétaire générale du Rdr. Elle était à la tête d'une forte délégation composée de 200 personnes. Je pense que ma présence à cette cérémonie symbolique pouvait être un obstacle à son bon déroulement. Un homme politique ne peut pas être à plusieurs endroits au même moment. La sortie de crise ne doit pas se limiter aux symboles. Il faut passer aux actes concrets par la tenue des audiences foraines ; la désignation de l'opérateur qui devra piloter l'opération d'identification ; la réunification du pays ; l'organisation des élections. Nous avons eu des images fortes à Accra, à Pretoria, à Marcoussis. Les symboles c'est bien. Mais passons aux actes au risque de créer de nouvelles déceptions.


?Pensez vous que les médias ont embouché la trompette de la réconciliation?

Je pense que notre radio est un exemple tout comme la presse écrite. Cependant, la Rti (Radio et la télévision ivoirienne) est loin de ce cadre. Cela me peine mais c'est la triste réalité. J'ai eu l'occasion d'interpeller les responsables de ce média national. Nous avons saisi la commission nationale de l'audio-visuel. Je pense qu'il importe que la Rti puisse s'inscrire dans ce processus de paix. Les ivoiriens devront entendre toutes les parties impliquées dans la recherche de la paix. La Rti doit rendre compte des activités politiques des différentes formations afin que les ivoiriens puissent mieux apprécier nos actions. (). Il faut faire une ouverture d'esprit dans le traitement égalitaire de l'information sans récriminations.


?Quels sont vos rapports avec vos anciens camarades (Ali Kéita, Jean Jacques Béchio) et notamment avec M. Zémogo Fofana, qui ont quitté le Rdr pour créer son parti politique ?

Je n'ai pas de relations particulières avec M.Zémogo Fofana depuis qu'il a décidé de quitter le Rdr. Nous avons eu l'occasion de nous rencontrer lors d'une cérémonie funèbre. C'est dommage qu'il soit parti. Vous savez lorsqu'on est leader de parti politique, on ?uvre à la cohésion au sein du groupe. J'ai eu le temps de le convaincre pour qu'il puisse rester mais il a pris une autre décision. Il est parti. Je suis démocrate et donc j'ai pris acte de sa décision. Ils sont partis, un point un trait. Nous avons enregistré de nouvelles adhésions. Des personnalités et non des moindre nous ont rejoint. Lors d'une cérémonie très bientôt, nous les présenterons à la nation. Je ne néglige personne. Je ne méprise personne. Nous avons déjà résolu cette question.


?D'aucuns pensent que les ivoiriens ont mal de la classe politique. Quelle est votre réflexion ?

Lors de mon passage de 1990 à 1992, à la primature, les ivoiriens ont apprécié à sa juste valeur mon travail. Un parti s'est crée et ma demandé d'être à sa tête. Nous n'avons pas encore exercé le pouvoir d'Etat. Nous demandons donc aux ivoiriens de nous porter au pouvoir. Ils pourront alors nous juger à la tâche. Je ne suis pas particulièrement attaché au pouvoir. Vous savez, je pouvais travailler dans une grande banque en France. J'étais le premier africain à exercer au sein du Fonds monétaire international comme Directeur général adjoint. Donc, honnêtement je n'ai de problèmes d'avenir et d'emploi. Je reste dans mon pays pour me mettre à sa disposition. Un groupe de personnes ont fondé un parti politique (Rdr) et ils m'ont demandé de présider aux destinées de ce mouvement. J'ai abandonné mes fonctions au Fmi pour me consacrer à cette responsabilité. Je suis un homme de devoir. Avec toute la modestie. Je n'ai pas de problèmes d'argent, mon institution fonctionne bien. Quand j'étais Premier ministre, je n'ai jamais piqué dans les caisses de l'Etat. Je ne le ferai pas. Contrairement à ce que nous constatons actuellement. Par ailleurs, dire que les ivoiriens ont été floués par la classe politique, je pense qu'il faut situer les responsabilités dans les différents échecs pour l'application des accords. Il est vrai que nous sommes en période de réconciliation mais la responsabilité du camp présidentielle est totale dans la non application des compromis politiques.


Propos retranscrits par Moussa Ouattara (Stagiaire) source: Onuci-Fm

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