lundi 15 octobre 2007 par Notre Voie

Après les attaques virulentes dont ils ont été l'objet la semaine dernière de la part d'un confrère, nombre de collaborateurs du chef de l'Etat cherchent encore les mobiles de ces informations qu'ils jugent sans fondement. Et la grogne monte

Les responsables du journal Le Matin d'Abidjan étaient à la résidence du Président Laurent Gbagbo, le jeudi 11 octobre dernier. Ils y étaient pour, ont-ils dit, présenter leurs excuses suite à l'article paru dans l'édition du mercredi 10 octobre dudit journal. Cet article intitulé Abus de confiance, racket, blanchiment d'argent : voici la mafia qui sévit autour de Gbagbo mettait gravement en cause, certains proches collaborateurs du chef de l'Etat sans qu'ils aient été entendus. Notamment, maître Baï Patrice, agent de la garde rapprochée du chef de l'Etat, Mme Marcelline Obodou, Secrétaire particulière du président de la République et Hubert Digridi, chargé de mission. Baï Patrice a été méchamment associé à une sale affaire de blanchissement d'argent, et Marceline Obodou a été accusée d'avoir gardé par devers elle, de l'argent que le chef de l'Etat aurait demandé qu'on donne à M. Elie Hallassou, un jeune Libanais, qui a donné sa poitrine dans l'engagement patriotique dans la crise ivoirienne. Quant à Hubert Digridi, il est accusé d'être un véreux trafiquant de minerai d'or et de diamant qui grugerait tous ceux qui tombent dans ses filets.

Or, selon des mis en cause que nous avons rencontrés, ces accusations sont fausses, sans fondement et n'ont eu pour but que de salir d'honnêtes citoyens. C'est pourquoi, tous estiment que le mal est déjà consommé et même profond. Car, expliquent-ils, avec le système Internet, c'est à la seconde près que les journaux sont lus dans le monde entier. Et ce ne sont pas les excuses entre quatre murs et dont la sincérité reste toujours à vérifier qui y changeront quelque chose.

A preuve, explique l'un d'entre eux, dans son éditorial intitulé Mauvaise lecture, le même journal écrit dans sa parution des samedi 13 et dimanche 14 octobre 2007 : En faisant son entrée, pour la première fois, dans les kiosques, le 31 août 2005, Le Matin d'Abidjan avait clairement défini sa ligne de conduite. Celle de défendre les institutions de la République, et par ricochet, veiller à l'image de celui qui incarne au mieux ces institutions, à savoir le chef de l'Etat . Et l'éditorialiste de conclure : Ce combat a fait croire à certains, que jamais nous ne serions capables de porter un regard critique sur le camp présidentiel, et particulièrement sur le premier cercle des collaborateurs du président Laurent Gbagbo.

Quand on a lu ces écrits, s'interrogent presque en ch?ur les collaborateurs du président Gbagbo, peut-on encore objectivement croire au pardon des patrons de ce journal ?. Nos interlocuteurs disent d'ailleurs qu'ils ne demandent nullement à un journaliste, de quelque bord qu'il soit, de ne pas jeter un regard critique sur les collaborateurs du chef de l'Etat qu'ils sont. Ce qu'ils demandent par contre, c'est de ne pas publier des informations aussi graves, sans prendre la moindre précaution de les vérifier et de les recouper auprès des concernés. Cela éviterait de traîner d'honnêtes personnes dans la boue sur la base du faux.

Dans le cas d'espèce, les concernés pensent que si nos confrères du Matin d'Abidjan avaient pris la peine de vérifier leurs informations auprès d'eux, ils auraient évité à leurs patrons d'aller leur présenter des excuses. Les collaborateurs du chef de l'Etat en sont d'autant plus convaincus que les patrons dudit journal ont accès à eux sans rendez-vous. Mieux, ceux-ci ont tous leurs contacts téléphoniques, et ils avancent qu'ils étaient tous bien présents à Abidjan au moment de la parution de l'article. Dans tous les cas, ils disent avoir découvert l'hypocrisie qui sous-tend la démarche des responsables du Matin d'Abidjan.

En ce qui concerne Me Baï, le principal mis en cause dans cette affaire de blanchiment d'argent, c'est-à-dire Yed Stéphane qui séjourne en ce moment à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA), est formel : Me Baï n'est mêlé ni de près, ni de loin à cette affaire. L'agent de la garde présidentielle se réjouit de cela. Il se félicite également de ce que nos confrères aient publié, le lendemain, son droit de réponse. Mais il pense que nos confrères auraient évité cela si en amont, ils l'avaient approché. Il en est de même pour Hubert Digridi qui ne se reconnaît pas dans tout ce qui lui est reproché. Je préfère prendre de la hauteur en ne répondant pas à ces accusations sans fondement, dit-il avec dédain. S'agissant du cas Elie Hallassou dans lequel la secrétaire particulière du chef de l'Etat est mise gravement en cause, la vérité est toute simple. C'est en effet, explique un des collaborateurs du chef de l'Etat, Mme Obodou qui, à la demande d'Hallassou, a pu lui obtenir une audience auprès du chef de l'Etat. À la sortie de cette audience, le président de la République a effectivement donné des instructions pour qu'on donne de l'argent au jeune patriote . Aussitôt, celle que tous appellent affectueusement La vieille mère surtout quand ils sollicitent ses services, a mis le jeune homme en contact avec le service financier de la présidence de la République. Or, vu cette caisse est rudement mise à l'épreuve et s'assèche constamment. Là bas donc, compte tenu du manque de liquidité, il a été demandé à M. Elie Hallassou de patienter. Car, selon les responsables de ce service que le Président appelle lui-même la plus grande caisse de solidarité du pays, c'est pratiquement chaque jour que le président Gbagbo, dans sa générosité débordante, accorde des faveurs à plusieurs personnes. Tous ces cas sont donc traités par ordre d'arrivée et en fonction de l'état de santé de la trésorerie. De sorte qu'un dossier peut, quelque fois, durer deux à trois semaines, voire un mois. Cela ne signifie pas du tout, expliquent-on, que les ordres du président ne sont pas respectés. Dans le cas d'espèce, selon nos interlocuteurs, le dossier de Hallassou était en voie de traitement quand il a choisi de se répandre partout, faisant croire que son argent s'est volatilisé entre le service financier et le secrétariat particulier du président de la République. Au lieu de recouper cette information, nos amis du Matin d'Abidjan ont pris les dires d'Hallassou comme une vérité biblique. Traînant ainsi gratuitement, sur la base du faux, d'honnêtes personnes dans la boue, oubliant momentanément qu'on aura besoin de ces mêmes personnes dans les temps à venir, déplorent les mis en cause.

Victimes de leur largesse démesurée

Vous pouvez porter à la connaissance de vos confrères que le même Elie Hallassou, sur intervention de la même Marcelline Obodou et après supplication, émarge à la présidence. Pourquoi il ne leur a pas dit cela aussi ? Quel mérite particulier a-t-il, lui qui n'est apparu dans la crise que traverse le pays qu'en 2004, pour bénéficier d'une telle faveur que des gens qui se battent depuis toujours n'ont pas ?, interrogent les collaborateurs désabusés du président deb la République. Qui affirment, désormais formels : Nous sommes victimes de notre gentillesse qui dépasse quelque fois l'entendement. Contaminés par la générosité débordante du Président Gbagbo, dont les limites ont largement dépassé les frontières nationales, c'est très souvent que nous intervenons pour décanter des situations financières. Et comme les gens sont habitués à cela, le jour où la demande de quelqu'un n'est pas agréée, il pense du coup que c'est nous qui sommes responsables de sa déconvenue et nous traite à tort de coupeurs de route .

Pour quels objectifs ?

D'ailleurs, quel objectif vise le journal en se prêtant à un tel jeu ? Est-ce vraiment veiller à l'image d'un chef de l'Etat que de vilipender, sur la base du faux, ses plus proches collaborateurs ?, se demandent les collaborateurs du chef de l'Etat. En tout cas, les collaborateurs du président Gbagbo estiment qu'en s'adonnant à une telle activité qui n'honore pas ses géniteurs, Le Matin d'Abidjan vise directement, consciemment ou inconsciemment, le président de la République, Laurent Gbagbo, surtout dans cette période préélectorale. Car un chef, disent-ils, c'est aussi et surtout son entourage. Quand on cherche, par tous les moyens, à affaiblir cet entourage, on vise forcément le chef. Encore qu'ici, tout est fait sur la base du faux. Car précisent-ils, il ne s'agit pas de ne pas porter un regard critique sur les proches collaborateurs du chef de l'Etat , comme le dit si bien l'éditorialiste du Matin d'Abidjan. Il s'agit plutôt de prendre le temps de vérifier les informations auprès des personnes accusées pour avoir leur version des faits qui les incriminent. Cela pensent les victimes, éviterait à nos confrères de faire comme cet animal qui construit avec ses membres supérieurs et détruit ce qu'il a construit avec sa queue. Il y a peu, rappellent les proches de Gbagbo, ce même journal écrivait que plus de 200 gendarmes avaient déserté les casernes pour prendre la rue et étaient prêts à enclencher un mouvement insurrectionnel pour cause de non paiement des primes alimentaires. L'information, après vérification, était fausse. Obligeant ainsi le chef d'Etat-major, le général de division Philippe Mangou, à monter au créneau. Ecrire de telles choses gravissimes, susceptibles de semer la panique au sein de la population, dans la situation aussi fragile de recherche de la paix que traverse la Côte d'Ivoire, participe-t-il de la défense de l'image du chef de l'Etat, chef suprême des armées ?, s'interrogent encore les proches de Gbagbo.

Il faut bien noter. Nous avons beaucoup à dire sur votre travail aussi, vous les journalistes. Car, c'est très souvent que votre confrère, comme bien d'autres journaux qui se déclarent du camp présidentiel, suscite et attise des conflits très souvent injustifiés entre responsables du FPI au plus haut niveau, comme si l'objectif était de nuire à notre parti. Il est vrai que ceux qui ont créé ce journal ont toujours clamé, haut et fort, qu'ils ne sont pas militants du parti du Premier ministre Affi N'Guessan, mais qu'ils sont pour Gbagbo. Position que nous les proches de Gbagbo et militants du FPI respectons. Cependant, ils ne doivent pas perdre de vue que le FPI a été créé par Gbagbo. Peut-on objectivement aimer un homme politique et chercher à détruire son instrument le plus précieux, pour la conquête ou la conservation du pouvoir d'Etat ? Nous nous interrogeons.

Boga Sivori
bogasivori@yahoo.fr

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