lundi 15 octobre 2007 par Le Nouveau Réveil

En d'autres circonstances, c'est une initiative qui aurait dû être saluée et applaudie. Mais la récente saisine du procureur de la République Raymond Tchimou par le chef de l'Etat aux fins d'enquêter sur la gestion de la filière café-cacao apparaît comme une vaste escroquerie de l'opinion publique. Car le but inavoué de cette saisine c'est d'empêcher la comparution des dirigeants en charge de la filière devant l'Assemblée nationale. D'abord l'acte de saisine du chef de l'Etat serait motivé par " des accusations récurrentes parues dans la presse ". On peut s'étonner qu'un chef de l'Etat puisse écrire cela, dire qu'il a décidé de porter plainte parce que la presse en parle. Lui, le chef de l'Etat, il ne sait pas que cette filière est malade, désorganisée, gabegique. Que sa prétendue réforme pour ne pas dire libéralisation a transformé cette filière en une véritable jungle, instauré une mafia où les plus forts mangent les plus petits. Que cette libéralisation a fabriqué des milliardaires en si peu d'année de gestion et rendu les paysans de plus en plus pauvres et misérables. Non, Gbagbo ne sait pas tout cela, c'est la presse qui l'en a informé. Lui qui a des représentants dans toutes les structures (FRC, BCC, FDPCC, FGCC, ARCC) qui lui rendent quotidiennement compte de la gestion de la filière. Il faut à cet effet souligner de deux traits que toutes les structures qui gèrent cette filière échappent au contrôle du ministère de l'Agriculture, elles sont toutes rattachées à la présidence de la République. Comment dès lors le chef de l'Etat peut-il oser affirmer qu'il ne savait pas ce qui se passe à l'intérieur de cette filière et que sa plainte n'est motivée que par les articles de presse ? Au demeurant, dans le cadre du scandale de l'achat de l'usine de Fulton aux USA, Laurent Gbagbo a été averti depuis le 1er mai par le PDG de la Lion capital Management group, la société partenaire du FRC. De même d'autres correspondances indiquent bien le degré d'implication du chef de l'Etat dans cette opération d'achat. Ce n'est pas par hasard que le PDG de la société américaine s'est autorisé à adresser une lettre personnelle à M. Laurent Gbagbo. En juillet 2003, ce dernier avait mandaté Mlle Léila N'diaye comme sa représentante spéciale à l'effet de contacter les responsables des partenaires américains du FRC. Cela fait plusieurs mois que l'affaire a éclaté. Gbagbo est parti aux Etats-Unis récemment, il est rentré à Abidjan, il n'a jamais parlé de ce scandale. Mais il a suffi que les députés décident d'entendre ceux qui gèrent les structures à problème pour que notre chef d'Etat comprenne qu'il doit agir en justice contre les pillards. Mais au fait, peut-on détacher les gérants de ces structures du régime FPI ?
Qui sont Angeline Killy, Firmin Kouakou, Tapé Do et les autres ? Ne sont-ce pas eux qui financent tous les coups tordus du régime avec "les jeunes patriotes" ?
Au FPI, tous les "grands" mangent dans la filière. Et on ne peut pas prendre le risque de les livrer comme ça aux députés fouineurs. C'est trop risqué. Il faut donc faire semblant de sévir. En saisissant le procureur d'une plainte pour enquêter sur la filière. Toute la filière. On sait que ça va prendre du temps et puis connaissant l'efficacité du procureur pour les enquêtes du genre Mais dans tous les cas, on pourra invoquer les exigences du secret de l'instruction judiciaire pour nous dire que les députés ne peuvent pas se rendre au parlement.
Akwaba Saint Clair

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