dimanche 14 octobre 2007 par AP

PARIS - Mercenaire "à l'ancienne", aventurier qui avait sillonné l'Afrique des coups tordus et des coups d'Etat pendant près de quarante ans, Bob Denard est mort samedi à l'âge de 78 ans après une longue carrière marquée par plusieurs blessures et quelques condamnations par la justice, a-t-on appris dimanche auprès de sa soeur Georgette Garnier.

En juillet dernier, l'ancien mercenaire qui souffrait de la maladie d'Alzheimer, avait été condamné en appel à quatre ans d'emprisonnement, dont trois ans avec sursis, pour une tentative de coup d'Etat ratée aux Comores, en 1995. Malade, il n'avait pas assisté au procès.

De son vrai nom Robert Bourgeaud, Bob Denard est fils d'un sous-officier de l'armée coloniale française. Il a d'abord rejoint la Marine française, pour laquelle il sert comme quartier-maître en Indochine, avant de servir la police au Maroc, encore sous protectorat français.

Là, "il a rencontré des gens qui ont remarqué qu'il était assez doué pour les choses de l'ombre" et participe à des opérations "antiterroristes", selon son biographe Georges Fleury (co-auteur avec Bob Denard du "Corsaire de la République", aux éditions Laffont), interrogé sur France-Info.

Mais c'est dans l'actuelle République démocratique du Congo que Denard embrasse la carrière de mercenaire qui l'a rendu célèbre. Nommé colonel de la gendarmerie de l'éphémère République du Katanga, il dirige un groupe de mercenaires appuyant les rebelles de Moïse Tchombe, épisode au cours duquel il vient en aide à un certain nombre d'Européens pris dans la tourmente zaïroise.

Ensuite, il vend ses services sur tout le continent et au Moyen-Orient, souvent pour aider des régimes dictatoriaux: Denard intervient au Biafra, en Angola, en Rhodésie, dans les derniers temps de l'Iran de Reza Pahlavi, dans la monarchie déclinante de l'imam El-Badr au Yémen et, plusieurs fois, aux Comores, où il a longtemps vécu. Il a été sérieusement blessé à quatre reprises et garde d'une de ces blessures, reçue au Congo, une légère claudication de la jambe droite.

Le mercenaire n'a jamais agi contre les intérêts français et a revendiqué le soutien de Paris, jamais officiellement confirmé même s'il semble évident que les services secrets ne pouvaient ignorer ses activités. Ses détracteurs soulignent son affairisme et affirment qu'il a utilisé son influence sur les Comores pour venir en aide notamment à l'Afrique du Sud de l'apartheid.

Denard connaît son premier gros revers au Bénin, où il tente de renverser le président marxiste Mathieu Kérékou à la tête d'un commando aéroporté. Ce coup de force lui vaut une condamnation à mort au Bénin et, en 1993, une autre de la justice française: cinq ans de prison avec sursis.

Mais c'est aux Comores que Denard s'illustre plus particulièrement. En 1977, il participe avec les services français à l'installation au pouvoir d'Ahmed Abdallah, qu'il avait contribué à chasser du pouvoir en 1975 et qu'il aidera ensuite à se maintenir à la tête de l'archipel. Le mercenaire s'y installe quelques années, s'y marie et se convertit à l'islam avant de devoir quitter le pays.

Dans la nuit du 26 au 27 septembre 1995, par "engagement moral" vis-à-vis des Comoriens, il débarque aux Comores à la tête d'une trentaine d'hommes pour renverser le président Saïd Djohar. Denard place Mohamed Taki et Saïd-Ali Kemal au pouvoir, mais pour quelques jours seulement: le 4 octobre, les forces françaises interviennent pour libérer le président Djohar et les mercenaires se rendent. Ce dernier "coup d'éclat" vaudra à Denard une seconde condamnation en France.

Au cours de cette vie agitée, Bob Denard s'était marié à six reprises et avait eu huit enfants, a précisé sa soeur. AP

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