samedi 13 octobre 2007 par Le Nouveau Réveil

Excellence Monsieur le Président,
Voici déjà quelques semaines que vous êtes de retour en Côte d`Ivoire après avoir eu l`occasion rêvée, pour tous les Hommes dignes de votre rang, de prendre la parole devant la plus auguste Assemblée de ce 21ème siècle : l`Assemblée Générale annuelle de l`Organisation des Nations Unies. Les Ivoiriens que nous sommes en tireront une fierté et une satisfaction légitimes car la non-application (pour ne pas dire le rejet systématique) des différentes résolutions prises par le Conseil de Sécurité de ladite Institution pour tenter d`aider la Côte d`Ivoire à résorber sa "crise", pouvait nous faire penser que plus jamais l`on ne vous donnerait la parole pour parler publiquement des problèmes de la Côte d`Ivoire sur cette tribune mondiale. Les préparatifs et les péripéties de votre voyage à New York ont été largement et fortement médiatisés en Côte d`Ivoire; car ce voyage représentait pour nous, Ivoiriens, épris et désireux de Paix, le voyage de tous les espoirs, le voyage de la réconciliation avec une communauté internationale qui n`était plus loin de nous regarder à la manière d`un chien de faïence. Votre retour au pays, après avoir tenu discours à vos pairs, aurait dû être aussi triomphal. Les commentaires devraient à mon avis continuer de bon train encore et comme les autres fois vous devriez être tenu en vedette comme votre entourage aime bien le faire. Mais à mon grand étonnement, l`on a parlé très peu et l`on ne parle même plus de cette grande "plaidoirie" ou de ce grand plaidoyer de la Côte d`Ivoire que vos propos sont censés exprimer.
On pourrait en déduire que les préoccupations que vous avez tenues à exprimer dans vos propos ont été si bien exposées et si clairement énoncées que les médias, tant nationaux qu`internationaux, n`ont pas jugé utile et nécessaire d`en re-expliquer la quintessence aux Ivoiriens et aux amis et partenaires de la Côte d`Ivoire. Tout se passe comme si le jeu n`en valait plus la chandelle et pour cause !
Deux points clés de votre intervention, qui vous tenaient le plus à c?ur ont laissé beaucoup d`Ivoiriens et d`observateurs, dont moi, perplexes. Votre insistance particulière sur la levée de l`embargo décrété alors par le Conseil de sécurité sur les armes dépasse mon niveau de compréhension des choses et m`effraie.
L`embargo sur les armes veut dire restriction, parce que les Ivoiriens que nous sommes, nous n`avons pas eu la maîtrise des armes qui étaient à notre disposition. Et à vous entendre parler, on croirait que les dégâts causés par les armes ne vous disent rien.
Aussi, la plaidoirie pour la levée des sanctions individuelles prises pour limiter la capacité de nuisance de certains de nos compatriotes proches de votre personne - comme si cela ne constituait un fait majeur pour la survie de la Côte d`Ivoire -m`étonne à plus d`un titre. Vous demandez ainsi à l`ONU, et cela dans l`optique d`une meilleure sécurisation des personnes et des biens, de lever l`embargo sur les achats d`armes par la Côte d`Ivoire. A ce niveau, l`on est en droit de se poser plusieurs questions :
-Encore des armes pour quoi faire lorsque tout un chacun constate déjà que trop d`armes circulent en Côte d`Ivoire?
-Des armes de quels types, à l`usage de qui et pour combattre qui au moment où l`on a déjà fêté avec faste à Bouaké la fin de la guerre avec le "bûcher de la paix " en brûlant des armes? Ce qui suppose le retour de la paix et la réunification des factions belligérantes en une seule armée patriotique républicaine, prête seulement à défendre les Ivoiriens contre une éventuelle agression extérieure et non à les exterminer parce que partisane, tribalisée et quelque fois déguisée en milice à la solde du pouvoir.
Excellence Monsieur le Président, pendant que vous brûlez des armes d`un côté, de l`autre côté vous voulez en acheter.
Nous allons en découdre avez-vous déclaré ; voulez-vous en découdre au plan électoral et démocratiquement parlant ou par les armes ? N`est-ce pas vous qui, en octobre 2000, lors de votre investiture par le Grand Chancelier, aviez clamé devant l`opinion nationale et internationale que vous voulez démontrer dans ce pays qu`on peut être au pouvoir, organiser des élections et les perdre ? Nous osons espérer que vous n`avez pas oublié cette promesse au peuple !
Excellence Monsieur le Président, est-ce que vous voulez vous re-armer pour ne pas accepter les résultats des élections si elles sont en votre défaveur ?
On peut même aller plus loin pour dire : "des armes encore pour préparer quelle nouvelle guerre et contre qui ? "Après le Dialogue Direct avec SORO Guillaume, êtes-vous prêts à faire la "guerre directe ?"
Rassurez-nous Monsieur le Président en démentant la rumeur que ces armes auxquelles vous tenez tant ne viendront pas pour être remises en des mains d`individus sans scrupule et n`ayant aucune considération pour la vie humaine ; et ceci dans le seul but d`empêcher les militants de l`opposition de voter lors des consultations générales à venir ou tout simplement pour museler cette opposition - "qui n`a ni territoire ni arme" selon vos propres termes - par l`intimidation en brandissant ces engins de mort dès qu`ils se sentiront contrariés par une opinion contraire ; même si cette opinion est vraie et juste ; mais ayant pour tare d`émaner de la majorité silencieuse. J`en veux pour preuve les 135 morts officiellement (plus de 500 selon des sources proches de la marche) lors de la marche pacifique de l`opposition en mars 2004 avec AMANI René comme Ministre de la défense et DOUE Mathias comme Chef d`Etat Major. Rassurez-nous ! Oui, rassurez-nous Monsieur le Président qu`en demandant cela à l`ONU, c`est véritablement pour notre sécurité et celle de nos biens, à travers un combat véritable à mener contre le grand banditisme, la criminalité et toutes les formes de violence contre les milieux d`affaires, dans nos quartiers d`habitation et dans nos domiciles.
C`est à ce seul prix que de nouveaux investisseurs accepteront de venir chez nous pour nous aider dans l`effort de reconstruction de l`après guerre. Le deuxième point clé de votre intervention se situe dans la partie proche de la conclusion de vos propos ; c`est-à-dire à l`étape du discours où l`auditeur prête le plus attention. Ce point porte sur la levée des sanctions individuelles contre des Ivoiriens qui n`ont de mérite que d`être des agents de destruction de notre économie ; ces agents qui, sous le manteau d`un "patriotisme" dont ils ont seuls le secret, ont nargué l`institution qui vous a reçu en clamant que la Côte d`Ivoire n`avait que faire des embargos qui, selon eux, ne sont pas des denrées consommables dont la privation la ferait disparaître de la planète.
Mais dites-nous. Monsieur le Président, en combien de catégories d`Ivoiriens nous classez-vous ?
Je me permets - avec tout le respect que je vous dois - de vous poser cette question parce que l`on comprend difficilement qu`au moment où: La paupérisation des populations a atteint un seuil catastrophique et intolérable ;
Le peuple éprouvant de plus en plus de difficultés pour se nourrir, se loger, se soigner pour scolariser ses enfants ;
L`école ivoirienne malade et notre jeunesse s`ennuyant dans son oisiveté non voulue ;
Le chômage ayant remplacé toutes les possibilités d`emplois.
D`où vient-il que pour vous, ne semblent compter seulement que la liberté de mouvement de certains individus et la levée de l`embargo sur des biens et fortunes mal acquis à travers des détournements massifs de nos richesses ?
Alors que ce sont deux choses qui peuvent être automatiquement et concomitamment acquises une fois que la paix que nous désirons tous et tant sera acquise ; une paix dont l`obtention repose essentiellement sur vous et votre Premier Ministre.
C`est par écoeurement que votre intervention n`a ému personne ; à commencer par vos frères et s?urs que nous sommes et ensuite par la communauté internationale qui vous a écouté d`une oreille plutôt distraite. Pour ma part, je pense humblement qu`une fois de plus, vous avez manqué votre ultime rendez-vous avec l`histoire de la Côte d`Ivoire.
Néanmoins, une dernière possibilité vous reste pour vous racheter ; celle du 31 octobre 2007. Car le constat est là implacable et incontournable :
Les accords issus du Dialogue Direct de OUAGA ne sont plus loin de sortir de leur cadre pour se réinscrire dans le hors délai.
Excellence Monsieur le Président, après le Dialogue Direct quelle est la nouvelle mouture que vous envisagez pour satisfaire tous les Ivoiriens avant les prochaines élections qui se veulent claires et transparentes.
Très respectueuse considération !

KOUASSI ALLOMO
OUFFOUE PAULIN
EX-DEPUTE DE BOUAFLE S/PREFECTURE BP 537 CIDEX 3 ABIDJAN
TEL : 21-27-50-17 / 21-27-19-43 / FAX : 21-27-45-34

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