mercredi 10 octobre 2007 par Le Patriote

Dans sa dernière livraison n°2439, l'hebdomadaire Jeune Afrique a publié une interview du Président Blaise Compaoré. Le facilitateur du dialogue ivoirien a été interrogé sur divers sujets. Nous publions un extrait de cet entretien fleuve relatif au dossier Côte d'Ivoire.

Q : Où en est le processus de paix en Côte d'Ivoire depuis la signature de l'Accord de Ouaga, le mars dernier ?
B.C. : Nous avons encore beaucoup à faire. Il faut, d'abord, plus de volonté de la part des parties. Ensuite, il reste quelques obstacles techniques à surmonter. Ainsi, notre programme prévoyait le début des audiences foraines pour le 22 Avril. Elles n'ont commencé que fin septembre

Q : Cela tranche avec l'optimisme exprimé par le chef de l'Etat ivoirien Laurent Gbagbo dans l'interview qu'il nous a accordée début septembre (voir J.A. n° 2436, 16-22 septembre) et dans laquelle il a déclaré que les élections pourraient se tenir en décembre 2007
B.C. : En tant que facilitateur, je me dois d'écouter toutes les parties. Mais la date des élections sera fixée par la Commission électorale indépendante.

Q. : Elle a récemment, quant à elle, évoqué l'échéance d'octobre 2008
B.C. : C'est plus raisonnable, vu l'état d'avancement de notre programme. Mais il n'est pas exclu que nous allions plus vite. A condition, encore une fois, d'y mettre plus de bonne volonté.

Q. : La réintégration des Forces nouvelles (FN) au sein de l'armée nationale et la conservation de leurs grades constituent un autre écueil. Où en est-on ?
B.C. : J'ai récemment reçu les différents chefs d'état-major concernés (Forces nouvelles, FANCI, ONUCI et Licorne, ndlr) et les commandants de zones. Nous poursuivons nos discussions et je formulerai des recommandations d'ici peu.

Q : Laurent Gbagbo a réitéré son opposition totale à la conservation des grades des FN. Qu'en pensez-vous ?
B.C. : Nous verrons.

Q : Vous avez été, toiur à tour, présenté comme le principal soutien de Laurent Gbagbo dans les années 1990, puis comme son pire ennemi depuis 2002. Quels sont vos rapports aujourd'hui ?
B.C. : Comme il vous l'a dit dans l'interview qu'il vous a accordée en faisant allusion au couple qui divorce et se remarie (rires). Plus sérieusement, aujourd'hui, nos relations se sont normalisées.

Q : Pourquoi alors cette brouille ?
B.C. : Je crois quand il est arrivé au pouvoir, en 2000, des personnes mal intentionnées lui ont affirmé que le Burkina avait d'autres choix politiques que lui en Côte d'Ivoire.

Q : C'est-à-dire ?
B.C. : En clair, que nous ne voulions pas de lui et que nous préférions Alassane Ouattara.

Q. : Et c'était faux ?
B. C. : Bien sûr. Nous sommes voisins. Le Burkina ne peut se déplacer vers le Tunisie ou la Zambie (sic). Nous n'avons aucun intérêt à provoquer une crise dans ce pays. Nous sommes condamnés à nous entendre avec les Ivoiriens, quels qu'ils soient. Cela dit, je n'ai jamais ressenti une très grave détérioration de nos relations personnelles. Et je persiste à croire que son entourage a beaucoup fait pour le persuader de notre animosité à son égard

Q : On vous a souvent présenté comme le mentor de Guillaume Soro. Pensez-vous qu'il a un avenir de président?
B.C. : Soro est un jeune frère. Nous nous connaissons bien, nous nous apprécions mutuellement et partageons souvent les mêmes vues. Quant à son avenir, il a suffisamment à faire avec sa mission actuelle avant de penser à ce qui pourra se passer dans cinq ou dix ans. D'ailleurs, qui aurai cru il y a dix ans qu'il serait un jour Premier ministre ?

(Source : J.A. n°2439)

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