mercredi 10 octobre 2007 par Le Patriote

Sa nomination à la tête du Bureau ivoirien du droit d'auteur n'a pas fait grand bruit. Elle est passée presque sous silence, contrairement à celle de ses prédécesseurs. Relayée par quelques brefs articles dans une poignée de publications. Sans plus. Même les artistes ont accueilli l'arrivée d'un nouvel Administrateur provisoire à la tête de leur structure avec beaucoup de réserves. Encore un autre ! , semblaient même rouspéter certains d'entre eux. D'autant, que l' entrant remplace un certain Etienne Sess, qui a été plus effacé qu'efficace. A dire vrai, quand Armand Obou est donc porté aux commandes du Burida,le 17 juin 2007, les sociétaires ne donnaient pas chère sa peau ou encore n'attendaient pas grand-chose de lui. Pourtant, quatre mois plus tard, le Burida a changé de visage, porté qu'il est par une vaste restructuration qui fait déjà son effet. Comme le disait Alpha Blondy récemment, la structure est redevenue crédible . La star saluait ainsi, ce qui n'est pas dans ses habitudes, les efforts entrepris par M. Obou Armand, pour redynamiser le Burida, longtemps exsangue voire endetté, comme le stipulait l'an dernier l'ex-ministre de la Culture et de la Francophonie, Mel Eg Théodore. Dès sa prise de fonction, celui, qu'on appelle affectueusement l'AP, dans les couloirs de l'institution du droit d'auteur enclenche un vaste programme de restructuration du Burida. Il commence par doter la structure un réseau informatique qui permet, au personnel, d'être permanemment en contact et lui offre, à travers une connexion web, une visibilité sur la toile mondiale. Cela permet également à ses collaborateurs de s'outiller à la gestion des droits d'auteurs, sans avoir à voyager. Ensuite, il met en place une méthode vraiment scientifique de perception des droits d'exécution publique en répartissant les collecteurs selon plusieurs zones. Bien plus, à partir d'un serveur, l'AP contrôle depuis son bureau, le versement des sommes prélevées sur le compte du Burida logé dans une banque de la place. Ce système de surveillance permet de pister les percepteurs, une fois les droits recueillis.

De l'audace pour des résultats probants
M. Obou ne s'arrête pas pour autant là. Il interpelle, via des courriers, toutes les sociétés qui exploitent le répertoire du Burida notamment les compagnies de téléphonie mobile sur la nécessité de s'acquitter des droits d'auteur. Objectif : étoffer l'assiette des recettes du Burida. L'AP a, par ailleurs, avec l'appui d'une institution bancaire, lancé ce qu'on appelle "la carte salaire". Une petite révolution qui a pour but essentiel de faciliter, aux sociétaires, le paiement de leurs droits d'auteurs. Finies donc les longues et harassantes attentes au Burida et surtout le cash flow qui peut aiguiser la tentation et être source de conflit. Désormais, pour avoir leur dû, les sociétaires devront se rendre sur la plate-forme web du burida où, à partir d'un login et d'un mot de passe, ils peuvent avoir accès à leur compte, histoire de se faire une idée de leur solde et éventuellement du montant qu'ils pourraient retirer. Puis, ils se rendent dans un des guichets de la BFA (banque pour le financement de l'agriculture), partenaire de l'opération, pour y faire leur retrait. Et fait intéressant, cette carte salaire, qui ne coûte que 11 000 f Cfa l'année, est assortie d'une assurance décès d'un million de FCFA et maladie de 500 000 fcfa. Cette innovation va permettre de mettre fin à toutes les tractations, toutes les humiliations qui avaient lieu ici , jubilait M. Obou lors du lancement de cette carte. Sa trouvaille est, elle, déjà applaudie par quelques sociétaires notamment Eba Aka Jérôme, Kouamé Adigri, David Tayorault, Alpha Blondy, Amédée Pierre Maintenant, le Burida est guéri , s'extasiait même ce dernier, il y a quelques jours. Soucieux de la survie des artistes, M. Obou a également engagé la bataille contre les pirates. Après avoir ouvert, c'est une première, une information judiciaire dans le cadre de la fraude sur les récents albums de Magic System et Soum Bill, et surtout entendu les acteurs de la chaîne de production de ces deux ?uvres, il a décidé avec l'appui de ses conseils de militer pour l'intensification de la lutte contre la piraterie. Cela va se traduire par un durcissement de la législation et une occupation du terrain. En attendant, il continue de chercher des topos pour rendre dynamique le Burida. Le dernier en date : les trophées Haut de gamme qui récompenseront, en décembre prochain, à l'instar des "Victoires de la musique" en France, les sociétaires qui se seront le plus distingués par la qualité de leur travail entre le 1er janvier 2000 et le 31 juillet 2007. Et comme si cela ne suffisait pas, il a ajoute à ces efforts, une dimension sociale et humaine : aide aux artistes malades (Gédéon par exemple) ou réconfort aux familles des sociétaires disparus (veuve d'Aspro Bernard). Toutefois, beaucoup reste encore à faire notamment l'instauration d'une couverture sociale pour les artistes, la mise en ?uvre de la loi sur la copie privée et surtout la reconnaissance des artistes interprètes que le Burida ignore encore aujourd'hui. Des défis énormes que l'AP devra absolument relever. Car, après avoir placé la barre si haut, il est condamné à réussir sa mission. Et il le sait.

Y. Sangaré

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