mercredi 10 octobre 2007 par Notre Voie

L'information émane d'une source diplomatique crédible. L'Ivoirien Paul-Antoine Bohoun Bouabré, actuel ministre d'Etat, ministre du Plan et du Développement, sera le prochain gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Il remplace à ce poste son concitoyen, Charles Konan Banny, qui a quitté ce poste en décembre 2005 pour être Premier ministre de la Côte d'Ivoire. C'est le 2 septembre dernier, au dire de notre source, que les sept autres pays membres de l'Union monétaire ouest-africaine (UEMOA), ont donné leur accord pour qu'un autre Ivoirien succède à Charles Konan Banny au gouvernorat de la BCEAO. Et ce sera chose faite, précise l'information, au prochain sommet des chefs d'Etat de l'UEMOA prévu en décembre à Ouagadougou.
Depuis la 11ème session ordinaire de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UEMOA tenue à Ouagadougou, le 20 janvier 2007, des pays membres de l'Union s'opposaient formellement à l'application de l'accord non écrit selon lequel le poste de gouverneur de la BCEAO revient à la Côte d'Ivoire. Ces pays, conduits par le Sénégal d'Abdoulaye Wade, fondaient leur opposition sur le fait que, soutiennent-ils, la gestion de Charles Konan Banny à la tête de la BCEAO a été scabreuse. En le disant, ils s'appuyaient sur les résultats de l'audit qu'ils ont exigé et obtenu sur la période Charles Konan Banny. Comme le souligne du reste le communiqué sanctionnant la réunion du 20 janvier 2007 : Analysant les conclusions du conseil des ministres relatives aux recommandations de l'audit institutionnel et organisationnel de la BCEAO, la conférence a adopté la réforme institutionnelle de l'UEMOA et de la BCEAO et instruit le conseil des ministres de l'Union et le gouverneur de la BCEAO (l'intérimaire burkinabè Damo Justin Barro, ndlr) de prendre les dispositions nécessaires pour sa mise en ?uvre diligente?, écrit le communiqué. C'est donc sur la base des instructions reçues des pays membres de l'UEMOA que la direction de la BCEAO a diligenté un audit qui, selon une source généralement bien informée, a révélé un déficit (trou) de 9 milliards de FCFA dans la gestion de Charles Konan Banny, du temps où il était gouverneur de la BCEAO.
Au plan de l'organisation structurelle de la Banque centrale dont le siège est à Dakar, l'audit a mis à nu, a-t-on appris au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UEMOA à Ouagadougou, des dysfonctionnements impardonnables et des errements graves. Il a fallu de la baraka au président de la République, Laurent Gbagbo, pour convaincre ses pairs à respecter la tradition qui veut que le gouverneur de l'institution financière ouest-africaine soit ivoirien. La tâche n'a pas été aisée parce que, outre la Côte d'Ivoire, le poste intéressait le Niger, le Burkina Faso et le Sénégal. Trois candidats étaient véritablement dans les starting-blocks : l'Ivoirien Paul-Antoine Bohoun Bouabré, le Nigérien Ali Badjo Gamatié, actuel vice-gouverneur de la BCEAO et le Burkinabè, Damo Justin Barro, qui assure l'intérim de Banny depuis le 27 décembre 2005. Charles Konan Banny qui espérait retrouver son poste de gouverneur de la BCEAO lorsqu'il ne serait plus Premier ministre de Côte d'Ivoire a été désillusionné de constater que son retour à la tête de la Banque centrale ouest-africaine n'était plus souhaité par de nombreux pays membres.
C'est, soutient notre source, ayant su que le retour de leur patron n'était plus possible que de hauts cadres de la BCEAO ont annoncé, par le biais de leurs chefs d'Etat respectifs, leur candidature. Quand il l'a appris, le Premier ministre ivoirien d'alors s'est fâché et a fait le tour des capitales des pays de l'UEMOA pour rappeler aux uns et aux autres les clauses du pacte secret qu'il a passé avec eux. Il a même confié à un confrère sénégalais qu'il s'était senti trahi par ceux qui l'ont envoyé en mission dans la galère ivoirienne. Le président Laurent Gbagbo, quant à lui, avait déjà trouvé une solution de rechange face au dilemme Banny. Il s'agit de Paul-Antoine Bohoun Bouabré, Professeur d'Economie, ministre de l'Economie et des Finances puis ministre d'Etat, ministre du Plan et du Développement, l'un des artisans de la confiance que les institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et FMI) font à la Côte d'Ivoire mais aussi de la solidité économique du pays en dépit de la crise qui perdure.

Didier Depry
didierdepri@yahoo.fr

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