mercredi 10 octobre 2007 par Fraternité Matin

Ils tombent tous des nues, lorsqu'ils apprennent la nouvelle. Un collectif, victime de vol de motos a porté plainte le 18 septembre dernier au Tribunal de Toumodi. Contre le Lieutenant Gonovou. Responsable de la brigade criminelle à la préfecture de police de Yamoussoukro. Et pour cause, l'une des motos volées a été retrouvée un mois après, dans des affaires appartenant à l'officier incriminé. Des bagages que convoyait nuitamment hors de la ville, une camionnette de type KIA, sur ordre du Lieutenant. Serait-il accusé à tort, ou réellement impliqué ? En tout cas, la suite pourra nous situer. Mais pour l'instant, le collectif des victimes, composé en général d'enseignants, a décidé de saisir la justice. Sous la plainte n° 1218 du 18 septembre 2007 et portant le cachet du substitut du procureur. Vu, expliquent les plaignants, la passivité qu'affichent les autorités policières dans cette affaire. Qui, ont poursuivi les enseignants, risque de créer un soulèvement populaire. Surtout dans le milieu scolaire, où des grèves sont en vue. Si la procédure n'aboutit pas, préviennent ces enseignants. Résidents pour la plupart, dans l'enceinte du lycée scientifique. Nous allons arrêter les cours, si rien n'est fait pour assurer notre sécurité. Parce que nous ne pouvons accepter que ceux à qui est confiée notre sécurité soient eux-mêmes nos propres bourreaux?, a indiqué l'une des victimes. Car pour ces dernières, l'officier serait le complice ou le cerveau d'une bande spécialisée dans le vol de motos et d'attaques de domiciles. De quoi s'agit-il?
De fait, tout serait parti de vols simultanés de 3 motos, dans la nuit du 7 au 8 août dernier, au lycée scientifique. Ce sont des engins de type P50 châssis n° 9171054, MBK Club châssis 5457779 et Djakarta (Yamaha) châssis IPM CH DJ 56190911. Appartenant respectivement à MM. Doumbia Brahima, Djéouli Jean et Djézou Eugène. Les infortunés portent plainte contre X au commissariat du 1er arrondissement. Un dossier confié au Lt Bony Boka Arsène. Un mois après, précisément dans la nuit du 13 septembre dernier à 21 heures, l'une des victimes, en la personne de Djéouli Jean à qui appartient la moto de type MBK Club, reçoit un coup de fil anonyme. L'informateur lui apprend que sa moto est camouflée dans une camionnette Kia. Ce véhicule qui converge vers la mairie, poursuit l'informateur, sortira très bientôt de la ville. Il faut que celui-ci se dépêche, pour mettre la main sur la voiture suspecte. Signalons pour la circonstance que les victimes avaient proposé dans une annonce, une récompense de 100.000 F CFA à quiconque les aiderait à retrouver leurs engins. L'informateur qui sûrement suivait les suspects décrit l'itinéraire du véhicule à la victime, jusqu'à la station Total, sise au quartier Energie. Où le véhicule devrait se ravitailler en carburant. C'est à cet instant précis que M. Djéouli Jean accoste le chauffeur. Celui-ci transporte des chaises couvertes d'un plastique noir, sous lesquelles sont dissimulées des motos. La victime qui demande à voir le contenu du chargement, se heurte au refus du conducteur. Qui de sa poche, brandit un laissez-passer signé du Lt Gonovou. L'infortuné qui ne se laisse pas intimider, saute dans la camionnette et déchire le plastique noir qui couvre le chargement. Quelle ne fut sa surprise ! Sa moto est bel et bien cachée en dessous. Il s'en suit alors une bagarre entre les convoyeurs et l'enseignant. Les badauds accourent et tentent de calmer les esprits. Profitant de cette accalmie, l'apprenti appelle alors le propriétaire du chargement. Qui n'est autre que le Lt Gonovou. Celui-ci arrive en moins d'une dizaine de minutes sur les lieux. Avec son arme au point, explique la victime, il essaie de le menacer. La dispute se poursuit. Le Lt Bony chargé du dossier en question arrive sur les lieux. Après un bref entretien en aparté avec le Lt Gonovou, les flics décident que la camionnette soit conduite à la préfecture de police. Plutôt que de stationner à la lumière, poursuit notre interlocuteur, le Lt Gonovou, propriétaire du chargement, choisit l'obscurité. Là, ils déchargent la moto de M. Djéouli, puis, rendez-vous lui est donné pour le lendemain pour vérifications. Pendant ce temps, le KIA disparaît de la circulation avec le reste de son chargement. Après moult tractations, la victime et le collectif qui s'est formé autour de lui se retrouvent finalement au commissariat du 1er arrondissement. Déjà, le numéro du châssis visible avait changé. Mais connaissant très bien son engin, Djéouli va confondre avec les documents dont il dispose, les policiers qui demeuraient sceptiques sur la véracité des faits évoqués par lui. C'est que les faussaires ont été trahis par le même numéro caché à deux autres endroits différents. Constatant que la moto appartenait réellement à la victime, celle-ci lui est remise sans autre forme de procès.
Cependant, dans une pétition que le collectif des victimes de vols de motos ont transmise au Préfet de Région, au Préfet de police, au Maire et au Gouverneur du District de Yamoussoukro, ils relèvent plusieurs zones d'ombre qui accablent l'officier de police. A savoir, où allait le véhicule nuitamment, avec un tel chargement et de surcroît avec un laissez-passer? Pourquoi le refus de se rendre au 1er arrondissement situé à une trentaine de mètres de la station Total pour vérifications? Pourquoi le chauffeur du KIA n'a-t-il pas été interpellé? Et pis, celui-ci a été autorisé à poursuivre sa route, après extraction de la moto de M. Djéouli? Pourquoi la moto a-t-elle été remise sans explications à son vrai propriétaire? De plus, les victimes dans leur note, s'étonnent qu'il n'y ait pas eu d'investigations policières pouvant permettre le démantèlement de ce réseau de vol organisé.Cette nouvelle qui parcourt la ville comme une traînée de poussière suscite des grincements de dents au sein du corps enseignant. Qui, notons-le, menace de débrayer, si des mesures idoines ne sont pas prises à l'encontre de l'officier. Celui-ci peut se retourner contre nous pour nous faire du mal , s'est inquiété M. Djéouli.
Signalons que les victimes qui ont signé la pétition sont au nombre de 17 et habitent tous le lycée scientifique. Leurs motos ont été volées dans des conditions similaires que celle de M. Djéouli Jean. Ils estiment que le responsable de ces vols est bien le Lt Gonovou. Qui, à leurs yeux, a eu un comportement suspect dans cette affaire. Les victimes ont été reçues par le Préfet de Région et celui de la police. Le dernier s'est proposé de s'impliquer davantage pour que toutes les motos puissent être retrouvées. Les victimes lui ont remis à cet effet, mercredi dernier, les numéros de ces différentes motos.
Aux dernières nouvelles, l'officier mis en cause a été arrêté et conduit à l'école de police, à Abidjan.

Koffi Kouamé
Correspondant Régional

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