mercredi 10 octobre 2007 par Fraternité Matin

Le ressac de la mer rebondissant sur la berge longeant le cimetière de Grand-Bassam, route d'Azurrety, faisait revenir à l'esprit que les grands esprits ne meurent jamais. Oui, Bernard Ahua Coffie, a été certes inhumé hier dans la ville de ses ancêtres, mais il demeurera vivant éternellement. Aussi bien pour ses proches, les profanes lecteurs que pour ses plus intimes et pour les Fils de Dieu, Bernard, le fils, le frère, le père, l'ami, le confrère, le collègue, le musicien, sera toujours vivant. Ces paroles sont certes miennes mais elles traduisent sans équivoque, les sentiments enfouis, souvent relâchés mais jamais enfouis de Bernard Ahua. Car même s'il appartenait à sa famille biologique, ethnique, culturelle, il appartenait surtout au patrimoine ivoirien. Ivoirien, devrait-on dire. A juste titre, de la cérémonie de la levée du corps à Ivosep à Treichville, qu'il a bien côtoyé dans ses élucubrations culturelles, à Bassam, en passant par l'Eglise Notre-Dame d'Afrique, les trois homélies prononcées en ces lieux pieux, n'ont eu que pour déterminateur commun : la valeur du respect. Du Livre de la Sagesse, des Psaumes 23 et 8, l'assemblée n'a retenu, espérons-le, que la valeur et la vertu de la miséricorde. Un seul verset de l'officiant en témoignerait : Dieu a tant aimé son fils Bernard qu'il l'a délivré de sa souffrance. Parents, soeurs, frères, amis et compagnons le savent, Bernard était malade depuis des années ; mais il était demeuré digne dans la souffrance. Il a même eu le réflexe, professionnel, de rebondir à Ivoire Dimanche en phase de résurrection. Sans compter avec ses écrits, d'anthologie, qu'il a eu à consacrer, plus de 20 ans au Groupe Fraternité Matin. Même de sa retraite anticipée parisienne, Bernard Ahua a montré qu'il était immortel. Pas irremplaçable. Immortel en son genre. Ses pairs du métier, actuels comme passés et même virtuels en sont témoins. Bref, De Jean-Baptiste Akrou à Dona- Fologo, en passant par Auguste Miremont, Michel Kouamé, Honorat Dé Yédagne, Lébry Léon Francis et les autres, sa maison, Fraternité Matin, a tenu à lui témoigner la reconnaissance d'une plume de poids. Bien sûr, tous les autres confrères, des artistes, des intellectuels dont ses amis Alfred Dan Moussa, Zio Moussa, Frédéric Grah Mel, Tiburce Koffi, sont venus dire à Bernard qu'à eux n'appartient le Jugement. Si jugement il devrait y avoir, Dieu, Seul, devrait y sacrifier. C'est donc dans un ch?ur fervent, où le c?ur dicte sa raison aux émotions, que tous les porte-voix de Bernard ont porté hors de leur gosier, ce cantique : Confions à Dieu Bernard comme une offrande qui vient de nous Que Dieu l'accueille.
Ce cantique, couplé aux photographies du défunt, en plus des partitions de Gospel, traduisez en français: Evangile, ont fini par montrer et démontrer que Bernard Ahua a su joindre le profane au sacré, l'utilitaire à l'éthique sans jamais choquer. L'artiste Noël Dourey, qui chantait si bien Monique Coffie, la mère de Bernard, ne pensant pas si bien dire en disant qu'on ne met au monde que des enfants qu'on mérite. Gervais Coffie, le père, de sa tombe voisine à Bernard, doit sûrement lui chuchoter : Je suis fier de toi. Symphonie inachevée pour les uns, rideau tiré pour les autres, le destin est joué pour Bernard Ahua au lendemain de la Nuit du Destin. Mais retenons tous, dans l'espérance de la résurrection que Coffie Ahua Bernard a mené le bon combat, celui de la libération de l'esprit.

Rémi Coulibaly

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